Mais le pouvoir
réfractif du cristallin augmente en même temps, du fait de
l'augmentation de son indice globale de réfraction; ce changement
résulte d'un glissement centripète des fibres cristalliniennes,
principalement de celles du cortex antérieur, plus réfringentes;
l'équateur du cristallin se trouve alors dans une position plus
antérieure que celui de son noyau. L'augmentation de l'indice de
réfraction s'ajoute à l'effet, déjà
mentionné, de la transaction antérieure du centre optique du
cristallin, due à l'allongement vers l'avant du diamètre
antéropostérieur de celui-ci. Ces changements internes au
cristallin sont désignés par le terme «accommodation
interne» [figure6]. L'accommodation interne représente le tiers
environ de l'accommodation totale.
Figure6: L'accommodation
interne: le glissement des fibres cristalliniennes au cours de l'accommodation.
La désaccommodation
se fait par le relâchement du muscle ciliaire, le recul de celui-ci sous
l'effet de la tension élastique de son attache postérieure,
c'est-à-dire la membrane élastique, la mise sous tension des
fibres zonulaires, l'aplatissement et le recul du cristallin et le glissement
vers la périphérie des fibres cristalliniennes.
L'accommodation est
rapide, sa vitesse atteint dès l'enfance 4,6 ä / s. Elle est
précise et peut être maintenue de façon prolongée.
Son temps de latence est très court, de l'ordre de 0,36 s,
indépendamment de l'amplitude requise, il est supérieur pour
l'accommodation (0,64 s en cas de mouvement isolé) par rapport à
la désaccommodation (0,56 s), lui-même supérieur à
celui des mouvements oculaires (0 ,12 s). L'accommodation se fait avec
une très grande précision dans les conditions optimales de
luminosité et de contraste. Mais sa précision diminue et le temps
de latence augmente lorsque la luminosité ambiante et le contraste
lumineux diminuent, à l'extrême, l'ajustement accommodatif devient
incertain et peut nécessiter plus de 10 s, c'est pourquoi on parle aussi
de presbytie nocturne. [Figure7].
Figure7: l'accommodation
et la désacommodation (en ordonnée) en fonction de la
luminosité (en abscisse) (d'après Lachenmayr).
1.5.3 Effort
accommodatif:
Il convient de distinguer
l'effort accommodatif effectué du gain accommodatif obtenu, même
si les valeurs sont habituellement très proches, mais l'écart
augmente avec l'importance de l'amétropie.
L'effort accommodatif
nécessaire pour fixer un objet est fonction de la distance de cet objet
et de la valeur de l'amétropie lorsque celle-ci est corrigée par
des verres de lunettes; la variation est significative en cas
d'amétropie marquée. En effet, le système optique
constitué par un oeil hypermétrope et la correction de
l'hypermétropie par une lentille placée à distance devant
l'oeil constitue une lunette de Galilée, celle-ci rapproche en apparence
l'objet fixé (or c'est l'image de l'objet fixé et non cet objet
lui-même que l'on voit en réalité à travers le verre
correcteur). De ce fait, l'oeil hypermétrope devra accommoder un peu
plus que l'oeil emmétrope. Inversement, la correction de la myopie par
un verre de lunettes constitue une lunette de Galilée inversée
qui éloigne l'image de l'objet fixé. De ce fait, l'oeil myope
devra accommoder un peu moins que l'oeil emmétrope. La
différence est négligeable pour les amétropies faibles ou
modérées, surtout en cas d'isométropie. En revanche, il
faut en tenir compte en cas d'amétropie forte, surtout si elle est
unilatérale, pour la prescription de l'addition pour le près.
Cette différence n'apparaît pas si l'amétropie est
corrigée par des lentilles de contact.
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