D/ L'INVESTISSEMENT AGRICOLE TIMIDE
Le secteur primaire bénéficie de peu d'attention
de la part des émigrés. Cette situation contraste avec le
contexte local où plus de 70% de la population est rurale sans oublier
que l'essentiel de la population migrante lougatoise provient du monde
rural.
D-1/ les potentialités
Malgré sa localisation dans le domaine sahélien,
l'agriculture lougatoise présente quelques potentialités
d'exploitation. Le déficit pluviométrique en plus des
aléas climatiques peut être contournés en raison
d'investissements efficaces de la part des pouvoirs publics. La région
de Louga dans sa totalité est prédisposée à une
vocation agropastorale. Elle joue un rôle non moins négligeable
dans l'économie nationale. Elle occupe le quatrième rang dans la
production maraîchère.
Les ressources pédologiques, qui ont subi de profondes
dégradations avec l'intensification de la culture arachidière de
rente, peuvent être remobilisées grâce à l'apport de
fertilisants et l'utilisation de moyens et/ou techniques agricoles
adéquats. Dans la partie ouest du département, les Niayes
présentent de grandes potentialités agricoles. Les
étendues d'eaux formées au niveau des dépressions et la
présence d'une nappe peu profonde favorisent le dynamisme agricole des
Niayes. La libéralisation du secteur agricole, le désengagement
de l'État vis-à-vis des producteurs commencent à engendrer
des changements. De nouvelles cultures peuvent être tentées dans
la zone.
Le complexe hydrographique que constitue le Lac de Guiers
offre un potentiel en eau important pour l'agriculture irriguée. La
micro irrigation inspirée des modèles de la ferme pilote de Keur
Momar SARR ouvre des perspectives à exploiter. En outre
l'amélioration du système traditionnel d'irrigation gravitaire
qui domine encore, devrait assurer une meilleure productivité.
L'élevage offre également quelques
potentialités puisque celui des bovins occupe la troisième place
au niveau national derrière les régions de Tambacounda et de
Saint Louis (Matam y compris), le deuxième rang pour les petits
ruminants. L'élevage est la seconde activité de la région.
La grande zone sylvo-pastorale constitue un parcours pour les troupeaux. La
production laitière et de viande peut être améliorée
grâce à des investissements consistants dans l'amélioration
des races et le modernisation des élevages.
D-2/ Des investissements très faibles
Malgré les atouts que présente le secteur
primaire (agriculture et élevage) l'investissement des
émigrés demeure encore très faible dans ce secteur. Rares
sont les émigrés qui après avoir amassé un capital
suffisant s'orientent vers ce secteur qui peut être porteur de
l'économie locale. A l'échelle départementale, les
investissements agricoles engagés par les émigrés sont
minimes comparés au volume des remises consacrées à
l'investissement dans le secteur tertiaire. Peu d'études ont
été faites sur la question, ce qui ne permet pas d'avoir des
données fiables sur ces investissements.
Toutefois; les investissements qui existent, sont surtout
orientés vers la zone des Niayes dans la culture
maraîchère. Depuis quelques années nous dit O
Nd37 un ancien émigré, « le secteur enregistre
des apports financiers de la part des émigrés et ce sont les
cultures spéculatives qui attirent de plus en plus les investisseurs
».
L'élevage bénéficie également,
à un rythme encore plus lent, des investissements
des émigrés. Ceux ci sont surtout orientés vers la
transformation des produits dérivés
37 Entretien du 29 juillet 2007
comme la transformation des produits laitiers. Cet
intérêt qui commence à s'affirmer pour le secteur primaire
est peut être du à la saturation du secteur tertiaire.
En définitive « on est passé d'une
migration de subsistance à une migration d'accumulation. L'accumulation
financière des émigrés peut-elle être le terreau sur
lequel vont se développer les germes d'une économie de
production? Il ne s'agit pas seulement d'injecter de l'argent dans un secteur
ou un pays, pour contribuer à son développement. La
multiplication d'investissements dits productifs est liée à un
environnement institutionnel et économique favorable, des structures
d'encadrement performantes, conformes aux perspectives de développement
des émigrés, un esprit d'entreprise » (Fall A. S. op
cit.)
Les émigrés ont été les
éléments amortisseurs des effets de la dévaluation du
franc CFA en 1994. Ils ont relancé la production immobilière en
important des matériaux de construction. Cependant, l'orientation
exclusive des investissements des émigrés vers la ville contribue
au dépeuplement des campagnes, au vieillissement et à la
féminisation des actifs ruraux, et à des changements dans les
habitudes de consommation qui sont défavorables à la
redynamisation de l'économie agricole régionale.
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