Cadre de l'étude et résolution de la
problématique
Il s'agit pour nous de présenter la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale et de montrer le mode de fonctionnement de la
Direction du Recouvrement.
Section I : du cadre de l'étude aux
observations de stage
Paragraphe I : présentation
générale de la Caisse Nationale de Sécurité
Sociale
A- historique de la Caisse
La notion de sécurité sociale qui paraît
aujourd'hui familière n'est pas née en un jour. Elle s'est
construite sur l'expérience, elle est le résultat d'une
maturation historique. Au Bénin la sécurité sociale
s'est faite comme tout phénomène social qui, très souvent
est le résultat d'une lente évolution.
La sécurité sociale existait au Bénin
depuis le 26 Janvier 1956. L'institution chargée de la gérer
était autrefois dénommée Caisse de Compensation des
Prestations Familiales (CCPF). Elle est créée par
l'arrêté n° 225 ITLS/D du 26 janvier 1956. A cette
époque les prestations familiales comportaient la couverture de deux
risques :
- les charges de famille;
- la maternité.
Le financement de ce système est entièrement
à la charge des employeurs. Le montant des allocations familiales
étaient de 350 f CFA en 1956, 500 f CFA en 1958, 700 f CFA en 1960,
1.000 FCFA en 1972, 1.500 en 1995 et 2000 depuis 2004. Refixées le 26
novembre 1960 par le décret n° 337 du 26 novembre 1960 ces
prestations autrefois limitées aux enfants des salariés en
activité, seront étendues en juin 1979 aux enfants du
salarié retraité.
Au lendemain de l'institution d'un système de
réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles par
l'ordonnance n° 10 PCM du 21 mars 1959 la caisse prendra une autre
dénomination. Elle est devenue Caisse de Compensation des Prestations
Familiales et Accidents du Travail (CCPFAT).
Le 27 mars 1958, l'Institut de Prévoyance et de
Retraite de l'Afrique Occidentale (IPRAO) fut créée.
Mais avec l'accession des nouveaux Etats à
l'indépendance, le système inter étatique mis en place en
1958, n'était plus adapté aux réalités internes de
ces Etats. Un régime national d'assurance vieillesse
d'invalidité et décès fut crée avec l'ordonnance
n° 70-17 du 25 mars 1970. Plus tard la Caisse de Compensation des
Prestations Familiales et Accidents du Travail (CCPFAT) prit la
dénomination de Caisse Dahoméenne de Sécurité
Sociale (CDSS).
Mais elle sera scindée en deux institutions
différentes par l'ordonnance n° 71- 10 du 19 mars. Ces institutions
sont :
- la Caisse Nationale de Sécurité Sociale
chargée des branches des pensions et des risques
professionnels ;
- et la Caisse d'Allocations Familiales chargée de la
branche des prestations familiales.
Mais il faut attendre l'ordonnance n°73- 3 du 17 janvier
1973 pour assister à l'unification des institutions.
Le 26 Janvier 1976 la CDSS prendra le nom de Office
Béninois de Sécurité Sociale et le 21 Mars 2003, la loi
n°98-019 du 21 Mars 2003, portant code de sécurité sociale
en République du Bénin transformera l'OBSS en Caisse Nationale de
Sécurité Sociale.
B- Structures de la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale
La caisse est un établissement public
à caractère social, jouissant de la personnalité civile et
de l'autonomie financière. Elle est placée sous la tutelle du
ministre chargé de la sécurité sociale. La Caisse est
administrée par un conseil d'administration composé de neuf (9)
membres répartis comme suit :
-trois (3)
représentants des travailleurs ;
-trois (3)
représentants des employeurs ;
-trois (3) représentants de
l'Etat émanant des ministères chargés des
finances, de la sécurité sociale et de la santé.
Le conseil d'administration examine et approuve
la politique de la caisse.
La caisse est gérée par une Direction
Générale qui dispose de quatre directions techniques qui
sont :
- la direction financière et comptable (DFC) ;
- la direction technique (DT) ;
- la direction du recouvrement (DR) ;
- la direction administrative et du contentieux (DAC).
La Caisse Nationale de Sécurité Sociale nous a
servi de cadre pour notre recherche principalement sa Direction du
Recouvrement. Ainsi conformément à organigramme de la Caisse
(annexe n°1), nous présentons cette Direction dans son
fonctionnement.
Paragraphe II restitution des mécanismes de
fonctionnement de la caisse nationale de sécurité sociale en
matière de déclaration des cotisations
A- Fonctionnement de la direction du
recouvrement
La direction du recouvrement est créée par la
décision n° 016/05/CNSS/DG/DAC-SPC du 11 avril 2005 portant
organisation, fonctionnement et attributions de la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale.
La Direction du Recouvrement est chargée :
- du recouvrement des cotisations ;
-du précontentieux du recouvrement des
cotisations ;
-du suivi du fichier des cotisants ;
-du contrôle et de la prospection des
employeurs ;
-de l'immatriculation des employeurs et des assurés
volontaires ;
-du suivi des mouvements des employeurs ;
-de l'affiliation des travailleurs au régime de
sécurité sociale.
Elle comporte trois services :
? Le service des immatriculations ;
? Le service de la gestion des comptes cotisants et
relances ;
? Le service du contrôle des employeurs.
Le service des immatriculations
Ce service est structuré en deux sections :
-La section de l'immatriculation ;
-La section de l'affiliation.
La section de l'immatriculation est chargée de
l'immatriculation des employeurs. L'immatriculation est l'opération
administrative qui consiste à attribuer un numéro à un
employeur. Dans ce cadre l'employeur remplit le formulaire de demande
d'immatriculation d'un employeur et l'état de recensement. A ce
formulaire, sont joints des documents obligatoires (les photocopies du registre
de commerce, du statut de l'entreprise ou de l'autorisation d'ouverture pour
les écoles, cabinets et cliniques et de l'accord de siège pour
les ONG).
La section de l'affiliation est chargée de
l'affiliation des travailleurs. L'affiliation est l'opération
administrative qui consiste à attribuer un numéro d'assurance
à un travailleur. Cette opération est suivie du rattachement du
travailleur à son employeur.
Tableau n° 1 : situation des dossiers
d'affiliation en 2005
Instances fin d'année 2004
|
751
|
Dossiers d'affiliation reçus en 2005
|
12056
|
Total des dossiers en 2005
|
12807
|
Dossiers traités en 2005
|
10151
|
Instances fin 2005
|
2650
|
Pourcentage
|
79,33%
|
Source : rapport d'activité 2005
A la lecture du tableau nous avons en instances à la
fin de l'année 2005, 2650 dossiers. Deux agents seulement sont
affectés à l'exécution de cette tâche. Au regard du
volume des dossiers à traiter nous pouvons donc conclure à
une insuffisance de ressources humaines dans ce
service.
Le service des immatriculations dispose d'une imprimante et
d'un scanner qui traite en moyenne par jour 30 à 35 photos. Or ce
service doit disposer du matériel nécessaire pour traiter au fur
et à mesure les dossiers. Il y a donc le manque de
matériels informatiques.
Le service des immatriculations est
confronté à un problème de suivi des assurances
volontaires. C'est ainsi que certains assurés sont
considérés comme actifs alors que les intéressés
sont déjà admis à la retraite. A ce niveau il y a
le manque de suivi des assurés
volontaires.
Certains employeurs ne communiquent plus au
service des immatriculations l'avis de débauchage pour lui permettre de
mettre à jour le fichier des travailleurs. Il y a un
défaut de communication des avis de débauchage par certains
employeurs au service des immatriculations.
Il est arrivé un moment où le
système informatique ne détectait plus les assurés
affiliés. Cette situation a eu pour conséquence l'attribution de
plusieurs numéros à un même travailleur. Il y a eu
défaillance du système informatique.
Le service de la gestion des comptes
cotisants et relances.
Ce service est chargé :
- d'exécuter les travaux préparatoires à
l'encaissement des cotisations ;
- de gérer les appels des cotisations ;
- de mettre à jour des comptes cotisants ;
- d'examiner les comptes des employeurs en vue de
connaître les soldes exacts ;
- d'analyser les comptes cotisants.
Cette analyse consiste à étudier les
différentes opérations enregistrées en vue de corriger les
erreurs éventuelles.
-de relancer les employeurs qui ne sont pas à jour de
leurs cotisations.
La relance est une lettre adressée à
l'employeur par le Directeur Général l'invitant à
déclarer et à payer ses cotisations.
Le travail de ce service est basé sur l'analyse des
comptes des employeurs. Ce qui nécessite des pré requis en
comptabilité. Mais ce service ne dispose actuellement que de deux
comptables pour l'accomplissement de ce travail. Le personnel dans ce
service est insuffisant. Cependant, le personnel de
ce service est aguerri à la tâche d'où le dynamisme
du personnel de ce service.
Le service du contrôle des
employeurs
Le service du contrôle des employeurs recherche avant
tout la concordance entre les prescriptions de la loi et l'application qui est
faite par ceux qui sont soumis c'est -à- dire les employeurs.
