Présenté et soutenu par
: Fatou Gueye
Sous la Direction du : Professeur Ahmadou
Aly Mbaye Agrégé des Sciences Economiques
Conférence des Institutions d'Enseignement et
de Recherche Economiques et de Gestions en Afrique (CIERA)
Programme de Troisième Cycle Inter
universitaire (PTCI)
11ième promotion
Mémoire de Diplôme d'Etudes
Approfondies
(DEA)
Spécialité : Economie
Industrielle Option : Economie Publique
THEME :
EFFICACITE DE L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT (APD)
: LE CAS DU SENEGAL
Année académique 2006-2007
Je dédies ce mémoire à mes grand-mère
: madame Bineta Thiam Gueye et madame Coumba Kébé, pour
l'éducation pour l'apport et leur amour qu'elles m'ont donnés.
Ce mémoire est dédié à mes parents :
El Hadji Médoune Gueye et Coumba Kébé, pour leur
réconfort et leur ambition pour que j'aille de l'avant dans mes
études.
A mes frères et soeurs : Kéba, Marième,
Babacar, Ablaye, Ndèye adama, Pape Omar et Ndèye Astou
Ames neveux : Mamadou Lamine Gueye, Souleymane Seck et Ousseynou
Diankha A toute la famille Gueye, Kébé, Diankha, Ndiaye et
Seck
Je remercie :
> Mon encadreur de mémoire, le Professeur
AHMADOU ALY MBAYE, qui a bien voulu accepter de placer ce modeste
travail sous son autorité. La qualité de son encadrement, sa
rigueur, sa maîtrise dans ses enseignements, sa disponibilité et
ses conseils judicieux m'ont été d'un grand apport. Je tiens
à lui exprimer ma profonde gratitude.
> Le Professeur Mohamed Ben Omar NDIAYE,
pour les conseils et sa parfaite
collaboration et sa disponibilité, qui m'ont permis de
mener à termes ce travail
> Le Doyen Honoraire le Professeur Moustapha
KASSE, pour son dévouement à ce
programme de troisième cycle
> A tous les Professeurs de la Faculté des Sciences
Economiques
> A tout le personnel du CREA leur conseil : Mme Germaine
Diaw, Mr Ahmady Diallo, Mr Ousmane Thiam, Mr Ludovic Ndour, Mme Ndèye
Amy Diallo Sow, Mme Salimata Faye, Mme Marième Ndoye Faye
> Mes camarades de la onzième promotion :
Ndoumbé, Ndèye Khady, Fatoumata Lamarana, Facinet, Bineta,
Lamine, Khadim.
> A mes amis : Seyni Mbaye, Pape Massaer Mbaye, Abdoul Karim
Gueye, Tacko Diop, Fama Diop.
INTRODUCTION
En ce début du troisième millénaire si
féconde en réflexions sur la réforme de l'Aide Publique au
Développement (APD), de nombreux acteurs du développement
s'inquiètent de la réduction des engagements, voire le gel de
certains programmes, après plusieurs décennies de
coopération intensive. Une initiative d'autant plus justifiée que
le paysage de l'appui au développement a beaucoup évolué
ces dernières années en raison de la multiplication des acteurs
et des institutions engagées dans la coopération. Rappelant le
contexte dans lequel l'aide publique a évolué ces
dernières années : la libéralisation économique et
la démocratisation politique en Afrique sub-saharienne, ont conduit,
depuis le milieu des années 80 à une profonde redistribution des
cartes de l'aide tant au niveau des acteurs locaux que des donateurs.
On assiste actuellement à une
réévaluation fondamentale des dispositifs d'aide, qu'ils soient
bilatéraux ou multilatéraux. Cependant, un consensus existe
aujourd'hui pour reconnaître que l'aide internationale octroyée
aux pays pauvres, bien qu'ayant été sans conteste d'un apport
substantiel pour la consolidation voire l'amélioration de leurs
conditions sociales n'a pas pour autant atteint globalement, les
résultats escomptés. Certes, les pays en développement les
mieux gouvernés économiquement ont pu faire un usage
combiné de l'aide et de leurs ressources propres pour
accélérer leur croissance économique, s'insérer
dans les circuits d'échanges mondiaux et sortir de la misère.
