Conclusion
L'explosion urbaine sur le quartier Sidi Baba
s'accompagne d'inégalités sociales par le développement
d'habitat non réglementaire avec des pressions de plus en plus
importantes sur l'environnement et les ressources naturelles. Ces
inégalités se traduisent notamment par des accès
différenciés aux services et infrastructures de base.
La maîtrise insuffisante de cette urbanisation
démontre l'inadaptation des outils traditionnels de planification et de
gestion urbaine. Malgré l'affirmation renforcée depuis la charte
communale de 2002 des collectivités locales, le transfert des
prérogatives à ces collectivités ne s'est pas
accompagné de moyens suffisants. De plus, l'émergence d'un tissu
associatif local et l'implication du secteur privé dans la gestion des
services urbains traduisent la multiplication du nombre d'acteurs qui
nécessite une approche différente de la gestion du territoire
communal.
L'expérience de terrain a démontré que les
interventions pour s'inscrire dans la durée doivent
nécessairement évoluer vers la prospective. Les
différentes initiatives entreprises pour l'amélioration des
conditions de vie sur l'habitat non réglementaire restent
actuellement toutes orientées vers des secteurs en déficience
particulières (eau, déchets, école,..) et demeurent des
actions ponctuelles et limitées dans le temps. L'expression d'une
demande locale par les habitants pour la résolution d'un problème
ainsi que les solutions alternatives de traitement de gestion des
services urbains apportées, traduisent une volonté dune
action qui pourrait constituer bonne démarches de planification
locale urbaine.
Mais, les acteurs locaux sont-ils prêts et ont-ils
les capacités réelles à se mobiliser collectivement
pour l'avenir de leur commune ?
Comment inscrire véritablement ces initiatives dans
le moyen et long terme pour répondre au développement
durable ?
Le devenir de l'habitat non réglementaire est aussi bien
fonction d'un ancrage spatial que social dans le territoire communal. En
généralisant et donnant l'accès aux services de base
(électricité, eau et assainissement) dans ces quartiers, ils
atteignent un état d'irréversibilité.
Le retour en arrière sera impossible et évacue
l'idée d'éradication ou de déplacement de ces populations
vers d'autres sites. L'absence de réflexion sur les questions relatives
à l'intégration de ces zones dans les documents d'urbanisme et
à la prévention de leur prolifération reste trop peu
abordée par les acteurs.
Par ailleurs, ces espaces sont des lieux habités et
vécus. Il est difficile d'envisager de modifier ces zones d'habitats,
sans tenir compte des pratiques et des représentations sociales qui
marquent l'identité des lieux. Dans ce sens, les recommandations de
l'Agenda 21, formulées lors du Sommet de la terre à Rio en 1992,
mettent l'accent sur la nécessaire implication des acteurs locaux dans
les processus de développement durable. Toutefois, la pratique de
terrain a révélé que les acteurs locaux font souvent
défaut de savoir faire et de compétences pour mettre à
profit leur contribution effective à la définition de
stratégies cohérentes de développement.
A ce titre, les capacités des acteurs locaux doivent
être renforcées afin de pouvoir mettre en place une gestion
participative, élément qui apparaît nécessaire pour
une appropriation durable d'une démarche de planification
concertée.
La question centrale reste encore celle de savoir ce que chacun
veut faire de cet habitat non réglementaire. Tant qu'une position
claire sur leur devenir ne sera énoncé, ils continueront
d'être des espaces d'entre deux. Non véritablement
intégrés à l'urbain, ils risquent de demeurer en marge
d'une gestion urbaine durable.
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