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Soutenabilité de la dette publique des pays post PPTE de la Zone Franc

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par Guy Albert KENKOUO
ISSEA - Ingénieur statisticien 2008
  

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II.2- Évaluation économétrique de la soutenabilité de la dette publique

La crise de l'endettement du tiers monde a pleinement enrichi les recherches des économistes et des analystes de la dette. Les premières analyses économétriques ont été effectuées en 1986. Ces analyses ont évolué au point qu'on compte de nos jours plus de cinq modèles économétriques d'analyse de la soutenabilité de la dette publique. Nous ferons ici une brève littérature sur les modèles économétriques d'analyse de la soutenabilité de la dette publique utilisant comme séries la dette et le solde budgétaire primaire. Ensuite, nous présenterons particulièrement les conditionnalités de soutenabilité de la dette publique de P.FEVE et P.Y. HENIN, qui ont été développées pour les PVD singulièrement.

II.2.1- Une brève revue de littérature sur les études utilisant la dette et le solde primaire pour tester la soutenabilité de la dette publique

À la lumière des travaux de FELWIN (2005) et de YOUMBI (2006), les modèles d'analyse de la soutenabilité de la dette publique d'un pays sont apparus avec les travaux de HAMILTON et FLAVIN (1986). En effet, ils sont les premiers à tester empiriquement le respect de la contrainte budgétaire intertemporelle de l'État. De nombreux autres chercheurs se sont ensuite intéressés à ce domaine. C'est ainsi que les travaux de WILCOX (1989), TREHAN et WALSH (1988), TREHAN et WALSH (1991) et HAKKIO et RUSH (1991) ont proposé les modèles d'analyse de la soutenabilité de la dette publique d'un pays. Ces modèles sont résumés dans le tableau 3.

Tableau 3: Récapitulatif des techniques économétriques d'analyse de la soutenabilité de la dette publique

Auteurs

Année

Méthode

Séries

Période

Résultat

Taux d'actualisation

HAMILTON et FLAVIN

1986

Test de stationnarité (ADF)

Dettes et solde primaire des USA

1960-1984

stationnarité

Taux réel

WILCOX

1989

Test de stationnarité (ADF)

Dettes et solde primaire des USA

1960-1984

rejet de la stationnarité

Taux constant

WALSH et TREHAN

1988

Test de cointégration

Dettes et solde primaire des

USA

1964-1984

rejet de la stationnarité

Taux constant

WALSH et TREHAN

1991

Test de cointégration

Dettes et solde primaire des USA

1964-1984

stationnarité

Taux du marché

HAKKIO et RUSH

1991

Test de cointégration

Recettes et dépenses gouvernementales (charges d'intérêts inclues)

1964-1984

rejet de la stationnarité

 

Source : Auteur

Les modèles proposés se basent soit sur des tests de stationnarité, soit sur des tests de cointégration. Les tests de cointégration sont une généralisation des tests de stationnarité des séries de dettes et de surplus primaire. Ils supposent que la soutenabilité nécessite que recettes et dépenses soient cointégrées, c'est-à-dire qu'il existe une combinaison linéaire de ces deux variables qui soit stationnaire. QUINTOS (1995) parle de soutenabilité forte lorsque le coefficient de cointégration entre les deux variables est unitaire. Dans ce cas, les recettes et les dépenses s'ajustent complètement, la différence entre recettes et dépenses est stationnaire et la condition de transversalité est respectée. Par contre lorsque le coefficient de cointégration est compris entre 0 et 1, QUINTOS (1995) parle de soutenabilité faible. L'évolution des dépenses s'accompagne d'une évolution des recettes de même signe, mais de moindre amplitude. Dans ce cas, la série des déficits n'est plus nécessairement stationnaire.

Ces notions de soutenabilité forte et faible soulèvent quelques questions. Elles n'empêchent pas le ratio dette sur PIB d'atteindre des niveaux très élevés. Maintenir un déficit stationnaire avec une dette constamment croissante suppose que l`on doit dégager des excédents primaires eux aussi en croissance continue, pour compenser la croissance de la charge de la dette, ce qui semble peu réaliste. WICKENS et UCTUM (1993) et HENIN (1996) notent à propos des tests de cointégration que leur principal intérêt réside dans le fait d'apporter une estimation du coefficient de couverture des dépenses par les recettes. L'intuition que les tests de cointégration constituent une généralisation plus flexible du test de stationnarité du solde global n'est cependant pas vérifiée, elle n'est qu'un cas particulier de la cointégration des recettes et des dépenses avec un coefficient unitaire. L'exigence requise pour la stationnarité porte sur une couverture suffisante de la charge de la dette par le solde primaire et non pas directement sur la couverture des dépenses par les recettes. Si le surplus primaire ne répond pas positivement à un choc de la dette publique, la dette publique croîtra à un taux d'intérêt supérieur au taux d'actualisation. La principale critique adressée aux tests précités réside dans la faiblesse du cadre théorique sous-jacent. Hormis les questions liées aux taux d'actualisation pertinents de la dette, ils se fondent (en testant le respect de la contrainte budgétaire intertemporelle) sur une notion de solvabilité actuarielle qui ne prend pas en compte les implications en termes de politique économique d'un ratio dette sur PIB élevé.

Une approche alternative qui évite les limites évoquées plus haut consiste à examiner la propriété de retour à la moyenne de la dette. Celle-ci revient-elle vers sa tendance déterministe après un choc ?

II. 2.2- Conditionnalité de soutenabilité de FEVE et HENIN

FEVE et HENIN (1998) retiennent comme critère de soutenabilité de la dette extérieure pour les PVD, la stationnarité du ratio dette sur PIB. Ils proposent une approche qui teste conjointement la stationnarité du ratio dette et du solde extérieur. Ils estiment que les hypothèses macroéconomiques relatives aux économies en développement se heurtent souvent à la difficulté constituée par la brièveté des séries statistiques disponibles, surtout lorsqu'il s'agit de tester des implications à long terme comme les conditions de stationnarité associées à la soutenabilité de la dette. La procédure qu'ils proposent permet de surmonter cette difficulté par le gain de la puissance qu'autorise l'exploitation de l'information apportée par la dynamique jointe de la dette et du solde extérieur ou courant. Selon eux, la stationnarité du ratio dette/PIB est une condition nécessaire mais pas suffisante de la soutenabilité. Une condition suffisante de la soutenabilité impose des contraintes additionnelles à la moyenne et à la variance de la dette publique. Les équations auxiliaires associées à leur test ADF assurent que le solde primaire réagit positivement en présence d'un choc de dette. Dans leur application, la dette extérieure et le solde sont alternativement normalisés par le PNB et par les recettes nettes d'exportations. L'apport de cette approche bivariée réside dans le gain de précision et de robustesse. D'autre part, elle résout le problème lié à la brièveté de leur échantillon (24 observations).

Dans le cadre de ce travail de recherche, nous allons utiliser le modèle de la DSA pour confirmer la soutenabilité de la dette publique au sens du FMI des pays post PPTE de la Zone Franc. Puis, nous nous inspirerons du modèle de FEVE et HENIN pour examiner la soutenabilité dynamique de la dette de ces pays. Pour ce faire, nous appliquerons des tests de stationnarité sur le ratio dette/PIB.

La soutenabilité de la dette publique d'un pays et l'IPPTE sont des concepts vastes et complexes qui requièrent plus de précisions pour une meilleure compréhension. Pour mieux comprendre le mécanisme de l'IPPTE, il est indispensable de comprendre le concept de soutenabilité. Dans l'analyse de la soutenabilité de la dette publique, plusieurs économistes et/ou chercheurs ont été intéressés, avec des logiques plus ou moins différentes. Nous distinguons ceux qui font une analyse statique (basée sur les ratios et les indicateurs) et ceux qui font une analyse dynamique (basée sur la contrainte budgétaire intertemporelle). Pour vérifier la contrainte budgétaire intertemporelle, plusieurs études ont été effectuées. La plupart de ces études analysent soit la stationnarité de certains indicateurs macroéconomiques (séries de dette et du solde primaire, série dette/PIB, service de la dette/recettes nettes d'exportation), soit les relations de cointégration entre certains indicateurs macroéconomiques (séries de la dette et du solde primaire, séries des recettes, des dépenses et de la dette). Cependant, dans le cadre de notre travail, nous utiliserons le modèle de la DSA pour confirmer la soutenabilité de la dette publique des pays post PPTE de la Zone Franc au sens des IBW. Pour la soutenabilité dynamique, nous appliquerons les tests de stationnarité sur le ratio dette/PIB et nous utiliserons des projections.

L'IPPTE concerne les pays à faible revenu dont la dette est jugée insoutenable. Après l'admission à cette initiative, il faut passer par le point de décision avant d'atteindre le point d'achèvement (point culminant où les pays bénéficient d'un allégement substantiel de la dette). Cette initiative très ambitieuse, lancée au sommet du G7 à Lyon en 1996, malgré son évolution est largement critiquée par certains spécialistes de la dette. En outre, l'IPPTE a été même renforcée, les conditions de soutenabilité ont même été allégées. Ce constat signifie-t-il que l'IPPTE ne ramène que les ratios d'endettement définis à un seuil, sans toutefois se soucier de l'évolution future de la dette des pays bénéficiaires ? Nous essayerons de comprendre davantage cette initiative dans la deuxième partie de ce travail.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry