CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
L'objectif du présent sujet d'étude était
de prédire la volonté des ménages riverains du Parc
National Kaboré Tambi à s'engager dans sa conservation. Une
enquête réalisée auprès de 160 ménages
riverains a permis de constituer une base de données utilisée
dans la recherche. L'étude a permis d'identifier 10 variables
susceptibles d'influencer la probabilité d'engagement des riverains. On
rappelle que l'engagement est mesuré par quatre critères que sont
la plantation individuelle d'arbres, l'investissement pour l'adoption des
techniques CES/DRS, la participation à la délimitation et
à la surveillance du parc.
Spécifiquement, le nombre de formations reçues,
le fait d'être membre d'un groupement de gestion forestière et le
niveau d'alphabétisation influencent positivement la probabilité
de participation des ménages à la surveillance du parc. Par
contre, la distance influence négativement cette probabilité.
Les variables sexe (homme), militant, nombre de formations
reçues, distance et instruction ont un impact positif sur la
participation des ménages à la délimitation du parc. On ne
note aucune variable qui influencerait négativement cette
participation.
Les variables nombre de formations reçues,
activité secondaire et superficie totale des champs ont un effet positif
sur la plantation privée d'arbres. La variable distance a, au contraire,
un impact négatif sur la plantation privée d'arbres.
Les variables distance et superficie totale des champs
influencent positivement la probabilité d'investir dans les techniques
CES/DRS. A contrario, les variables âge et nombre d'hommes actifs dans le
ménage influencent négativement la probabilité d'investir
dans les techniques CRS/DRS. La probabilité d'investir dans les
techniques CES/DRS est indépendante du prêt reçu
(crédit).
En somme, ces résultats permettent de confirmer la
troisième hypothèse de l'étude. Les déterminants
probables de l'engagement sont donc : le nombre de formations
reçues, le crédit, le nombre d'hommes actifs du ménage, le
niveau d'instruction du chef de ménage, l'âge, le sexe,
l'activité secondaire, le fait d'être membre d'un GGF, la
superficie totale des champs du ménage et la distance qui sépare
la concession du ménage au parc.
Par ailleurs, les analyses statistiques permettent aussi de
confirmer la première et la deuxième hypothèse de
recherche. Les taux de connaissance des règles de gestion du parc sont
globalement faibles. L'engagement des populations riveraines varie selon les
villages d'étude.
Quoique les résultats semblent tangibles, il faudrait
toutefois rester prudent quant à leurs exploitations. La
méthodologie peut renfermer des biais pouvant affecter les
résultats. Point et Desaigues (1993) distinguent trois types de
biais : les biais liés à l'échantillon, au
système de questionnaire et au comportement de l'individu. Pour cette
étude, on peut ajouter les biais pouvant résulter de
l'interprétation lors de la collecte des données et ceux
liés à la zone d'étude qui est une zone à forte
migration.
En dépit de ce constat, les résultats obtenus
permettent de faire quelques recommandations pour une bonne gestion du
parc :
Pour une bonne participation des riverains à la
surveillance du parc
Ø Impliquer davantage les populations riveraines dans
la conservation du parc.
L'implication des populations peut se faire par un transfert
total des pouvoirs de décision aux autorités villageoises (chef
de terre, chef de village, groupement de gestion forestière,...) tout en
ayant un droit de regard pour le respect du cahier des charges ;
Ø Renforcer la formation des riverains. Cette variable
a un impact positif sur la
gestion du parc. Des séances de formation ou de
sensibilisation pourront être organisées
régulièrement. Les sensibilisations par les ondes radios
permettent de sensibiliser un grand nombre de personnes. Il est probable que le
contact avec les animateurs ait un impact important sur l'engagement des
populations dans la surveillance du parc. La construction des centres de
formation serait donc un atout.
Pour une bonne participation des populations
riveraines au renforcement des limites du parc
#172; Encourager le militantisme des populations locales dans
les groupements de
gestion forestière. On pourra mener des campagnes de
mobilisation des populations locales à travers des séances de
vidéo débats ;
#172; Impliquer tant que possible tous les villages riverains
à la délimitation du parc. Les
villages qui ne participeront pas à la
délimitation peuvent ne pas se sentir concerner par la reconnaissance
des limites du parc ;
#172; Mettre en place les Commissions inter-villageoises de
gestion de terroirs.
Pour les plantations privées
d'arbres
· Sensibiliser les riverains. On cherchera à
convaincre les riverains que si des
mesures alternatives ne sont pas trouvées pour
maîtriser les pressions sur le parc, il disparaîtra un jour et que
le plus grand perdant serait d'abord les riverains ;
· Soutenir et encourager les pépinières
dans les villages riverains.
Pour l'investissement dans les techniques
CES/DRS
§ Expliquer davantage les avantages des techniques
CES/DRS aux populations
Riveraines ;
§ Amener les producteurs à investir dans les
techniques CES/DRS en accordant par
exemple des primes à ceux qui se montreront volontaires
à les appliquer convenablement. L'analyse économétrique
montre que l'octroi de crédit n'a pas d'effet sur l'investissement.
En définitive, on peut noter que la gestion durable du
parc n'est pas un simple jeu de mots mais un véritable enjeu entre les
décideurs et les populations riveraines qui peuvent avoir des
compréhensions parfois divergentes. Pour les uns, à quoi
servirait le parc s'il n'est pas en mesure de satisfaire leurs besoins
vitaux ? et pour les autres, quel avenir pour la forêt si son
rôle de pourvoyeuse de ressources doit entraîner sa
disparition ? Voici en substance en quoi est confronté le PNKT
aujourd'hui. Une solution possible pour concilier les deux positions est
d'aboutir à une exploitation rationnelle des ressources
forestières.
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