V. Les bilans biologiques
V.1. Le bilan hormonal
Directement dépendants de la fonction ovulatoire, les
taux circulants de stéroïdes sexuels trouvés pendant la
période périménopausique sont extrêmement
variables.
En présence d'une irrégularité des
cycles menstruels, le dosage de la FSH, s'il est élevé,
témoigne de l'entrée en période de
périménopause de la femme mais il n'est absolument pas
prédictif de la chronologie des évènements
ultérieurs. La conséquence majeure de ces
irrégularités demeure malgré tout l'insuffisance en
progestérone, mise en évidence par des taux bas ou
effondrés en deuxième partie du cycle. Ce taux effondré
explique les symptômes rencontrés pendant cette période et
fournit également les bases physiopathologiques nécessaires au
traitement hormonal de la périménopause. Parallèlement, on
observe, assez souvent, un taux d'estradiol normal ou élevé et
une LH normale ou peu augmentée.
Après un an d'aménorrhée, l'association
typique de gonadotrophines élevées (FSH et LH) et d'un estradiol
bas témoigne d'une ménopause définitivement
installée dans 90 % des cas.
Les résultats des dosages de FSH et d'estradiol
effectués en périménopause, parfois paradoxaux,
témoignent de l'extrême variabilité du fonctionnement
ovarien pendant cette période intermédiaire.
Si le taux d'estradiol diminue progressivement au cours de
ces années, le taux d'estrone reste identique et peut même
s'élever du fait de l'augmentation progressive du taux d'aromatisation
périphérique de l'androstènedione d'origine
surrénalienne.
V.2. Bilan phosphocalcique
Au cours de la ménopause, la balance calcique est
négative (-30 à -150 mg/j) en relation avec une résorption
osseuse accrue malgré une formation osseuse inchangée ou
même augmentée. On note une légère augmentation de
la calcémie qui reste cependant dans les valeurs normales. La carence
estrogénique diminue l'absorption digestive du calcium ainsi que sa
réabsorption tubulaire, favorisant également l'hypercalciurie :
un traitement substitutif estrogénique corrige rapidement ces fonctions.
La parathormone est inchangée avant et après la ménopause,
de même que la vitamine D en l'absence de carence.
(LIGNERES et Coll. 1986)
V.2.1. Marqueurs de la formation de l'os
V.2.1.1. Les phosphatases alcalines
Ils représentent un marqueur peu sensible, et peu
spécifique du métabolisme osseux au cours de l'exploration de
l'ostéoporose. Une augmentation modérée est à
interpréter en fonction d'une rétention hépatique, un
défaut de minéralisation osseuse ou un remodelage excessif.
L'iso-enzyme spécifique de l'os peut être évaluée
par électrophorèse (technique semi-quantitative). Depuis peu, un
dosage radiométrique a été commercialisé,
spécifique de la fraction osseuse de la phosphatase alcaline.
V.2.1.2. L'ostéocalcine ou Bone Gla Protein
(BGP)
Est synthétisée par les ostéoblastes en
présence de vitamine D. Elle est incorporée dans la trame
protéique non encore minéralisée. Une faible partie de
l'ostéocalcine néo-synthétisée est
libérée dans la circulation, rendant possible son dosage
(radio-immunologique). C'est une protéine non collagénique,
fragile, nécessitant une centrifugation immédiate après le
prélèvement et congélation rapide du sérum. Les
concentrations sériques (valeurs usuelles : 3,0 à 9,0 mg/l) sont
corrélées spécifiquement à la formation osseuse et
son augmentation (environ 50 %) est nette en post-ménopause : un
traitement hormonal substitutif permet un retour à la normale en
quelques mois.
V.2.2. Marqueurs de la résorption de
l'os
V.2.2.1. L'index de NORDIN
Permet de quantifier l'excrétion urinaire calcique
tout en étant indépendant de l'apport alimentaire, de
l'absorption digestive, du sexe et de la taille. La calciurie est le reflet de
l'activité ostéoclastique.On détermine l'excrétion
urinaire du calcium et de la créatinine sur un recueil urinaire
minuté (2 heures) chez un sujet à jeûn. La calciurie ainsi
déterminée est alors indépendante des apports alimentaires
à la différence de la calciurie de 24 heures. Les valeurs
usuelles sont inférieures à 0,30 mmol / mmol créat. permet
de quantifier l'excrétion urinaire calcique tout en étant
indépendant de l'apport alimentaire, de l'absorption digestive, du sexe
et de la taille. La calciurie est le reflet de l'activité
ostéoclastique.On détermine l'excrétion urinaire du
calcium et de la créatinine sur un recueil urinaire minuté (2
heures) chez un sujet à jeûn. La calciurie ainsi
déterminée est alors indépendante des apports alimentaires
à la différence de la calciurie de 24 heures. Les valeurs
usuelles sont inférieures à 0,30 mmol / mmol créat.
V.2.2.2. Hydroxyproline
C'est un aminoacide non essentiel, libéré lors
de la dégradation du collagène et non réutilisé
pour sa synthèse. Toutefois, 15 à 50 % de l'excrétion
urinaire journalière d'hydroxyproline ne provient pas de l'os.
Sa détermination doit être effectuée après un
régime pauvre en collagène. On évalue de
préférence le rapport hydroxyproline / créatinine sur un
recueil urinaire minuté sur 2 heures (conditions identiques à
l'index de Nordin). Le rapport, normalement inférieur à 30
pmol/mmol, est augmenté dans les résorptions osseuses dont
l'ostéoporose. Ce rapport se modifie rapidement vers les valeurs
normales au cours de Traitement Hormonal Substitutif (THS) de la
ménopause.
V.2.2.3. Pyridinoline
La pyridinoline (Pyr.) est présente dans le
collagène de type I de l'os et dans le collagène de type II du
cartilage, mais est absente du collagène de la peau. La
déoxypyridinoline (DPyr.) est trouvée
spécifiquement dans le collagène de type I de l'os. Ces deux
nouveaux marqueurs sont donc plus spécifiques de la résorption
osseuse que l'hydroxyproline, d'autant que leur
excrétion est urinaire sans métabolisation. Une augmentation de
60 à 90 % est notée lors des carences estrogéniques avec
retour à la normale en 6 mois après THS. : La
pyridinoline (Pyr.) est présente dans le collagène de
type I de l'os et dans le collagène de type II du cartilage, mais est
absente du collagène de la peau. La déoxypyridinoline (DPyr.) est
trouvée spécifiquement dans le collagène de type I de
l'os. Ces 2 nouveaux marqueurs sont donc plus spécifiques de la
résorption osseuse que l'hydroxyproline, d'autant que leur
excrétion est urinaire sans métabolisation. Une augmentation de
60 à 90 % est notée lors des carences estrogéniques avec
retour à la normale en 6 mois après THS.
V.2.2.4. Cross laps
Le Cross laps est un peptide de séquence commun de
huit aminoacides sur la chaîne du collagène de type I
située sur le télopeptide en C terminal. Ce peptide est
libéré dans les urines au moment de la dégradation du
collagène d'origine osseuse. Le stade ostéoporotique est
significativement corrélé avec l'ancienneté de la
ménopause, le capital osseux de départ et la rapidité du
turnover. Si les deux premiers points sont aisés à établir
respectivement par l'interrogatoire et les investigations
ostéodensitométriques, le turnover est plus
délicat à évaluer en fonction de la
spécificité des différents marqueurs. Les marqueurs
traditionnels (phosphatase alcaline, excrétion urinaire du calcium et de
l'hydroxyproline, ostéocalcine) augmentent globalement chez les femmes
ménopausées par rapport aux femmes non ménopausées
et régressent en relation avec l'instauration du traitement hormonal
substitutif. Les taux de la Deoxypyridinoline et du Cross laps sont très
bien corrélés avec la résorption osseuse et
régressent dans les 6 mois suivant l'instauration du THS, permettant
d'évaluer l'observance thérapeutique à long terme. Ces
nouveaux marqueurs devraient permettre de sélectionner, au moins dans un
premier temps, les femmes à haut risque d'ostéoporose
post-ménopausique. Une carence en vitamine D, entraînant parfois
une hyperparathyroïdie secondaire et contribuant ainsi à la perte
osseuse, doit aussi être systématiquement écartée.
(Am.
J. Med. 1991)
MARQUEURS DE FORMATION
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MARQUEURS DE RESORPTION
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- Phosphatase alcaline osseuse
- Ostéocalcine
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- Hydroxyprolinurie à jeûn
- Calciurie à jeûn
- Déoxypyridinoline
- "Cross laps"
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Tableau 1: Principaux marqueurs du
métabolisme phospho-calcique Am. J. Med.
1991)
Figure 5 : Evolution des principaux marqueurs
osseux à la ménopause.
(RISS ,Am Med. 1991)
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