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impact des APE sur le developpement des pays enclavés le cas du Mali

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par Matiéré Bassian DIARRA
IUG/UFP université de Bamako - Maîtrise en commerce international 2007
  

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Résumé

Les enjeux des Accords de Partenariat Economique (APE) pour l'Afrique de l'ouest et le Mali

Le principe de l'APE en Afrique de l'ouest

L'accord de Cotonou englobe un ensemble de dispositions qui régiront les relations entre l'UE et les ACP. Nous nous concentrons dans cette étude sur son volet commercial.

Les APE doivent être signés entre l'UE et des entités régionales. Pour l'Afrique de l'ouest, c'est la CEDEAO qui est choisie. La feuille de route des négociations de l'APE adoptée en mars 2004 lors de la réunion technique CE-CEDEAO est claire : il s'agit - à travers l'APE - de créer progressivement, conformément aux règles de l'OMC, d'une zone de libre échange entre la CEDEAO et la Communauté européenne pendant une période de douze ans à compter du 1er janvier 2008 1.

Mais, comme il existe encore différents régimes douaniers au sein de la zone CEDEAO, la création d'une ZLE avec l'UE implique une modification du tarif douanier d'ampleur différente. Une mise à niveau préalable a donc été prévue. Il s'agit pour les Etats non- membres de l'UEMOA d'« élaborer un programme régional d'adoption du TEC en indiquant les mesures transitoires, les mesures d'exception et celles d'accompagnement ». Les négociations commerciales en vue de la conclusion d'un APE portent alors aussi bien sur la suppression des entraves au libre-échange que sur la période transitoire de désarmement tarifaire et sur la gamme des produits couverts par ledit Accord.

Les enjeux commerciaux en Afrique de l'ouest et au Mali

Les pays de la CEDEAO exportent déjà vers l'UE, mais principalement des produits complémentaires de ceux d'Europe, en particulier des produits tropicaux. Grâce aux accords établis avec les pays ACP et à l'initiative « Tout sauf les armes » en ce qui concerne les PMA, ils bénéficiaient jusqu'à présent d'une légère préférence tarifaire vis à vis des produits originaires de pays concurrents d'Amérique Latine et d'Asie. Mais la présence d'obstacles non tarifaires est souvent considérée par les opérateurs comme la contrainte majeure à la pénétration du marché européen.

C'est donc au niveau des importations en provenance de l'UE que se trouve l'enjeu principal
pour les pays ACP et donc la CEDEAO. Le risque d'écoulement unilatéral, sur les marchés
africains, de produits européens issus des stocks d'intervention de la Communauté

1 Feuille de route, p 1

européenne à l'aide de subventions à l'exportation (les fameuses restitutions) a souvent été souligné, sur la base des expériences passées. Ce fut le cas pour les céréales, la viande et les produits laitiers.

Des intérêts nationaux pas toujours convergents

Actuellement les disparités tarifaires avec le TEC UEMOA et la diversité des situations sont très grandes. Certains pays comme le Nigeria gardent des tarifs très élevés, d'autres comme la Gambie et le Cap Vert ont des régimes très libéraux. Le Ghana a une structure tarifaire proche de celle de l'UEMOA mais avec une classification très différente et de nombreuses exemptions. L'établissement d'un APE représentera donc pour les différents pays de la CEDEAO un saut plus ou moins important vers le désarmement tarifaire.

Au niveau de la région, des problèmes spécifiques peuvent se poser à certains pays et pas à d'autres. A titre d'exemple, le coton est un enjeu essentiel pour plusieurs pays sahéliens dont le Mali sans pour autant constituer un intérêt majeur pour toute la CEDEAO. De même, les importations de viande à bas prix de l'UE par certains pays côtiers peuvent compromettre les intérêts des pays d'élevage. Autant de difficulté d'identifier des terrains d'entente sur les produits devant faire l'objet de mesures de sauvegarde.

Une appréciation doit donc être portée sur les forces et faiblesses d'une adhésion à un APE pour chaque pays au sein des entités sous-régionales. On considère que c'est cette appréciation permettant de réaliser cette balance entre avantage d'un accès plus favorable au marché européen et désavantage d'une compétition accrue sur son marché intérieur qui décidera chaque pays de la région à accepter ou non de rentrer dans un APE.

5 hypothèses pour simuler l'impact des APE

On considère donc raisonnable d'envisager que la position des différents pays de la région vis à vis de la signature d'un APE puisse évoluer. On convient alors que selon la configuration de l'entité régionale qui signera un APE, les conséquences pour les différents pays membres de cette entité seront différentes. A chaque configuration pourraient donc correspondre des hypothèses différentes d'évolution du commerce extérieur.. L'impact des APE sur le Mali dépendra donc des hypothèses faites sur les groupements régionaux qui signeront l'accord avec l'UE - CEDEAO ou UEMOA ou CEDEAO sauf l'UEMOA - et des hypothèses de modification des flux commerciaux qui en résultent.

On envisage 5 scénarios dont on évaluera l'impact en terme de modification des flux commerciaux pour le Mali:

Scénario 1 l'APE est conclu avec la CEDEAO

Scénario 2 l'APE est conclu avec l'UEMOA

Scénario 3 aucun APE n'est conclu en Afrique de l'Ouest

Scénario 4 l'APE est signé avec le reste de la CEDEAO sans l'UEMOA

Scénario 5 pas d'APE mais l'intégration régionale est achevée.

L'agenda établi pour la CEDEAO : la feuille de route

La feuille de route établit le calendrier de discussion et de mise en oeuvre de l'APE:

· de mars 2004 à juin 2005, définition des priorités d'intégration économique et commerciale de la région, formulation et mise en oeuvre du programme d'amélioration de la compétitivité et de mise à niveau des entreprises

· de juillet 2005 à juillet 2006, élaboration de l'architecture globale de l'APE et du projet d'accord

· de septembre 2006 à fin 2007, tenue des négociations sur l'accès au marché. Ces négociations se fondent sur les résultats des études menées de décembre 2003 à décembre 2004 et en 2004-2005 pour ce qui est des secteurs sensibles et des entreprises en difficulté. Parallèlement, des programmes de mise à niveau pour chaque pays dans le domaine de l'environnement des affaires, des infrastructures et des services marchands seront formulés en 2004-2005 et mis en oeuvre jusqu'en 2020.

Les échanges commerciaux du Mali et la place qu'y occupe l'UE

Le commerce extérieur malien

En 2003, la valeur totale des importations du Mali s'élevait à plus d'un milliard d'Euros. Le commerce extérieur au Mali représente environ 50% du PIB. Au cours de la période post- dévaluation, le commerce extérieur du Mali a progressé, au taux moyen annuel de 14.2% pour les exportations et de 5.3% pour les importations, soit une amélioration moyenne du déficit commercial de 20.2% par an.

Toutefois, la période post-dévaluation se caractérise par une relative détérioration des termes de l'échange de 0.7% par an en moyenne. Cette détérioration s'explique par la structure commerciale du Mali qui rend le pays vulnérable à la baisse tendancielle des cours des matières premières exportées et au renchérissement des prix de ses principaux produits d'importation.

Dans sa structure, le commerce extérieur du Mali est dominé par trois grands groupes de produits - le coton fibre, l'or et les animaux vivants - qui totalisent plus de 90% de la valeur totale des exportations du pays . La diversité est plus grande à l'importation.

La politique commerciale du Mali

La libéralisation de l'économie est consacrée depuis l'adoption des premières politiques d'ajustement du début des années 80.

L'application du TEC fait suite à l'adoption par le Mali du code communautaire des douanes. A ce titre, les produits des pays de l'UEMOA circulent librement (sous certificat d'origine) et les produits de pays tiers sont soumis aux mêmes taux de TEC.

La rationalisation des procédures douanières a consisté en la simplification des formalités administratives de commerce réduites à la levée d'intention d'importer ou d'exporter auprès de la Direction nationale du commerce et de la concurrence (DNCC) et d'un certificat d'origine auprès de la Chambre de commerce et d'industrie du Mali (CCIM) ainsi que la

suppression de la TCI sur la farine de blé au profit de l'instauration d'une valeur de référence sur ce produit.

En dépit de ces efforts, il subsiste toutefois - aux dires des opérateurs - des entraves à la libéralisation complète des échanges, aux plans tarifaire et administratif, notamment le certificat d'intention d'importer, (même s'il a l'avantage de permettre un recensement statistique des opérations de commerce) la patente d'exportateur, l'obligation de rapatrier dans les 180 jours les recettes d'exportation convertis en francs cfa dans une banque de la place (pour tout montant supérieur à un million de Fcfa), la lenteur dans le remboursement de la TVA payée sur les intrants utilisés dans la production de biens exportés.

La place de l'UE dans les échanges du Mali

L'Europe représente une part importante des exportations du Mali (45% en moyenne par an sur la période 1995-00 - dont 22% pour l'Union européenne), suivie de l'Asie (25%), de l'Afrique (20% - dont 17% pour l'UEMOA) et de l'Amérique (11%).

En 2003, l'UEMOA était le principal fournisseur du Mali, à part quasiment égale avec l'UE puis le reste du monde. Les pays de la CEDEAO qui ne font pas partie de l'UEMOA participent pour seulement 2% dans les importations du Mali.

En revanche, le Mali ne représente que 0,02% du commerce de l'UE avec les pays tiers. Cette part très faible permet de relativiser le risque pris par l'UE pour se protéger des importations de pays ACP (sucre, bananes, viande notamment).

Le Mali n'est que le 10ème partenaire de l'UE au sein de la CEDEAO. Il ne représente que 2% des échanges de la CEDEAO avec l'UE : 3% des importations en provenance de l'UE et 0,6% des exportations à destination de l'UE, ceci sachant que la CEDEAO elle-même ne représente que 1,1% des importations de l'UE en provenance de pays tiers et 1,3% des exportations de l'UE vers l'extérieur.

Le Mali est donc un partenaire mineur de l'Union Européenne par rapport à ses voisins de la CEDEAO qui ne font pas partie de l'UEMOA : Mauritanie, Guinée, Ghana et Nigéria sont de plus importants partenaires de l'UE. Le Nigéria et le Ghana en particulier avec des balances commerciales relativement équilibrées pour des flux de respectivement 5 et 1 milliards d'euros sont des portes d'entrée potentiellement importantes pour des produits européens en direction du reste de la CEDEAO.

La structure des importations du Mali depuis l'UE

Si les biens de consommation finale représentent près de la moitié des importations du Mali en provenance de l'UE, les biens de production (machines etc.) en représentent plus du quart ce qui indique le créneau stratégique pris par l'UE dans la structure productive malienne.

Les importations de produits agricoles et agroalimentaires occupent 17% du volume total. Il s'agit surtout de produits transformés à base de céréales (biscuiteries, pâtes, etc.) et de produits laitiers. Les matières brutes (céréales et sucres) représentent moins de 2,5% du total.

Les catégories 1, 2 et 3 de l'UEMOA sont représentées à part à peu près égales dans les
importations du Mali, autour de 30%. Il convient d'abord de rappeler qu'en 2003, l'UE est de

loin le principal fournisseur des produits de la catégorie 0 composée des médicaments, équipement médical, journaux et livres. Elle représente également plus du tiers des importations de biens de catégorie 1 constituée de biens d'équipements et de matières premières.

Les exportations du Mali vers l'UE

Le coton représente à lui seul environ les deux tiers des exportations du Mali vers l'UE. Les cuirs et peaux représentaient également une valeur significative mais ce deuxième poste d'exportation ne dépasse pas 11% de la valeur totale. L'or n'est que peu vendu vers l'Europe.

On peut dire que près de 80% des exportations du Mali sont constitués de biens intermédiaires pour l'industrie européenne. Les produits de consommation finale ne représentent que 14% dont la moitié sous forme de réexportation. Il est attendu que la signature d'un APE s'accompagne d'un accroissement des exportations sur le marché européen avec une meilleure exploitation des filières porteuses, notamment par une politique d'incitation à l'investissement privé, national et étranger. Malheureusement, cette promotion des exportations pourrait être contrariée par la persistance des barrières non tarifaires érigées par l'UE contre les produits ACP. Cette question devra être approfondie.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein