Résumé
Ce mémoire traite des déterminants d'une
gestion durable des ressources forestières dans les villages riverains
du Parc National Kaboré Tambi (PNKT). L'objectif global de
l'étude est de prédire la volonté des ménages
riverains à s'engager dans la conservation du parc. Des données
collectées auprès de 160 ménages dans quatre villages
riverains ont permis de tester les hypothèses d'engagement des
populations.
Le modèle logit a été utilisé
pour prédire la volonté des riverains à s'engager dans la
plantation individuelle d'arbres, dans l'investissement pour l'acquisition des
techniques CES/DRS, dans la délimitation et la surveillance du parc.
Les taux d'engagement sont globalement faibles. On note
37,50% de participation à la surveillance, 30% de participation à
la délimitation du parc, 28,75% de plantation d'au moins un (1) arbre et
18,75% d'investissement positif pour l'adoption des techniques CES/DRS.
Le nombre de formations reçues, le crédit, le
nombre d'hommes actifs du ménage, le niveau d'instruction du chef de
ménage, l'âge, le sexe, l'activité secondaire, le fait
d'être membre d'un GGF, la superficie totale des champs du ménage
et la distance qui sépare la concession du ménage au parc sont
les déterminants de l'engagement des riverains dans la conservation de
la forêt.
Mots clés : déterminants, modèle
logit, gestion durable.
Abstract
This study focus on determinants of sustainable forest
management in the surrounding villages of the National Park of Kaboré
Tambi (PNKT). The global objective is to predict farmer's willingness to engage
in the conservation of the PNKT. Data from 160 households in four surrounding
villages of the park are used to evaluate theoretical propositions.
Logistic regression is used to predict willingness to engage
in individual trees plantation, investment in new technologies, monitoring and
delimitation of the park.
The results show that few households are engaged in
conservation practices. About 37.50% of households are engaged in the
monitoring of the park; 30% of households are involved in the delimitation of
the park; 28.5% of them planted trees this year and 18.5% had a positive
investment in new technologies. Determinants of surrounding populations
willingness to engage in conservation of the park are the number of training
received, the credit, the number of households working, the membership of
forest management organization, the education level, the age, the sex, the
secondary activity, the farm size, the households size and the distance between
the household location and the park.
Keywords : determinants, logit modèl, sustainable
management.
INTRODUCTION
La lutte contre la dégradation de l'environnement
constitue une préoccupation pour la communauté nationale et
internationale. Du sommet de Stockholm en 1972 à celui de Johannesburg
en 2002 en passant par celui de Rio en 1992, la dégradation de
l'environnement était au centre des préoccupations. Il fallait
définir des actions et politiques à mettre en place pour
maîtriser ce problème. C'est à ces grands sommets mondiaux
que sont fixées les grandes lignes d'action de gestion de la
planète, des forêts et de responsabilisation des nations à
la gestion de l'environnement. Cette lutte trouve ses fondements dans le lien
qui existerait entre le développement durable et l'environnement. Le
concept de développement durable a été confirmé en
1992 à la Conférence des Nations Unies pour l'environnement et le
développement (CNUED).
Selon l'UICN (1996), il existe des liens étroits entre
production agricole, démographie et protection de l'environnement. Pour
la Banque mondiale (1993), il existe des convergences importantes entre une
bonne croissance économique et un environnement sain et durable. Lazarev
(1993) cité par Ngninguiri (1999) affirme qu'il n'y a pas de
développement durable si celui-ci se fait au détriment de notre
environnement. Plusieurs mesures ont donc été prises pour
protéger l'environnement et les forêts en particulier.
Au Burkina Faso particulièrement, le gouvernement a eu
à entreprendre depuis plusieurs décennies des mesures pour
réduire les pertes continues de ses superficies boisées qui
seraient passées de 15,42 millions en 1980 à 15,18 millions en
1983 et à 14,16 millions en 1992 (MECV, 2004). Ces mesures sont entre
autres le classement et la protection de certains espaces du patrimoine
forestier. Le domaine classé du Burkina couvre une superficie de 3815000
ha soit 14% du territoire national (MECV, 2004). Les zones
protégées couvrent environ 25% du territoire national (Yelkouni,
2004).
Malgré ces mesures prises, le pays est encore
confronté à une déforestation continue de ses zones
protégées et classées. Les formes typiques de
déforestation sont les défrichements pour la production agricole,
les feux de brousse, le braconnage, et la pêche. En 1993, les champs de
coton occupaient 18,62% de la forêt classée de Maro soit 10000 ha
(UICN, 2004). Celle de Gonsé est en proie aux coupes frauduleuses de
bois, de pâturage incontrôlé et des feux de brousse
(Guissou, 2004). Le Parc National de Pô subit une exploitation
illégale malgré l'interdiction officielle (Gbangou, 2005).
Ces différents constats ont conduit à cette
étude qui utilise des méthodes quantitatives aussi bien au niveau
des ménages que de la communauté locale pour tester les
hypothèses des déterminants de l'engagement des populations
riveraines dans un programme de conservation du Parc National de Pô. Les
actions de protection et de conservation de l'environnement introduites ou
existantes dans les villages riverains de ce parc sont : les foyers
améliorés, les plantations d'arbres, la
Régénération naturelle assistée (RNA),
l'élevage intensif, les cordons pierreux, et le compostage (PNGT2, 2003,
2004). A ces actions, on ajoute celles concernant directement la
forêt que sont la surveillance et la délimitation du parc,
la plantation privée d'arbres. Les plantations privées d'arbres
permettent de satisfaire les besoins énergétiques par exemple
sans avoir recours à la forêt. L'application de toutes ces actions
n'est pas encore une réalité dans les villages riverains du parc.
Les plantations d'arbres sont encore timides. L'adoption des foyers
améliorés n'est pas encore effective dans de nombreux
ménages et le programme nécessite encore de nombreux suivis
(Besse et al. 1996).
L'objectif global de cette étude est
d'étudier la prédisposition des ménages riverains du Parc
national Kaboré Tambi à s'engager dans un programme de
conservation des ressources forestières.
Les objectifs spécifiques sont :
Evaluer le niveau de connaissance des
règles de gestion de la forêt dans les villages riverains;
Comparer l'engagement des populations
riveraines de plusieurs villages dans la conservation du parc ;
Identifier les déterminants de
l'engagement des ménages dans la conservation du parc.
Ces objectifs spécifiques sont fondés sur les
hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 : Les populations
riveraines ignorent certaines règles de gestion de la
forêt ;
Hypothèse 2 : Les populations
riveraines s'engagent différemment dans la conservation du
parc ;
Hypothèse 3 : Les
caractéristiques socio-économiques des ménages et de la
communauté sont les déterminants probables de l'engagement des
riverains dans la conservation de la forêt.
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