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Ressources Naturelles et Gestion des conflits "cas du cercle de douentza"

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par Mahamadou Moctar Dicko
Université du Mali/Faculté des Lettres des Arts et des Sciences humaines - Maitrise en Anthropologie 2006
  

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-- I. Introduction :

Cette recherche se déroule dans la région de Mopti située dans la partie nord de la République du Mali.., le projet doit se concrétiser par l'aménagement hydro agricole de la plaine du Yaïré d'une superficie de 2500 hectares. Cette plaine est située aux abords de la ville de Douentza. Elle est directement répartie entre trois communes Douentza, Pétaka, Débéré.

Les villages riverains exploitant la plaine sont Douentza, Drimbé, Fombori, Petaka ; Almina, Alabengouma, Debéré, Kara, M'Boudou Koly, Walo et Tombori.

La population de la zone est estimée à 17700 habitants. La Population des communes dont font parties ces villages, est estimée à 22900 habitants répartis entre 4433 ménages, soit une moyenne d'environ cinq personnes par ménage tout sexe confondu. Les composantes essentielles de la population sont : les Dogon, les Songhaï et les Peul à coté de ces ethnies majoritaires vivent d'autres minoritaires dans la zone (Bambara et Tamashek).

La Plaine est située aux abords immédiats de la ville de Douentza. Elle couvre une superficie de deux mille cinq cent hectares (2500 ha). Les ressources en eau et sol constituent un potentiel important pour le développement de l'élevage et de l'agriculture dans la zone avec une lame d'eau dépassant par endroit 1,5m pendant l'hivernage. Actuellement la plaine est surtout utilisée pour la culture de céréales pendant l'hivernage. Elle sert aussi de pâturage pour le petit bétail au cours de la saison sèche. La plaine du Yaïré est un des parcours les plus empruntés par les transhumants à cause des nombreuses mares qui jalonnent son parcours qui en réalité correspondent à des gîtes d'étapes. L'aménagement de la plaine vise à pallier aux déficits céréaliers chroniques dans la commune urbaine et dans les communes limitrophes, assurer le développement de différentes activités économiques et de les pourvoir en infrastructures adéquates. L'aménagement de la plaine du Yaïré intervient dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Les doivent se concrétiser par l'aménagement de mille hectares de terres irrigables, la réalisation de deux barrages de rétention d'eau. Les travaux sont financés par la Banque Africaine pour le Développement et le gouvernement malien. La réalisation des travaux est assurée par le Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche. Les travaux ont démarré au

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CHAPITRE I PRESENTATION DU CERCLE DE DOUENTZA

1- Histoire :

Douentza est un chef lieu de cercle situé dans la région de Mopti au Nord du Mali. Il était composé de sept (7) arrondissements qui furent fragmentés en vingt et une (21) communes rurales (CR). Il couvre une superficie de 18 903 km2. Il est limité au nord-est par le cercle de Gourma rharous ; au nord ouest par le cercle par de Niafunké, à l'ouest par le cercle de Mopti, au sud ouest par le cercle de Bandiagara et au sud par le cercle de Koro.

Douentza aurait été fondé par un Bambara du nom de « Doua N'Zan » (petit frère N'Zan) ; cette appellation est encore utilisée par les Peul sous le vocable « douensa » qui a été transcrite sous le terme « Douentza » par l'administration coloniale

La population totale du cercle de Douentza s'élève à 148 869 habitants dont 81 903 hommes et 66 965 femmes, soit une densité moyenne de7, 9 habitants au kilomètre carré. Ce qui représente une densité relativement importante par camp paraison aux zones Nord du Mali. La ville de Douentza présente une population mixte d'ethnies avec un plus grand pourcentage de Dogons ; de Peuls et de Songhaï et une minorité de bambaras et de Tamasheq.