L'employeur est toute personne physique ou morale, publique ou privée
qui utilise à quelque titre que ce soit du personnel salarié ou
assimilé. L'employeur détermine lui-même le montant des
cotisations dues à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale
(CNSS) ; c'est en ce sens que le système de détermination
des cotisations est dit déclaratif. La contrepartie de ce système
déclaratif est l'obligation pour la CNSS d'effectuer un contrôle
sur l'exactitude des déclarations fournies par le cotisant. En effet,
certains employeurs peuvent en toute bonne foi appliquer de façon
incorrecte la législation en vigueur. D'autres, en revanche, peuvent
vouloir se soustraire totalement ou partiellement à leurs obligations.
On distingue deux grands types de contrôles, le contrôle sur
pièces qui s'effectue à partir des pièces justificatives
que les employeurs sont tenus de fournir à l'appui du versement de leurs
cotisations sociales et le contrôle sur place.
Le contrôle sur pièce s'effectue au siège
de l'entreprise afin de permettre une vérification complète de la
situation des employeurs. Il s'agit de s'assurer que l'employeur
contrôlé a déclaré tout son personnel et les
déclarations de salaire et de cotisations sont faits en respectant les
dispositions légales relatives à l'assiette des cotisations.
Pour l'accomplissement de cette mission, ce service est
chargé :
-de la vérification des déclarations de
salaire ;
- du recensement des employeurs et des travailleurs dans les
entreprises ;
-du contrôle de l'assiette des cotisations ;
-du suivi des dossiers employeurs ;
- de l'établissement des mises en demeure ;
- de la sensibilisation des employeurs par leurs droits et
obligations ;
- du recouvrement des arriérés de
cotisations ;
-des liaisons avec le service du contentieux ;
-de l'établissement des échéances de
règlement des cotisations et du suivi de leur exécution.
-de l'étude et du traitement des réclamations
des employeurs.
Ce service comporte (3) bureaux de recouvrement. Ces bureaux
de recouvrement sont investis de certains pouvoirs dans la domaine de leur
compétence.
La ville de Cotonou compte actuellement environ neuf mille
deux cents onze (9211) employeurs actifs. Le nombre des contrôles
effectués par le service du contrôle des employeurs au cours des
trois premiers trimestres de l'année 2006 est 145 soit en moyenne 16
contrôles par mois. Ces contrôles ont généré
947.389.273 Francs de cotisations principales et 497.212.999 Francs de
majoration de retard. Nous pouvons conclure au regard de ces chiffres que
certains employeurs minorent effectivement les cotisations.
Selon le principe chaque employeur doit être contrôler au moins
une fois en cinq ans. Cependant le service du contrôle des employeurs ne
dispose que de cinq (05) contrôleurs dans chaque bureau de recouvrement,
soit au total quinze contrôleurs pour la ville de Cotonou, d'où
le manque de ressources humaines dans ce service ne lui permet pas
d'atteindre ses objectifs.
Remarquons que chaque bureau de recouvrement dispose d'un
ordinateur et les trois bureaux de deux imprimantes. Aussi ces trois bureaux ne
disposent que de trois véhicules pour la ville de Cotonou d'où
l'insuffisance de moyens matériels : outils informatiques
et matériels roulants.
Ces contrôleurs sont très souvent
surchargés et débordés par le travail. Ils sont
obligés de faire des contrôles en ville mais également
d'être au bureau pour faire les rapports et des fois envoyer des lettres
de relances aux employeurs. Ces contrôleurs sont acculés
par le travail.
Mais il est à souligner que l'ambiance de travail
demeure très bonne entre les agents et leurs chefs et entre les agents
eux-mêmes. L'ambiance de travail reste très
bonne.
Notons que ces contrôleurs de la CNSS viennent à
l'heure au service d'où la ponctualité des
contrôleurs au service.
La CNSS n'entretient pas de relations de partenariat avec
certaines structures qui gèrent des fichiers similaires à celui
des employeurs de la Caisse.
Il s'agit:
du service des impôts, de la chambre de commerce, du
centre de formalité des entreprises, du greffe du tribunal de commerce,
de l'inspection du travail, et des communes. Ce faisant on remarque une
absence de coopération entre la caisse et les autres structures
externes.
La plupart du temps certains employeurs minorent les dates
d'embauchage de leurs travailleurs en vue de réduire le montant des
cotisations à verser à la Caisse. Cet état de chose est
dû également à la méconnaissance des textes
législatifs en la matière par certains employeurs
entraînant ainsi la minoration des dates d'embauchage des
travailleurs.
La faiblesse de la fréquence des contrôles due
à l'insuffisance des ressources humaines et également
l'obligation qui est faite aux contrôleurs d'effectuer leurs visites par
une équipe constituée de deux personnes ne permettent pas
à cette fonction d'atteindre des performances optimales. Cela rend
le rendement des contrôleurs insuffisant.
Nous avons remarqué que d'autres employeurs ne
déclarent pas tous leurs travailleurs notamment les occasionnels et les
contractuels à la caisse dans l'ultime but de réduire les
cotisations à verser à la Caisse. Mais également
l'ignorance des textes par d'autres employeurs contribue également
à la minoration de l'effectif des travailleurs.
Les cotisations sont assises sur les salaires. Selon le
rapport d'activité 2005 de la CNSS, les cotisations représentent
80,02% des ressources de la Caisse. Mais d'autres employeurs voulant payer
moins de cotisations minorent les salaires sur les listes nominatives avant de
les amener à la Caisse. Nous pouvons donc conclure que certains
employeurs minorent les salaires de leurs travailleurs.
B- Procédure de déclaration en
matière des cotisations
La première obligation de l'employeur vis-à-vis
de la sécurité sociale est de se faire immatriculer auprès
de la caisse nationale de sécurité sociale afin d'affilier ses
travailleurs salariés au régime de sécurité
sociale. La deuxième obligation de l'employeur est de déclarer
et de verser les cotisations sociales. Les déclarations sont faites sur
des imprimés spéciaux expédiés par la Caisse aux
divers employeurs avant la fin de chaque échéance. Ces employeurs
doivent les retourner accompagner du paiement des cotisations. Le versement
des cotisations est mensuel ou trimestriel. Il est mensuel lorsque l'employeur
à vingt travailleurs et plus. Mais il est trimestriel lorsque
l'employeur a moins de vingt salariés. Le versement des cotisations
qu'il soit mensuel ou trimestriel doit être fait avant une date
donnée. Cette date de paiement est fixée à 15 jours
après la fin de la période auquel la cotisation est due.
Passé ce délai, l'employeur est passible d'une majoration de
retard de 1,5% par mois ou fraction de mois de retard. Nous allons l'illustrer
par le cas pratique suivant :
Calculer le montant des cotisations que doit verser à
la Caisse Nationale de Sécurité Sociale un employeur sur une
masse de salaire de 25.000.000 de francs, relative à deux mois à
raison de 12.500.000 par mois. Le taux de cotisations pour les accidents du
travail étant de 2%. Cet employeur décide de payer les
cotisations des mois de juillet et d'août le 13 septembre 2004.
1- calculer le montant des cotisations principales.
2- Calculer les majorations de retard.
Correction du cas
pratique
1- le montant des cotisations principales est :
- prestation familiale 9%
- risque professionnel 2%
- pension 10%
= 21%
Calculons les cotisations dues par l'employeur pour le mois de
juillet :
12.500.000 x 21 = 2.625.000F
100
Calculons les cotisations dues par l'employeur pour le mois de
septembre :
12.500.000 x 21 = 2.625.000F
100
Les cotisations principales dues par ce employeur au titre
des deux mois s'élèvent à : 5.250.000F
2- calculons les majorations de retard : l'employeur
ayant payé ses cotisations que le 13 septembre ; n'est en retard
qu'au titre des cotisations du mois de juillet.
Soit pour les mois d'août 1,5% de majoration et pour le
mois de septembre 1.5% également. Soit au total 3% de majoration pour
les deux mois ce qui donne :
2.625.000 x 3 = 78.750F
100
L'employeur doit fournir une fois par trimestre la
déclaration nominative trimestrielle des salaires versés à
ses salariés. Les cotisations sont assises sur la masse salariale
déclarée par les employeurs. Nous notons toutefois que certains
employeurs ne déclarent pas toutes les primes payées à
leurs travailleurs. Les cotisations à la caisse sont portables et non
quérables selon l'art 25 al- 4 de la loi 98-019 du 21mars 2003 portant
Code de Sécurité Sociale en République du Bénin.
Les éléments constitutifs de l'assiette des cotisations sont
selon l'article 22 al- 1 du même code sont :
- l'ensemble des rémunérations perçues
par les personnes assujetties ;
- les indemnités;
- le salaire des heures supplémentaires, les
gratifications ;
- les primes ;
- les gratifications ;
- les commissions ;
- tous autres avantages en espèces ;
- la contre valeur des avantages en nature.
A l'exclusion des remboursements de frais et des prestations
sociales versées.
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