Mais, la majeure partie des pays aidés, notamment en Afrique, sont
encore pris dans la trappe de la pauvreté et ont peu de chance de
réaliser les Objectifs Millénaires de Développement
fixés pour 2015. L'Aide Publique au Développement (APD) ne peut
constituer le seul moyen d'assurer le financement du développement, mais
elle constitue la variable sur laquelle les nations ont un véritable et
même devoir moral, au nom, aujourd'hui du bien de l'ensemble de la
collectivité. En effet, l'APD reste la principale source de financement
extérieure et les pays en développement et leurs partenaires sont
obligés de miser sur l'aide pour briser le cercle vicieux de la
faiblesse des revenus, de l'épargne et du manque d'investissement dans
lequel de nombreux pays sont enfermés.
L'aide a pris le chemin de l'Afrique pour de multiples
raisons, une d'entre elles étant le développement. Les pays
africains comptent parmi les bénéficiaires d'aide les plus
importants au monde. Beaucoup d'entre eux reçoivent un montant net
d'aide au développement qui équivaut à 10% de leur Produit
National Brut (PNB). En effet, sur la période 2000-2004, le
Mozambique, la République Démocratique du Congo
(RDC), la Tanzanie et l'Ethiopie sont les principaux
bénéficiaires de l'aide en Afrique avec respectivement 1286,9 ;
1773,8 ; 1396,8 et 1269 millions de Dollars en moyenne (Statistiques UNCTAD,
2006). En outre, ces pays, du fait du risque de syndrome hollandais et des
difficultés d'absorption des ressources extérieures, enregistrent
une aide par habitant en moyenne très faible soit 17,6 Dollars par
habitant pour l'Ethiopie et 38,6 Dollars par habitant pour la Tanzanie. Au rang
de dixième des Pays les Moins Avancés à recevoir une
importante masse d'aide, le Sénégal, du fait de sa situation
géographique et sa stabilité politique n'est pas en reste. Il a
bénéficié en moyenne entre 2000-2004 une aide de 555,2
millions de Dollars soit 51,1 Dollars par habitant (Statistiques UNCTAD 2006).
Ce simple rappel sur l'importance des flux d'assistance reçus par le
Sénégal illustre le malaise qui existe sur la scène
internationale concernant l'efficacité de l'aide. De plus en plus, il
est reconnu que le versement de l'aide extérieure n'a pas eu les
résultats positifs escomptés tant sur la croissance
économique que sur la réduction de la pauvreté dans la
majorité des pays en développement, y compris africains. Bien
sûr, il peut toujours être évoqué que les
résultats auraient pu être pires (notamment en termes de recul de
certaines maladies) en l'absence de cette aide, mais il n'en reste pas moins
que le bilan global est décevant. En outre, les fondements
économiques et les justifications de l'aide au développement
étaient attaqués, avec la publication à la fin des
années 1980 et au début des années 1990, d'études
très critiques, soulignant son absence d'efficacité
macro-économique (Mosley et al., 1987, 1992 ; Boone, 1996), ses
effets potentiellement pervers pour les structures incitatives des pays en
développement (Bauer, 1993 ; Berg, 1993 ; Thiel, 1996), les coûts
sociaux et humains des ajustements structurels (Cornia et al., 1987),
et l'échec des conditionnalités (Guillaumont et
Guillaumont-Jeanneney ,1995 ; Berg, 1997 ; Collier, 1997 ; Collier et
al., 1997). La remise en cause des fondements de l'aide, associée
à la crise économique et aux contraintes budgétaires
fortes pesant sur de nombreux pays donneurs, notamment les pays
européens, ont entraîné à partir de 1992 une chute
brutale des flux d'aide en direction des pays en développement. C'est
dans cette conjoncture défavorable à l'aide internationale que la
Banque Mondiale a relancé le débat sur l'efficacité de
l'aide avec la publication de son rapport Assessing Aid (1998).
Fondé sur les travaux de Burnside et Dollar (1997, 2000), ce rapport
soutient que l'efficacité de l'aide en matière de croissance
dépend de la qualité des politiques économiques des pays
en développement, ouvrant ainsi la voie au principe de
sélectivité des pays receveurs sur la base de ce critère.
En outre, le rapport de Helleiner sur l'aide à la république-unie
de Tanzanie et son suivi et le projet conjoint OCDE/PNUD concernant l'aide au
Mali ont marqué le début d'une nouvelle approche
« officielle » de l'évaluation de
l'efficacité de l'aide en Afrique, très différente de
celle fondée sur le modèle de la conditionnalité.