Douentza est non --seulement chef lieu de cercle mais il est également le plus grand centre commercial des villages et communes des alentours. Il est également le centre de résidence des agents de l'état et des services parapublics, comme les ONG et les projets d'intervention dans les différents domaines. La population du cercle de Douentza est constituée d'une frange semi urbanisée de professionnels des services publics et privés, de paysans et d'éleveurs et d'une population rurale de paysans et d'éleveurs résidents dans les villages.

.2- Relief et cours d'eau :

- Le relief de la zone est caractérisé par des chaînes de végétation qui occupe la partie centrale ; des plaines sableuses et dunaires qui occupent la quasi-totalité des nombreuses communes.

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L'hydrographie du cercle est caractérisée par d'innombrables cours d'eau intermittents alimentés par des eaux de pluie, excepté la zone N'Gouma qui est en partie arrosé par les eaux du fleuve Niger. Il faudrait aussi mentionner les lacs et les nombreuses mares où les populations riveraines pratiquent la pêche.

3- Climat et végétation :

-- Le climat est de type sahélo saharien avec une saison pluvieuse qui dure trois mois (de juillet en septembre) et une saison sèche qui s'étale sur 9 mois (octobre en juin). La saison sèche se répartie en une période froide (novembre en février) et période chaude (de mars en juin. La moyenne annuelle des précipitations est de 400 mm.

-- La végétation est de type arbustive. On y rencontre surtout des épineux (acacia). Par endroit la végétation arborée et arbustive constitue des peuplements denses prenant l'allure d'une savane arbustive.

4- ECONOMIE

a- Agriculture :

Dans la zone Dogon, Songhay, et Peul pratiquent l'agriculture avec cependant une maîtrise plus prononcée chez les premiers dont le travail de la terre est l'activité principale. Dogon et Songhay pratiquent l'agriculture parce qu'elle constitue leur activité économique dominante, les Peul s'y livrent parce qu'elle constitue aujourd'hui une activité d'appoint pour eux depuis que l'élevage a connu des années difficiles dans la zone. Aussi les éleveurs sont ils contraints de se donner à l'agriculture avec des conditions variables selon que la communauté est nomade ou sédentaire. Partout l'agriculture se pratique dans des champs de brousse ou de maison, en exploitations collectives et individuelles.

Les champs de maison

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Dans les villages à peuplement Dogon et Songhay : tous les champs aux alentours du village appartiennent à la famille du fondateur du village. Cette énonciation indique suffisamment par elle seule le rapport que les uns les autres ont avec la terre. Elle s'inscrit dans la logique de création d'un nouveau village. En effet les premières habitations sont construites autour de la hutte que le fondateur avait érigée dans son champ pour se mettre à l'abri des intempéries. Dès lors que les constructions se multiplient, ce champ devient champ de maison.

D'une manière générale, la terre qui jouxte avec le village est propriété du fondateur et plus tard de sa descendance. Cependant cette appropriation n'appelle pas un usage exclusif : un droit d'usage temporaire pouvant être accordé à de tierces personnes dans la limite du temporaire pouvant être à de tierces personnes dans la limite des disponibilités foncières. Cette flexibilité permet de comprendre que toutes les unités de production agricole autochtone (songhay, dogon) ont dit posséder un champ de maison. Leur propos ne contredit nullement celui selon lequel la non possession d'une terre déterminée n'exclut pas l'accès à l'exploitation d'un champ sur celle-ci quand bien même c'est pour un temps déterminé. Ce droit d'accès tend à se pérenniser pour les descendants de l'emprunteur.

Dans les sites à peuplement majoritaire peul, selon que l'on est Dicko ou Diallo ou Diimaajo, l'on a plus ou moins accès à ce type de champs. En effet il semble que tous les Dicko et Diallo en possèdent, c'est exceptionnellement qu'un diimajo en est propriétaire. Les rimaïbé qui exploitent un champ de maison ont déclaré y avoir accès par prêt. La culture du mil est la plus pratiquée sur les champs de maison qui sont exploitées toutes les années

Les champs de brousse : les champs de brousses sont accessibles à tout individu qui en désire quel qu'en soit le site. Ce sont des champs éloignés du village et qui font l'objet de mise en jachère au bout d'un certain nombre d'année selon la nature du sol. La relative appropriation dont ils sont l'objet procède d'une première mise en valeur qui donne un droit d'usufruit permanent.

