II- Une
nécessité : changer la pratique pédagogique
Il
faut commencer par dire que l'école n'est pas vraiment
étrangère aux compétences. L'école
élémentaire, la formation professionnelle, certaines disciplines
développent des compétences. Beaucoup sont centrées sur
des faire : l'éducation physique, l'éducation artistique,
une part des pédagogies de la langue maternelle ou des langues
étrangères. Donc, ce n'est pas une invention de toute
pièce. Il s'agit de renforcer les compétences, notamment dans les
champs où les connaissances disciplinaires ont pris toute la place et en
laissent donc très peu à leur mise en oeuvre. Ce n'est pas une
rupture, ce n'est pas une révolution, c'est une évolution.
« Il reste que, dans
certains domaines et à certains degrés d'enseignement, notamment
à la fin du primaire et dans le secondaire général, ce
choix va effectivement impliquer un net infléchissement des pratiques
d'enseignement apprentissage. Cela ne se fera pas en un jour. Les
réformes en cours constitueront " une première
approximation ", il en faudra deux ou trois autres, peut-être, pour
que des générations successives d'enseignants et de responsables
scolaires aillent au bout de la logique des compétences. Le pire serait,
selon la formule de Daniel Hamelin, d'en revenir sans y être jamais
allé. Ce n'est pas un scénario absurde, tant l'école
est familière des mouvements de balancier et s'effraie de ce qu'elle a
décidé avant d'en voir les effets réels...2 »
1- Mercier A.( la biographie didactique d'un
élève et les contraintes temporelles de l'enseignement, Recherche
en didactique des mathématiques,15 .1.
2- VERRET, M.(1980/1991) Le temps des études, (
thèse d'état) . Paris : Librairie Honoré Champion.
Nous commençons par
partager les raisons de cette orientation. Aussi longtemps qu'il n'est pas
convaincu que c'est une bonne idée, aucun être sensé ne
bouge. Beaucoup d'enseignants abordent de telles réformes en pensant
qu'elles préparent une baisse de niveau, qu'elles sacrifient le savoir,
qu'elles tournent le dos à la culture ou sont des inventions de quelques
technocrates en mal d'influence. Ces représentations sont autant de
raisons de ne pas entrer en matière. Il y a donc, dans la
stratégie de changement, à se préoccuper de
l'adhésion de principe, qu'il faut travailler comme telle, en prenant le
temps nécessaire. Souvent, les enseignants ne comprennent qu'une
nouvelle réforme se prépare que lorsqu'elle est annoncée
publiquement et même alors, ils n'en perçoivent pas toujours les
raisons, faute d'une transparence suffisante des politiques de
l'éducation.
Ensuite, il faut que les
enseignants et les cadres prennent conscience de ce que cela va impliquer pour
eux, en pratique et puissent exprimer ouvertement leurs doutes, leurs
résistances, sans quoi on ne pourra, en formation par exemple,
travailler sur le fait qu'ils ne savent pas, ne veulent pas ou n'aiment pas ce
qu'ils imaginent devoir faire en vertu de la réforme.
Derrière les doutes et les
résistances, parmi d'autres facteurs, il y a le rapport des enseignants
au savoir et à l'apprentissage. Nous ne pouvons aller dans le sens des
compétences, sans travailler sur des situations complexes. Le professeur
est invité à perdre un peu de son aisance à exposer des
connaissances, pour s'aventurer dans un domaine où il devient plus
formateur qu'enseignant, plus organisateur de situations que dispensateur de
savoirs. Cette perspective peut effrayer, parce que tous les enseignants n'ont
pas immédiatement les moyens de former à des compétences,
à supposer qu'ils le souhaitent. Le modèle de l'apprentissage
constructiviste et interactionniste n'est pas compris et accepté par
tout le monde. Il peut être refusé au moins autant en raison de
ses implications pratiques que d'une objection à ses fondements
théoriques...
.
En conclusion, nous pouvons alors
dégager trois éléments significatifs :
*Une compétence comprend un ensemble de
comportements socio affectifs ainsi que d'habiletés cognitives ou
d'habiletés psycho-sensori-motrices» : une compétence fait
appel à des types de connaissances reliées à la fois aux
domaines cognitif, psychomoteur et socio affectif; dans d'autres
définitions, l'appellation de ces domaines pourra varier (savoir,
savoir-faire, savoir être; connaissances, habiletés, attitudes;
Une compétence est
multidimensionnelle.
*permettant d'exercer une fonction, une
activité ou une tâche» : une compétence est un
état interne de la personne, un potentiel lié à une action
et non l'action elle-même qui est la performance (l'élément
observable et mesurable d'une compétence.
Une compétence est une potentialité
d'action.
*à un degré de
performance correspondant aux exigences minimales du marché du
travail» : une performance est définie par rapport à un
seuil connu, ici les exigences minimales du marché du travail. On
pourrait élever le seuil et exiger que la performance relève de
l'adresse ou même de l'excellence.
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