Suite au programme d'ajustement structurelle, depuis 1980 le
Sénégal met en oeuvre un vaste programme économique et
financier appuyé par les institutions de Breton Wood notamment la Banque
Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). Avec une bonne
conduite dans le suivi et le respect des différentes mesures de
réformes déclinées dans ces programmes économique
et financier, le Sénégal est éligible depuis Juin 2000
à l'initiative Pays Pauvre Très Endetté (PPTE) afin de lui
permettre d'assurer la viabilité à moyen terme de sa dette
extérieure et pour soutenir les efforts de réduction de sa dette
extérieure et du maintien de la viabilité de celle-ci. En 2001,
le poids de la dette extérieure du Sénégal
s'élevait à 2530,6 milliards de FCFA soit 81,2% du PIB. Suite
à la dévaluation du FCFA, l'économie
sénégalaise a renoué de nouveau avec la croissance en
terme réel de 2,9% en 1994, de plus 5% entre 1995 et 2000 et à
6,2% en 2004. Ces résultats ont largement contribué au
desserrement de la contrainte financière qui s'exerçait sur les
finances publiques et de renouer de nouveau avec les partenaires au
développement. Pour le financement de son développement, le
Sénégal compte sur plus d'une dizaine de bailleurs
bilatéraux (France, Canada....) et une quinzaine de partenaires
multilatéraux (Banque Mondiale, Union Européenne ). Depuis
des années, l'exécution des investissements publics accuse un
écart considérable par rapport à la programmation. Une
partie des ressources externes disponibles pour le financement des
investissements publics se traduit par un taux d'utilisation relativement
faible. Pourtant, le Sénégal fait partie des pays africains qui
ont très tôt disposé d'un Système de Gestion des
Finances Publiques (SGFP) et d'un Système National de Planification
(SNP) conçus pour une bonne gestion des investissements publics de
manière globale et détaillée.
L'intérêt porté à
l'efficacité de l'aide s'explique par le fait qu'elle constitue
réellement un soutien pour les populations bénéficiaires.
Plus précisément, montrer que l'aide a été et peut
être utilisée efficacement permet de justifier le maintien de flux
d'aide significatifs. De récentes études font état du
"Syndrome hollandais " (conséquence néfaste d'entrées de
devises dans un pays) dans les pays qui recouvrent un volume accru d'aide par
exemple le Burkina Faso, la Cote d'Ivoire, le Ghana, le Malawi, l'Ouganda, le
Sénégal, le Sri Lanka et le Togo. Un autre constat est relatif au
taux d'absorption pour le Sénégal des ressources de l'aide
relativement faible enregistré surtout au niveau des partenaires
multilatéraux. Avec un taux de décaissement de 18 à 12,7%
entre 1999 et 2003 pour les projets financés par la Banque Mondiale, un
taux de décaissement de 20% des projets financés par la Banque
Africaine de
Développement. L'importance de cette étude
réside aussi dans le fait que les facteurs socio- économiques
ayant un impact sur l'efficacité de l'aide doivent être
identifiés afin de lever les goulots d'étranglements qui
entravent au développement du pays et de satisfaire à
l'impatience de la population d'aspirer à une amélioration
considérable de leur condition de vie. Mais aussi, selon Martin WOLF
(2002) « l'aide au développement ne doit être
polarisée vers ceux qui en ont le plus besoin mais plutôt vers
ceux qui sont capables de l'utiliser plus efficacement ».
Le but de ce présent travail est donc de
déterminer l'impact de l'Aide Publique au Développement sur la
croissance économique et sur l'offre de biens publics tel que la
santé et l'éducation. De manière spécifique, il
s'agira d'apporter des éléments de réponses aux questions
suivantes :
· l'aide affecte-t-elle positivement et significativement
le taux de croissance économique du Sénégal ?
· l'aide contribue-elle à une amélioration du
bien être de la population ?
Pour atteindre ces objectifs, les hypothèses suivantes
seront testées : H1: l'APD affecte positivement et
significativement le taux de croissance économique par les canaux de
l'investissement, les importations et les dépenses publiques. H2
: L'aide représente la principale source de financement des
secteurs sociaux tels que l'éducation et la santé.
Ce travail est organisé comme suit : le premier
chapitre examine l'évolution de l'aide et des indicateurs
économiques au Sénégal ; le second chapitre est
consacré à la revue de la littérature et enfin, les
résultats économétriques obtenus et les implications de
politiques économiques sont exposés dans le troisième et
dernier chapitre.
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