Pour mesurer la compétitivité dans le concert
international, il nous faut adopter des conventions - qui sont celles de la
méthode des prix de référence - qui assurent la
comparabilité des prix et coûts.
Tout d'abord, on doit considérer le prix du produit.
Il est calculé en prix de parité qui est le prix de l'alternative
que représente le recours à l'importation ou à
l'exportation du même bien ou de son bien substituable (en tenant compte
des frais d'acheminement à la frontière). Le prix FOB est donc
l'indicateur de référence du prix du produit.
Si le bien est non échangeable (n'a pas
d'équivalent sur le marché international), on le valorise au prix
de marché (hors taxes et subventions).
On décompose alors le prix de revient en cinq types de
postes :
· Les coûts de production, de transformation et de
commercialisation (hors marges), de recherche etc., évalués
à leur coût d'opportunité
· Les subventions et taxes
· Les effets externes et la fourniture de biens communs
par exemple en ce qui concerne la construction d'infrastructures qui
bénéficient à d'autres secteurs ou qui au contraire
bénéficient au produit concerné
· Les imperfections du marché liées aux
situations de monopole et aux politiques discriminatoires (quotas,
barrières non-tarifaires etc.)
· Les marges : pour les produits exportés il
s'agit d'une différence entre prix de revient et prix FOB, pour les
produits vendus nationalement, la marge est plus liée à la
stratégie commerciale de l'entreprise.
Le prix de vente réel incorpore les
éléments 1, 2, 3, 4 et 5. Le prix de revient comptable est
calculé hors marges.
Le prix de revient de référence n'est
constitué que des points 1 et, pour tenir compte des externalités
et des imperfections de marché, doit ajuster le prix de revient
comptable en fonction de 2, 3 et 4.
Les différents cas précédemment
évoqués peuvent être matérialisés par les
positions respectives des prix de revient de référence par
rapport au cours de référence pour ce qui est de la
compétitivité (le prix FOB pour les produits exportés ou
le prix FOB internalisé - prix de parité à l'importation -
) ou les positions des prix de revient réels par rapport au prix de
vente réel pour ce qui est de la rentabilité.
Ceci définit les quatre cas (1, 2, 3 et 4) selon les
positions respectives du prix de revient de référence et du prix
de marché du produit.
prix de référence: prix
de
revient de référence:
Pr
prix de marché: prix
de revient de
marché:
Pm
Pr>Cr
Pm>Cm
Non rentable
Cm
non compétitif
cas 3
cours du marché: Cm
cours de référence (base FOB): Cr
prix de référence: prix
de
revient de référence:
Pr
prix de marché: prix
de revient de
marché:
Pm
cours du marché: Cm
Pr>Cr
non compétitif
Pr<Cr
compétitif
cas 1
Cm
Pm<Cm
rentable
cas 4
Pm>Cm
Non rentable
prix de référence: prix
de
revient de référence:
Pr
prix de marché: prix
de revient de
marché:
Pm
Cas 2
Cr
Pr<Cr
Pm<Cm
rentable
compétitif
Pm>Cm
Non rentable
Cm
Pr>Cr
non compétitif
cours de référence (base FOB): Cr
cours du marché: Cm
cours de référence (base FOB): Cr
Cr
Pm<Cm
Cr
rentable
Pr<Cr
compétitif
On fait figurer sur un graphique les prix de
référence à gauche et les prix de marché à
droite. Selon la position du prix de revient de référence par
rapport au cours de
référence, on
visualise la
compétitivité du
produit. A droite, selon la position du coût de
production (prix de revient) par rapport au cours du marché, on a une
figuration de la rentabilité de l'entreprise.
La configuration la plus commune est celle dans laquelle le
prix de marché est supérieur au prix de référence,
en particulier à cause de l'existence de taxes à l'importation du
produit.
A moins de fortes distorsions autres que la tarification
douanière, dans cette configuration relative de Cr et Cm, ce sont les
cas 1 et 4 qui seront les plus fréquents. Le cas 2 se présentera
si les intrants sont lourdement taxés ou que les conditions de
marché (monopole, externalités subies par le secteur en question)
grèvent la rentabilité en accroissant les coûts de revient
réels. Le cas 3 au contraire adviendra dans l'hypothèse où
les intrants par exemple sont fortement subventionnés : les entreprises
sont rentables alors que leur production n'est pas compétitive.
On devra grader à l'esprit que le fait de choisir le
prix FOB comme indicateur du cours de référence peut biaiser
l'interprétation qu'on peut faire de la compétitivité. Ce
cours n'est souvent pas le reflet de coûts d'opportunités
internationaux. Pour de nombreux produits, en particulier agricoles, ils
résultent de politiques de soutien dans les pays exportateurs. Le
cours
mondial est donc plus bas que le prix de
référence. En faire la base de comparaison pour la
mesure de
la compétitivité est donc souvent trompeur : de nombreux pays ont
en réalité des
Cr
prix de référence: prix
de
revient de référence:
Pr
prix de marché: prix
de revient de
marché:
Pm
cours de référence (base FOB): Cr
cours du marché: Cm
Pr<Cr
compétitif
Pr>Cr
non compétitif
Pm>Cm
Non rentable
cas 2
Cr
Pm<Cm
rentable
Cm
prix de référence: prix
de
revient de référence:
Pr
prix de marché: prix
de revient de
marché:
Pm
cours de référence (base FOB): Cr
cours du marché: Cm
prix de référence: prix
de
revient de référence:
Pr
prix de marché: prix
de revient de
marché:
Pm
Pr>Cr
non compétitif
Cas 3
Pr<Cr
compétitif
Pm>Cm
Non rentable
Cm
Pm<Cm
rentable
cours de référence (base FOB): Cr
cours du marché: Cm
Pm>Cm
Cr
cas 4
Pr>Cr
non compétitif
Pm<Cm
rentable
Non rentable
Pr<Cr
compétitif
Cm
cas 1
productions compétitives que ne laissent pas
apparaître les calculs à l'aide du cours mondial (la limite sur la
partie
gauche des
graphiques doit
être haussée :
l'espace de
compétitivité est donc en réalité
plus vaste que ne le laisse paraître le calcul à l'aide du prix
FOB).
Dans ce cas, on se rend compte que les situations où
la production interne est non rentable alors qu'elle est compétitive
seront fréquentes. Il faut alors prêter attention à ce que
le cours mondial ne soit pas considéré comme un absolu de la
rentabilité économique d'une production.
Il est alors possible que le cours de référence
soit supérieur au cours du marché.
Ceci peut intervenir sur des biens peu échangeables au
niveau international - ce serait le cas des céréales
sèches - ou sur des produits ayant des substituts sur le marché
international qui sont à un prix qui déprime le prix de vente sur
le marché intérieur - ce serait le cas des rebuts ou
sous-produits des pays du nord -.
Le cas 2 apparaît alors comme fort probable : une
production est compétitive mais apparaît comme non-rentable
localement (on peut penser au effet du dumping des cours mondiaux sur les
économies du sud).
Les cas 1 et 4 se présentent lorsque en outre, les
politiques nationales ou les conditions de marché locales
confèrent un avantage à la filière concernée
(subventions aux intrants ou externalités dont bénéficie
le secteur). Le cas 3 est extrême : les cours du marché sont
déprimés mais grâce à une politique
spécifique, la production est rendue rentable. Ceci correspondra
à une logique politique de soutien volontaire à un secteur
d'activité (pour des raisons stratégiques mais aussi de
mal-gouvernance, par exemple de collusion entre les entrepreneurs de ce secteur
et l'administration).
On rappelle qu'avec la tarification, les cours du marché
sont de plus en plus définis par rapport aux cours mondiaux. C'est la
première configuration qui sera donc la plus fréquente.
On doit donc déterminer les différents prix.
Les prix de marché sont ceux constatés ou
déclarés par les entreprises : OMAH et CPS pour les prix
agricoles ; MIC et DNSI pour les prix industriels.
Les prix de référence sont principalement
calculés à partir des prix FOB relevés par les douanes.
Les conventions sont celles de la méthode des prix de
référence.
· Pour les flux de produits et d'intrants, on fait la
distinction entre biens échangeables et non-échangeables et on
calcule les prix de référence.
· Pour la terre et la main d'oeuvre, on conserve leur
valeur de marché.
· Les taxes, subventions et autres transferts sont
éliminés.
· Les transferts financiers sont éliminés
s'ils sont en monnaie nationale et maintenus s'ils sont en devise41.
· Le poste d'apport de capital propre est également
éliminé en tant que transfert On peut alors calculer le prix de
revient de référence.
41 On considère que le taux de change Fcfa/euro est le
taux de change de référence