- CHAPITRE 3 -
Les méthodes de lutte et de contrôle de la
Cératite
La lutte contre la Cératite demeure un problème
très préoccupant compte tenu de la gravité et de l'ampleur
des dégâts associés à la difficulté
d'intervention. Plusieurs techniques ont été mises au point
depuis le début du siècle sans arriver à éradiquer
ce ravageur très polyphage et multivoltine.
I- La lutte chimique
La lutte chimique reste l'arme la plus déployée
contre la mouche des fruits. La gamme d'insecticide ne cesse de s'agrandir vu
le pouvoir de re-sélection, le pouvoir reproductif rapide et les
générations courtes et chevauchantes dans le temps du
ravageur.
Le seul stade cible étant l'adulte, les autres stades
exigent des produits systémiques contre-indiqués pour les fruits
en maturité susceptibles à l'attaque et pour la faune
(1).
Groupes d'insecticides
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Insecticides
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Périodes d'utilisation
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Minéraux
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Arséniates
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Arséniates de sodium
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1908-1950
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Organiques de synthèse
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Organochlorés
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DDT
Dieldrine HCH
Chlordane
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1949-1963 1950-1965 1963-1974 1963-1974
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Organophosphorés
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Parathion Malathion Trichlorvios Diméthoate
Fenthion Dichlorvos
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1958-1973 1956- aujourd'hui 1956-aujourd'hui 1958-
aujourd'hui 1959- aujourd'hui 1963- aujourd'hui
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Pyérthrinoïdes
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Deltaméthrine
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Récemment
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Tableau 7 : Liste des insecticides utilisés dans
le monde contre la Cératite (1) :
L'utilisation des produits chimiques par plusieurs
méthodes vise essentiellement ces dernières années leur
épandage en quantité minimale (Tableau 7). Ces méthodes
varient de l'utilisation avec un attractif sous forme d'appâts
empoisonnés jusqu'au traitement par bandes ou par taches. En plus, les
femelles exigeant une alimentation protéique pour leur maturité
sexuelle, seront attirées dès l'émergence vers
l'appât.
Les appâts empoisonnés consistent en la
présence d'attractif alimentaire additionné à
l'insecticide attirant les mouches qui s'en alimentent et meurent.
En Tunisie, Yana et Stancic (1967) ont mis au point une
méthode de traitement aérien à très bas volume en
utilisant une part d'insecticide pour 4 parts de solution protéinique
avec une dose totale de 1,5 l /ha. Récemment, l'utilisation des
attractifs sexuels s'est avérée très prometteuse.
Le traitement par bandes alternées avec le polycore
à base de trimedlure a donné une efficacité pouvant
atteindre 76% par rapport au témoin contre 47% pour l'insecticide plus
un attractif alimentaire (Lysatex). Ce résultat est beaucoup plus
intéressant sachant qu'uniquement la moitié de la surface est
traitée ce qui permettra une meilleure gestion des ressources naturelles
: objectif primordial des politiques agricoles.
Aujourd'hui et selon les recommandations du Ministère
de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques, on conseille de lutter
chimiquement par voie terrestre dans les plantations d'agrumes qui est
considérée comme une culture stratégique, surtout les
espèces précoces en automne.
Toutes les autres espèces doivent être
traitées selon la chronologie de maturité des fruits, y compris
les plantations à usage familier (le Néflier de Japon, le
Pêcher, l'Abricotier...). Le traitement se fait sur les fruits
chutés et sur les arbres avec un insecticide chimique et un attractif,
sans oublier de traiter le pourtour des vergers et surtout les haies de Figuier
de Barbarie dès le mois de mai.
La lutte chimique s'est avérée insuffisante pour
contrôler ce ravageur. Les pertes, dues à la Cératite en
Tunisie, malgré les traitements effectués, sont de l'ordre de
10.500.000 $ US par an. Sans oublier l'impact de ces traitements sur
l'environnement, la santé humaine et l'entomofaune auxiliaire utile.
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