-- I. Introduction :
Cette recherche se déroule dans la
région de Mopti située dans la partie nord de la
République du Mali.., le projet doit se concrétiser par
l'aménagement hydro agricole de la plaine du Yaïré d'une
superficie de 2500 hectares. Cette plaine est située aux abords de la
ville de Douentza. Elle est directement répartie entre trois communes
Douentza, Pétaka, Débéré.
Les villages riverains exploitant la plaine sont
Douentza, Drimbé, Fombori, Petaka ; Almina, Alabengouma,
Debéré, Kara, M'Boudou Koly, Walo et Tombori.
La population de la zone est estimée à
17700 habitants. La Population des communes dont font parties ces villages, est
estimée à 22900 habitants répartis entre 4433
ménages, soit une moyenne d'environ cinq personnes par ménage
tout sexe confondu. Les composantes essentielles de la population sont : les
Dogon, les Songhaï et les Peul à coté de ces ethnies
majoritaires vivent d'autres minoritaires dans la zone (Bambara et
Tamashek).
La Plaine est située aux abords
immédiats de la ville de Douentza. Elle couvre une superficie de deux
mille cinq cent hectares (2500 ha). Les ressources en eau et sol constituent un
potentiel important pour le développement de l'élevage et de
l'agriculture dans la zone avec une lame d'eau dépassant par endroit
1,5m pendant l'hivernage. Actuellement la plaine est surtout utilisée
pour la culture de céréales pendant l'hivernage. Elle sert aussi
de pâturage pour le petit bétail au cours de la saison
sèche. La plaine du Yaïré est un des parcours les plus
empruntés par les transhumants à cause des nombreuses mares qui
jalonnent son parcours qui en réalité correspondent à des
gîtes d'étapes. L'aménagement de la plaine vise à
pallier aux déficits céréaliers chroniques dans la commune
urbaine et dans les communes limitrophes, assurer le développement de
différentes activités économiques et de les pourvoir en
infrastructures adéquates. L'aménagement de la plaine du
Yaïré intervient dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté. Les doivent se concrétiser par l'aménagement de
mille hectares de terres irrigables, la réalisation de deux barrages de
rétention d'eau. Les travaux sont financés par la Banque
Africaine pour le Développement et le gouvernement malien. La
réalisation des travaux est assurée par le Ministère de
l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche. Les travaux ont
démarré au
20
CHAPITRE I PRESENTATION DU CERCLE DE DOUENTZA
1- Histoire :
Douentza est un chef lieu de cercle situé dans
la région de Mopti au Nord du Mali. Il était composé de
sept (7) arrondissements qui furent fragmentés en vingt et une (21)
communes rurales (CR). Il couvre une superficie de 18 903 km2. Il
est limité au nord-est par le cercle de Gourma rharous ; au nord ouest
par le cercle par de Niafunké, à l'ouest par le cercle de Mopti,
au sud ouest par le cercle de Bandiagara et au sud par le cercle de
Koro.
Douentza aurait été fondé par un
Bambara du nom de « Doua N'Zan » (petit frère N'Zan) ; cette
appellation est encore utilisée par les Peul sous le vocable «
douensa » qui a été transcrite sous le terme « Douentza
» par l'administration coloniale
La population totale du cercle de Douentza
s'élève à 148 869 habitants dont 81 903 hommes et 66 965
femmes, soit une densité moyenne de7, 9 habitants au kilomètre
carré. Ce qui représente une densité relativement
importante par camp paraison aux zones Nord du Mali. La ville de Douentza
présente une population mixte d'ethnies avec un plus grand pourcentage
de Dogons ; de Peuls et de Songhaï et une minorité de bambaras et
de Tamasheq.
Douentza est non --seulement chef lieu de cercle mais
il est également le plus grand centre commercial des villages et
communes des alentours. Il est également le centre de résidence
des agents de l'état et des services parapublics, comme les ONG et les
projets d'intervention dans les différents domaines. La population du
cercle de Douentza est constituée d'une frange semi urbanisée de
professionnels des services publics et privés, de paysans et
d'éleveurs et d'une population rurale de paysans et d'éleveurs
résidents dans les villages.
.2- Relief et cours d'eau :
- Le relief de la zone est caractérisé
par des chaînes de végétation qui occupe la partie centrale
; des plaines sableuses et dunaires qui occupent la quasi-totalité des
nombreuses communes.
il
L'hydrographie du cercle est caractérisée par
d'innombrables cours d'eau intermittents alimentés par des eaux de
pluie, excepté la zone N'Gouma qui est en partie arrosé par les
eaux du fleuve Niger. Il faudrait aussi mentionner les lacs et les nombreuses
mares où les populations riveraines pratiquent la pêche.
3- Climat et végétation
:
-- Le climat est de type sahélo saharien avec une
saison pluvieuse qui dure trois mois (de juillet en septembre) et une saison
sèche qui s'étale sur 9 mois (octobre en juin). La saison
sèche se répartie en une période froide (novembre en
février) et période chaude (de mars en juin. La moyenne annuelle
des précipitations est de 400 mm.
-- La végétation est de type arbustive. On y
rencontre surtout des épineux (acacia). Par endroit la
végétation arborée et arbustive constitue des peuplements
denses prenant l'allure d'une savane arbustive.
4- ECONOMIE
a- Agriculture :
Dans la zone Dogon, Songhay, et Peul pratiquent l'agriculture
avec cependant une maîtrise plus prononcée chez les premiers dont
le travail de la terre est l'activité principale. Dogon et Songhay
pratiquent l'agriculture parce qu'elle constitue leur activité
économique dominante, les Peul s'y livrent parce qu'elle constitue
aujourd'hui une activité d'appoint pour eux depuis que l'élevage
a connu des années difficiles dans la zone. Aussi les éleveurs
sont ils contraints de se donner à l'agriculture avec des conditions
variables selon que la communauté est nomade ou sédentaire.
Partout l'agriculture se pratique dans des champs de brousse ou de maison, en
exploitations collectives et individuelles.
Les champs de maison
n
Dans les villages à peuplement Dogon et Songhay
: tous les champs aux alentours du village appartiennent à la famille du
fondateur du village. Cette énonciation indique suffisamment par elle
seule le rapport que les uns les autres ont avec la terre. Elle s'inscrit dans
la logique de création d'un nouveau village. En effet les
premières habitations sont construites autour de la hutte que le
fondateur avait érigée dans son champ pour se mettre à
l'abri des intempéries. Dès lors que les constructions se
multiplient, ce champ devient champ de maison.
D'une manière générale, la terre
qui jouxte avec le village est propriété du fondateur et plus
tard de sa descendance. Cependant cette appropriation n'appelle pas un usage
exclusif : un droit d'usage temporaire pouvant être accordé
à de tierces personnes dans la limite du temporaire pouvant être
à de tierces personnes dans la limite des disponibilités
foncières. Cette flexibilité permet de comprendre que toutes les
unités de production agricole autochtone (songhay, dogon) ont dit
posséder un champ de maison. Leur propos ne contredit nullement celui
selon lequel la non possession d'une terre déterminée n'exclut
pas l'accès à l'exploitation d'un champ sur celle-ci quand bien
même c'est pour un temps déterminé. Ce droit d'accès
tend à se pérenniser pour les descendants de
l'emprunteur.
Dans les sites à peuplement majoritaire peul,
selon que l'on est Dicko ou Diallo ou Diimaajo, l'on a plus ou moins
accès à ce type de champs. En effet il semble que tous les Dicko
et Diallo en possèdent, c'est exceptionnellement qu'un diimajo en est
propriétaire. Les rimaïbé qui exploitent un champ de maison
ont déclaré y avoir accès par prêt. La culture du
mil est la plus pratiquée sur les champs de maison qui sont
exploitées toutes les années
Les champs de brousse : les champs de brousses
sont accessibles à tout individu qui en désire quel qu'en soit le
site. Ce sont des champs éloignés du village et qui font l'objet
de mise en jachère au bout d'un certain nombre d'année selon la
nature du sol. La relative appropriation dont ils sont l'objet procède
d'une première mise en valeur qui donne un droit d'usufruit
permanent.
L'auteur de ce premier défrichement acquiert un
droit de propriété qu'il transmet à sa descendance qui
hérite par la même occasion un droit d'accès libre sur
cette portion. Aussi il permet à tout moment d'ouvrir un champ sur la
jachère léguée, sans en référer au fondateur
ou à ses descendants.
Certains champs de brousse sont exploités par
des usufruitiers temporaires. Des individus peuvent exploiter des champs sur
une portion de terre ayant déjà fait l'objet
21
d'une première mise en valeur par d'autres. Une
fois remise en jachère l'exploitant perd tout droit d'accès
à moins qu'il ne fait une nouvelle demande.
Sur ces champs de brousse on cultive du mil, du sorgho,
des arachides le sésame, le dah etc.
Champs communs et champs individuels
:
Chez toutes les ethnies, chaque unité de
production agricole cultive un champ commun et chacune de ces composantes
(cadets, épouses, fils) entretient un champ individuel.
Le produit du champ commun est un bien de la
communauté familiale et comme tel est utilisé à
l'alimentation de la famille et à d'autres besoins de celle-ci. Les
autres membres de l'unité de production ont la possibilité
d'utiliser les produits de leur champ individuel selon leur bon vouloir.
Généralement ces produits sont vendus pour l'achat des animaux de
case, des parures, des habits etc. en cas de déficit
céréaliers les produits des champs individuels sont
consommés au niveau de l'unité de production sans
compensation.
La production agricole est de type sédentaire
induisant moins de défriche. Ce sont les mêmes champs qui sont
toujours cultivés. Dans cette zone la production agricole est
réalisée en deux périodes :
Pendant l'hivernage, qui s'étale de juin en
septembre : cette période est réservée à la mise en
valeur des parcelles de culture sèches et inondées ;
Pendant la saison froide, d'octobre en février,
pour les cultures maraîchères. Les systèmes de culture
varient d'un village à l'autre. Cependant le mil et le sorgho sont les
principales productions de la zone. Ils sont cultivés sur les parties
hautes de la plaine et sur les flancs de coteaux. Le riz est cultivé
dans les cuvettes inondables.
Le maraîchage est pratiqué en saison
froide particulièrement Douentza et Ewéry où il est
associé à l'arboriculture. Les principales cultures
maraîchères sont la tomate et l'oignon. A coté de ces deux
spéculations, certains légumes (chou, aubergine, betterave,
gombo, piment) sont aussi cultivés.
Le travail du sol se fait à la daba ou à
la charrue. La production agricole dans le cercle de Douentza reste
aléatoire du fait qu'elle est tributaire des aléas climatiques,
des inondations, des prédateurs, du sous équipement, et
également de la dégradation des sols.
b - Elevage :
24
L'élevage est la deuxième
activité importante dans le Cercle Douentza. Cette importance est
liée au fait que le Cercle de Douentza constitue une zone d'accueil des
transhumants en hivernage et concentre dans la partie Est du Delta, les
meilleures zones de parcours et le site le plus important de terres
salées. Le cheptel est composé de bovins, d'ovins, de caprins,
d'asins, de camelins, d'équins et de volailles.
L'élevage est pratiqué dans toutes les
unités de production, et toutes couches socioprofessionnelles
confondues. Dans la zone, il arrive qu'on devienne propriétaire de
bétail très tôt, une semaine après la naissance
où lors du baptême. Ce capital de départ variable selon le
sexe de l'enfant, son ethnie et le nombre de tête de bétail dont
dispose ses parents peut augmenter selon les manières suivantes
:
- par héritage (tous les membres de
l'unité de production agricole)
- par don (fils, cadets, épouses)
- par achat (tous les membres de l'unité de
production agricole)
- par dot (épouses)
Généralement le cheptel des hommes
augmente par achat et celui des femmes par don et dot. Par ailleurs hommes et
femmes peuvent augmenter leur cheptel par héritage.
Ainsi dans chaque unité de production, chacun
des membres à la possibilité de posséder du bétail
selon de multiples modalités. Posséder du bétail est le
voeu de tous les enquêtés. C'est un signe de pouvoir chez toutes
les ethnies.
Cependant l'élevage est beaucoup plus l'affaire
des Peul dont il constitue l'activité économique principale. Ces
derniers ne s'adonnent à l'agriculture qu'à défaut. Dans
l'ensemble, ils possèdent plus de bétail que les Dogon et les
Songhay dont ils assurent la garde du bétail et l'exploitation des
animaux. Les bovins, les ovins et les caprins sont élevés pour
leur lait qui peut être consommé ou vendu en vue de faire face aux
dépenses de la famille ou de l'individu (achat de
céréales, d'habits, financements de mariage). Quant aux
équins, asins, camelins, ils sont élevés pour servir de
monture, pour le transport de matériels, pour puiser de l'eau des
puits.
Les animaux des unités de production sont soit
regroupés en un seul troupeau placé sous la garde de quelques
membres des unités respectives, soient répartis en plusieurs
troupeaux. Les animaux des membres de la même unité de production
sont en général placés sous le contrôle du chef de
l'unité de production. Toutefois ce dernier ne peut ni vendre, ni
donner, ni utiliser les animaux sans au préalable en informer le
propriétaire.
25
C'est aux hommes qu'incombe le gardiennage du troupeau. Les
bovins sont confiés aux adultes qui assurent aussi la traite ou les
transactions commerciales. Le petit bétail est en général
confié aux adolescents.
L'élevage transhumant : il faut
distinguer les transhumants originaires du Cercle et les transhumants
originaires du bourgou.
---Transhumants originaires du cercle:
une partie des animaux du Cercle est toujours attirée par
les bourgoutières du delta central du Niger. Les animaux
séjournent dans le cercle en hivernage et descendent dans le bourgou
à la fin des récoltes. Il s'agit là d'un mouvement de
balancement entre les pâturages inondés des cuvettes du delta et
du Niger.
Un autre mouvement Sud Nord cible les terres salées du
Drougama. Ce mouvement est
surtout observé par les éleveurs des communes du
Gandamia et de Hombori.
- --transhumants originaires du delta : ils
remontent dans la zone dès les premières pluies en Mai-Juin et
amorcent le retour vers le delta en septembre octobre en fonction de la date
des récoltes. Ces éleveurs sont originaires du cercle de Mopti
pour la grande majorité.
Les animaux empruntent les pistes de transhumance aussi bien
à l'aller qu'au retour.
c - La pêche :
Elle est pratiquée dans les mares et lacs pendant la
décrue lors de la concentration des poissons dans les points d'eau
stagnants du Yaïré. Elle est pratiquée avec des filets
à deux mains ; des filets triangulaires et des nasses. Il existe deux
catégories de pêcheurs :
Les agriculteurs pêcheurs autochtones des villages
environnants qui utilisent des équipements rudimentaires
généralement des nasses.
26
-- Les pêcheurs migrants étrangers
à la zone (Bozos et Somonos de Mopti et Konna) plus professionnels et
qui emploient des engins très performants. Ils ne sont
généralement pas intégrés dans les
collectivités de résidence.
La pêche est une activité de
diversification des activités agricoles génératrices de
revenus. Elle est très souvent annuelle et participe tant à
l'amélioration de la qualité de l'alimentation des ménages
qu'à la sécrétion de revenus individuels des populations
rurales. Elle se déroule de manière suivante :
Les pêches collectives organisées par le
village propriétaire du plan d'eau qui invite le plus souvent les
villages environnants ;
Captures individuelles par toute la
communauté.
L'exploitation du plan d'eau se fait suite à une
mise en défense qui implique toute la communauté.
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