L'auteur de ce premier défrichement acquiert un droit de propriété qu'il transmet à sa descendance qui hérite par la même occasion un droit d'accès libre sur cette portion. Aussi il permet à tout moment d'ouvrir un champ sur la jachère léguée, sans en référer au fondateur ou à ses descendants.

Certains champs de brousse sont exploités par des usufruitiers temporaires. Des
individus peuvent exploiter des champs sur une portion de terre ayant déjà fait l'objet

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d'une première mise en valeur par d'autres. Une fois remise en jachère l'exploitant perd tout droit d'accès à moins qu'il ne fait une nouvelle demande.

Sur ces champs de brousse on cultive du mil, du sorgho, des arachides le sésame, le dah etc.

Champs communs et champs individuels :

Chez toutes les ethnies, chaque unité de production agricole cultive un champ commun et chacune de ces composantes (cadets, épouses, fils) entretient un champ individuel.

Le produit du champ commun est un bien de la communauté familiale et comme tel est utilisé à l'alimentation de la famille et à d'autres besoins de celle-ci. Les autres membres de l'unité de production ont la possibilité d'utiliser les produits de leur champ individuel selon leur bon vouloir. Généralement ces produits sont vendus pour l'achat des animaux de case, des parures, des habits etc. en cas de déficit céréaliers les produits des champs individuels sont consommés au niveau de l'unité de production sans compensation.

La production agricole est de type sédentaire induisant moins de défriche. Ce sont les mêmes champs qui sont toujours cultivés. Dans cette zone la production agricole est réalisée en deux périodes :

Pendant l'hivernage, qui s'étale de juin en septembre : cette période est réservée à la mise en valeur des parcelles de culture sèches et inondées ;

Pendant la saison froide, d'octobre en février, pour les cultures maraîchères. Les systèmes de culture varient d'un village à l'autre. Cependant le mil et le sorgho sont les principales productions de la zone. Ils sont cultivés sur les parties hautes de la plaine et sur les flancs de coteaux. Le riz est cultivé dans les cuvettes inondables.

Le maraîchage est pratiqué en saison froide particulièrement Douentza et Ewéry où il est associé à l'arboriculture. Les principales cultures maraîchères sont la tomate et l'oignon. A coté de ces deux spéculations, certains légumes (chou, aubergine, betterave, gombo, piment) sont aussi cultivés.

Le travail du sol se fait à la daba ou à la charrue. La production agricole dans le cercle de Douentza reste aléatoire du fait qu'elle est tributaire des aléas climatiques, des inondations, des prédateurs, du sous équipement, et également de la dégradation des sols.

b - Elevage :

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L'élevage est la deuxième activité importante dans le Cercle Douentza. Cette importance est liée au fait que le Cercle de Douentza constitue une zone d'accueil des transhumants en hivernage et concentre dans la partie Est du Delta, les meilleures zones de parcours et le site le plus important de terres salées. Le cheptel est composé de bovins, d'ovins, de caprins, d'asins, de camelins, d'équins et de volailles.

L'élevage est pratiqué dans toutes les unités de production, et toutes couches socioprofessionnelles confondues. Dans la zone, il arrive qu'on devienne propriétaire de bétail très tôt, une semaine après la naissance où lors du baptême. Ce capital de départ variable selon le sexe de l'enfant, son ethnie et le nombre de tête de bétail dont dispose ses parents peut augmenter selon les manières suivantes :

- par héritage (tous les membres de l'unité de production agricole)

- par don (fils, cadets, épouses)

- par achat (tous les membres de l'unité de production agricole)

- par dot (épouses)

Généralement le cheptel des hommes augmente par achat et celui des femmes par don et dot. Par ailleurs hommes et femmes peuvent augmenter leur cheptel par héritage.

Ainsi dans chaque unité de production, chacun des membres à la possibilité de posséder du bétail selon de multiples modalités. Posséder du bétail est le voeu de tous les enquêtés. C'est un signe de pouvoir chez toutes les ethnies.

Cependant l'élevage est beaucoup plus l'affaire des Peul dont il constitue l'activité économique principale. Ces derniers ne s'adonnent à l'agriculture qu'à défaut. Dans l'ensemble, ils possèdent plus de bétail que les Dogon et les Songhay dont ils assurent la garde du bétail et l'exploitation des animaux. Les bovins, les ovins et les caprins sont élevés pour leur lait qui peut être consommé ou vendu en vue de faire face aux dépenses de la famille ou de l'individu (achat de céréales, d'habits, financements de mariage). Quant aux équins, asins, camelins, ils sont élevés pour servir de monture, pour le transport de matériels, pour puiser de l'eau des puits.

Les animaux des unités de production sont soit regroupés en un seul troupeau placé sous la garde de quelques membres des unités respectives, soient répartis en plusieurs troupeaux. Les animaux des membres de la même unité de production sont en général placés sous le contrôle du chef de l'unité de production. Toutefois ce dernier ne peut ni vendre, ni donner, ni utiliser les animaux sans au préalable en informer le propriétaire.

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C'est aux hommes qu'incombe le gardiennage du troupeau. Les bovins sont confiés aux adultes qui assurent aussi la traite ou les transactions commerciales. Le petit bétail est en général confié aux adolescents.

L'élevage transhumant : il faut distinguer les transhumants originaires du Cercle et les transhumants originaires du bourgou.

---Transhumants originaires du cercle: une partie des animaux du Cercle est toujours attirée par les bourgoutières du delta central du Niger. Les animaux séjournent dans le cercle en hivernage et descendent dans le bourgou à la fin des récoltes. Il s'agit là d'un mouvement de balancement entre les pâturages inondés des cuvettes du delta et du Niger.

Un autre mouvement Sud Nord cible les terres salées du Drougama. Ce mouvement est

surtout observé par les éleveurs des communes du Gandamia et de Hombori.

- --transhumants originaires du delta : ils remontent dans la zone dès les premières pluies en Mai-Juin et amorcent le retour vers le delta en septembre octobre en fonction de la date des récoltes. Ces éleveurs sont originaires du cercle de Mopti pour la grande majorité.

Les animaux empruntent les pistes de transhumance aussi bien à l'aller qu'au retour.

c - La pêche :

Elle est pratiquée dans les mares et lacs pendant la décrue lors de la concentration des poissons dans les points d'eau stagnants du Yaïré. Elle est pratiquée avec des filets à deux mains ; des filets triangulaires et des nasses. Il existe deux catégories de pêcheurs :

Les agriculteurs pêcheurs autochtones des villages environnants qui utilisent des équipements rudimentaires généralement des nasses.

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-- Les pêcheurs migrants étrangers à la zone (Bozos et Somonos de Mopti et Konna) plus professionnels et qui emploient des engins très performants. Ils ne sont généralement pas intégrés dans les collectivités de résidence.

La pêche est une activité de diversification des activités agricoles génératrices de revenus. Elle est très souvent annuelle et participe tant à l'amélioration de la qualité de l'alimentation des ménages qu'à la sécrétion de revenus individuels des populations rurales. Elle se déroule de manière suivante :

Les pêches collectives organisées par le village propriétaire du plan d'eau qui invite le plus souvent les villages environnants ;

Captures individuelles par toute la communauté.

L'exploitation du plan d'eau se fait suite à une mise en défense qui implique toute la communauté.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote