L'édification du système éducatif
algérien, s'est réalisée à un rythme rapide depuis
l'indépendance, et représente aujourd'hui un ensemble de sous
systèmes qui est en voie d'être profondément
réformé.
Par son ampleur le système scolaire et universitaire
algérien a exercé des effets socio-économiques importants
sur la société algérienne : conjointement aux
investissements économiques réalisés en Algérie en
particulier durant les années soixante dix, les institutions
éducatives, notamment celles de l'enseignement supérieur, ont
grandement contribué au développement d'une classe moyenne
influente, formée de cadres administratifs d'enseignants, de
médecins, d'ingénieurs etc.
Dans le présent chapitre, on tentera de cerner, d'une
manière générale, les progrès quantitatifs et
qualitatifs du système éducatif actuel. Ce bilan a
été dressé a partir de données statistiques
puisées dans les documents officiels du ministères de
l'éducation nationale et ceux de I'Office National des Statistiques,
ainsi que du rapport national sur le développement de l'éducation
en Algérie, présenté dans la conférence
internationale de l'éducation qui s'est déroulé du 8-1
1septembre 2004 à Genève.
Dans la première section, on parlera de l'évolution
des réforme du système éducatif entreprise par
l'Algérie depuis son indépendance, jusqu'a aujourd'hui.
A la fin de ce chapitre, on procèdera à
l'évaluation quantitative de notre système éducatif par
degré d'enseignement (le préscolaire, l'enseignement fondamental,
l'enseignement secondaire et l'enseignement universitaire). Avant de donner une
conclusion sur ce qui a caractérisé l'évolution du
système éducatif Algérien.
Après sa révolution contre le colonialisme
français qui c'est concrétisée par son indépendance
en 1962, l'Algérie a entamé plusieurs autres révolutions
dans différents domaines. L'une des plus importantes fut la
révolution culturelle, qui avait pour but de compléter
l'indépendance acquise par les armes, en permettant aux Algériens
d'affirmer leur personnalité, en redevenant eux-mêmes.
Partant de la, cette révolutions a mis l'accent sur
certains points essentiel pour réformer le système
éducatif algérien, à savoir :
· La décolonisation de l'enseignement,
· La démocratisation,
· L'arabisation.
D'autres réformes ont été adoptées
un peu plus tard, pour permettre au système éducatif de suivre
l'évolution de la société algérienne, et du monde
extérieur.
1 Les politiques scolaires adopté par
l'Algérie dés l'indépendance : 1.1 La
décolonisation de l'enseignement :
L'Algérie indépendante s'est très vite
attaché à décoloniser l'enseignement par une série
de réformes des programmes touchant tous les degrés, et à
décoloniser l'histoire, les mentalités, par un véritable
contre enseignement combattant les préjugés et les mensonges
inculqués par le colonialisme, en faisant mieux connaître ce qu'il
a voulu faire mépriser, déformer ou ignorer.
Le contenu de l'enseignement a été
progressivement algérianisé. Dans une première
étape l'enseignement de l'histoire, de la géographie, de la
littérature et de la philosophie, a été rendu en fonction
du milieu physique et humain et de la civilisation arabo-islamique, d'une part,
et l'université algérienne a été mise
progressivement en accord avec les orientations et le développement de
l'Algérie d'autre part.
Dans une seconde étape, et pour mener a bien cette
politique de décolonisation de l'enseignement, il fallait
également algérianiser et renforcer les moyens
pédagogique, particulièrement les manuels scolaires. C'est ainsi
que la totalité des moyens pédagogiques utilisés dans le
cycle élémentaire et une partie de ceux en usage dans le cycle
secondaire, sont conçus, confectionnés et diffusés par
l'institut pédagogique national (IPN).
1.2 L'arabisation :
L'un des objectifs essentiels de l'Algérie, dicté
par le coeur tout autant que par les exigences du réel, est de donner
à l'arabe sa place de langue nationale.
Dans tous les domaines de l'activité nationale
(Enseignement. Administration, Entreprises publiques, Justice) des mesures
tendant à rendre à la langue arabe sa dignité et son
efficacité en tant que langue de travail et de civilisation sont prises
et appliquées. La langue arabe reprend progressivement la place que le
peuple algérien n'a cessée depuis toujours de revendiquer pour
elle.
Parmi les mesures d'arabisation progressive de l'enseignement,
on peut mentionner:
· l'arabisation totale des 2 premières années
du cycle élémentaire,
· l'introduction de 10 heures d'enseignement en langue
arabe de la 3e à la 7e année du
cycle
élémentaire, plus l'arabisation du calcul en 3e année
à partir de la rentrée 1969/70,
· l'arabisation des enseignements de la morale, de
l'instruction civique, de l'histoire et de la géographie.
· la création de 10 collèges d'enseignement
général et de 5 lycées entièrement
arabisés,
· l'instauration d'une épreuve d'arabe obligatoire
pour tous les examens de l'éducation nationale,
· La création de diplômes d'enseignement en
langue nationale : EI-Ahlya baccalauréat arabe, licence en lettres
arabe, licence d'histoire et licence en droit en langue arabe.
L'arabisation s'est développée en premier lieu
dans le primaire et le secondaire. Ce processus s'est étendu ensuite au
supérieur. Une grande partie des enseignements donnés dans les
facultés des lettres et des sciences humaines sont actuellement
dispensés en langue arabe, un enseignement en arabe est donné
également dans les facultés de droit et des sciences
économiques, et même pour les sciences techniques dans certaines
universités.
En faculté des lettres, toutes les licences
préparant à la carrière d'enseignant sont
entièrement arabisées. Outre ces mesures qui élargissent
le secteur arabisé de l'enseignement supérieur, d'autres mesures
ont été prises pour que les étudiants engagés dans
les études en langue étrangère reçoivent en trois
cents heures, au cours de leur scolarité normale, une formation en arabe
telle qu'à l'issue de leurs études, ils possèdent une
maîtrise suffisante de la langue nationale pour l'utiliser dans leur vie
professionnelle.
1.3 Démocratisation de l'enseignement
:
Les efforts fournis jusqu'à ce jour en vue de
réaliser "l'école pour tous" ont déjà porté
leur fruit. Dans ce domaine, les chiffres parlent d'eux-mêmes,
puisqu'à la rentrée scolaire 2004-2005, l'Algérie pouvait
affirmer que rien que dans le primaire, une progression de plus de 200% des
effectifs des élèves venant de franchir les portes de
l'école pour la première fois est enregistré par rapport
à la rentré scolaire 1963/64.
Ainsi, en même temps que se réalise le principe
qui consiste à donner à chaque enfant algérien les
mêmes chances, au départ, d'accéder au savoir, les autres
niveaux d'enseignement suivent une progression des plus prometteuses en
s'ouvrant de plus en plus aux enfants issus des couches populaires les plus
déshéritées.
La réalisation de la justice scolaire ne vise pas
uniquement la généralisation de l'enseignement dans le cycle
élémentaire mais aussi la possibilité pour chaque enfant
algérien de progresser aussi loin que le lui permettent ses aptitudes
afin d'occuper la place qu'il mérite au sein de la
société.
2. les réformes du système éducatif
:
2.1. La réforme de l'enseignement
supérieur de 1971 :
La réforme universitaire mise en application en
1971/1972 est l'aboutissement de plusieurs années d'effort et de
réflexion. L'algérianisation totale des programmes de sciences
sociales est devenu par cette réforme une réalité.
L'enseignement de l'économie politique comprend l'étude des
problèmes de la gestion socialiste.
Ce souci d'adaptation aux réalités nationales
et aux options du pays apparaît aussi bien dans les enseignements de
sciences sociales, à fort contenu idéologique, que dans les
programmes des disciplines conduisant aux carrière scientifiques. Le
diplôme d'ingénieur reçoit en particulier une
définition assez large pour qu'il puisse permettre le
développement plus rapide de l'enseignement technologique.
Les objectifs fixés par la réforme de 1971
étaient :
· La formation des cadres immédiatement
opérationnels exigés par l'effort de développement de
l'Algérie en mobilisant l'ensemble de son potentiel,
· La diversification des profils de formation pour
satisfaire les besoins de l'ensemble des secteurs : en d'autres termes,
l'université doit répondre à toutes les demandes en cadres
que lui formuleront les organismes utilisateurs,
· La formation du plus grand nombre de cadres au moindre
coût possible afin de rentabiliser au maximum l'ensemble des
investissements, cela est exigé par la nécessité du
développement du pays,
· Durant sa formation, l'étudiant doit
s'imprégner des réalités de son peuple grâce
à l'ouverture de l'université sur la collectivité
nationale qu'il aura à servir, ce qui permettra de former des cadres
engagés auprès de leur peuple.
2.1. Le plan quadriennal (1974-1977) «
l'instauration du système éducatif »
Cette rénovation du système éducatif a
vu le jour, juste après celle concernant l'enseignement supérieur
en 1971. Les deux réformes étaient dictées par une demande
pressante en cadres et en main d'oeuvre qualifiée. L'objectif principal
visé par cette mesure est de remplacer l'école primaire
classique, par l'école fondamental polytechnique, en intégrant
les deux cycles primaires et moyen dans un seul cycle dénommé
l'enseignement fondamental composé de trois paliers, trois ans pour
chacun, d'une durée total de 9 ans.
2.2. La création du Conseil Supérieur de
l'Éducation :
La création du CSE était dictée par la
faillite de l'école algérienne qui est devenu une
réalité avouée, surtout depuis la crise politique de 1988,
qui a déclenché des débats houleux condamnant toute
médiocrité et inefficacité de l'école qui ne
produit pour l'économie nationale qu'une main d'oeuvre peu
qualifiée, voir démunie de toute compétence dans un monde
en plein mutation.
Le conseil est constitué de cinq commissions
permanentes chargées de concevoir une politique nationale qui a pour
mission de réformer l'institution éducative en place et donc de
redresser la situation, chaque fois que nécessaire.
Le CSE est chargé de la coopération, de la
concertation, de l'étude, et de l'évaluation en matière
d'éducation et de formation.
2.3. La nouvelle réforme du système
éducatif :
Une réforme globale du système éducatif
était entreprise, à travers l'instauration, par le
président de la république d'une commission nationale de
réforme du système éducatif le 13 mai 2000. La commission
était chargée de procéder, sur la base de critères
scientifiques et pédagogiques, à une évaluation du
système éducatif en place en vue d'établir un diagnostic
qualifié, objectif et exhaustif de tous les éléments
constitutifs du système d'éducation, de formation professionnelle
et d'enseignement supérieur, et d'étudier, en fonction de cette
évaluation, une refonte totale et complète du système
éducatif. La commission a donc été chargée de
proposer un projet définissant les éléments constitutifs
d'une nouvelle politique éducative comportant, notamment, une
proposition de schéma directeur portant d'une part, sur les principes
généraux, les objectifs, les stratégies et les
échéanciers de mise en oeuvre graduelle de la nouvelle politique
éducative, et, d'autre part, sur l'organisation et l'articulation des
sous-systèmes ainsi que l'évaluation des moyens humains,
financiers et matériels à mettre en place. La Commission a
adopté son rapport général (mi mars 2001). Ce projet de
réforme de l'éducation correspond à une étape de la
démarche globale de réforme du système éducatif
engagée par l'État, réforme dont l'opportunité a
été constamment confortée au cours de ces dernières
années par les réactions de mécontentement de l'opinion
publique devant les performances insuffisantes enregistrées aux examens
scolaires, notamment au baccalauréat, et par les aspirations
légitimes de la société à un enseignement et une
formation de qualité pour ses enfants. L'injection ponctuelle de mesures
dites qualitatives n'a pas suffi, malgré une légère
tendance à l'amélioration observée au cours des cinq
dernières années.
Par ailleurs, les mutations intervenues dans les
différents domaines, tant au plan national qu'international s'imposent
comme éléments constitutifs majeurs du développement
national que l'éducation doit alimenter en générations
formées et qualifiées. Parmi ces mutations, on peut citer:
1. au plan national
· l'avènement du pluralisme politique, ce qui
implique pour le système éducatif la préparation des
jeunes générations à une perception juste du concept de
démocratie et de tout ce qu'il sous-tend comme valeurs et attitudes au
service d'une société irriguée par son identité
nationale et tendue vers le mieux-être et la modernité,
· l'abandon de l'économie planifiée et des
modes de gestion centralisée et l'avènement de l'économie
de marché, avec toutes les mesures socio-économiques qui la
caractérisent et l'accompagnent (réduction des dépenses
publiques, ajustement structurel, restructuration industrielle,
démonopolisation du commerce extérieur, privatisation,...), ce
qui appelle l'éducation à préparer le futur citoyen
à vivre dans cet environnement et à s'y adapter.
2. au plan international
· la mondialisation de l'économie, qui exige de
l'éducation la préparation adéquate des individus et de la
société à la compétition impitoyable qui se profile
au seuil du 21 ème siècle où la
prospérité économique des nations dépendra
essentiellement du volume et de la qualité des connaissances
scientifiques et des savoir-faire technologiques qu'elles auront
intégrés,
· le développement rapide des connaissances
scientifiques et technologiques ainsi que des moyens modernes d'information et
de communication, dont l'impact sur l'évolution des professions appelle
l'éducation à axer ses programmes et ses méthodes
pédagogiques sur le développement des capacités d'analyse,
de raisonnement, d'argumentation et de synthèse qui permettent
l'adaptation à cette évolution des professions.