b/ Controverse au tour de la question de l'aide alimentaire
monétisée
Après un constat clair de la façon dont l'aide
est mise en oeuvre au Niger, nous pouvons dire que l'aide alimentaire programme
est principalement caractérisée par la monétisation de
l'aide alimentaire sur les marchés locaux.
C'est ainsi que la FAO dans sont Rapport de Janvier 2007
pointait du doigt sur cette aide alimentaire de gouvernement à
gouvernement qui, selon elle, ne cible pas toujours les
bénéficiaires potentiels, ceux qui ont le plus besoin. Le Rapport
met en avant le fait que une tonne sur quatre est revendue sur les
marchés locaux des pays bénéficiaires pour constituer des
fonds pour le développement.
Certaines ONG, à l'image de CARE (une ONG
Américaine, spécialisée dans le domaine de l'aide
alimentaire), pensent que " la monétisation risque de
déséquilibrer les marchés des pays en voie de
développement et a globalement un effet négatif. Elle engendre
non seulement des coûts d'approvisionnement, d'expédition et de
manutention des denrées alimentaires, mais aussi les coûts de
marketing et de vente de ces denrées dans les pays
bénéficiaires".
Tandis que d'autres soutiennent l'idée de la vente des
produits alimentaires venant de l'aide, dans le but de constituer un fond
permettant de régler d'autres aspects du problème de
l'insécurité alimentaire, ce passage édifiant de l'une des
conférences de Rony Brauman (l'un des fondateurs de MSF, médecin
sans frontière) sur la situation alimentaire au Niger
révèle une double position face à la question d'aide
monétisée :
« ...le Niger dépend, en grande partie de
l'aide internationale...cette aide n'est pas destinée à
être donnée mais à être vendu...on trouve sur les
marchés des sacs de grains...la présence de ces sacs sur les
marchés est interprétée comme le signe du
détournement de l'aide...non, cette interprétation est
fausse : ces dons sont effectivement gratuits, dans la mesure où le
pays ne les achète pas. Leur objectif n'est pas d'être
distribués gratuitement mais d'être commercialisées pour
faire baisser les prix et servir à ce que l'on appelle le stock de
régulation : plus on met les céréales sur le
marché et plus les prix baissent...le problème est que cette
aide, cette nourriture qui était accessible aux familles n'est pas
appropriée aux enfants. Les enfants de moins de trois ans ont besoin
d'aliments un peu spécialisés...le problème vient donc de
ce système d'aide, qui restait commerciale... ».
Même si ce point de vu reste discutable, il est
néanmoins vrai que les aliments en nature octroyés aux pays
demandeurs ne sont pas toujours adaptés pour toute sorte de population,
notamment celles des femmes et des enfants à bas âges, et, la
monétisation de l'aide, dans le cas du Niger aurait permis de couvrir
des frais de transformation ou ravitaillement en produits adaptés.
Nous pouvons donc dire que l'aide alimentaire programme est
principalement caractérisée par la monétisation, et
l'impact de cette monétisation est considérable sur la
sécurité alimentaire des populations, puis sur la vie socio
économique et sanitaire du pays.
Cependant, la question saurait-elle se poser de la même
façon concernant l'aide alimentaire dans une situation
d'urgence ?
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