3.1.2 Les dysfonctionnements de 1'Etat
Ces défaillances des marchés conduisent
naturellement à examiner l'intervention de l'Etat, puisque ce dernier a
notamment pour fonction, par la législation ou la fiscalité,
d'inciter les agents économiques à adopter des comportements plus
conformes à l'intérêt collectif que ceux qu'ils
adopteraient sans cette action. Mais si, de fait les gouvernements
interviennent de plus en plus dans la gestion des ressources naturelles ou pour
tenter de résoudre de multiples problèmes de l'environnement,
comme les conséquences de la pollution de l'air ou du bruit sur la
santé, la maîtrise des déchets, la qualité des
eauxÈ, ils ne réussissent guère mieux que le
marché. Trois types de raisons permettent d'expliquer cette
situation.
Premièrement, les défaillances peuvent
découler de l'absence d'une politique adéquate et il doit
être possible d'y remédier. C'est ainsi que la décimation
de certains éléphants des pays africains est très
liées aux faibles dépenses engagées dans la protection de
leurs parcs nationaux. Durant la décennie quatre vingt, la Tanzanie, la
Zambie, le Soudan et le Za~re(RDC) ont perdu à eux seuls 750 000
éléphants (soit autant que tous les autres pays africains) alors
que leurs dépenses de surveillance dans leurs parcs étaient
respectivement de 20 dollars et 2
dollars par kilomètre carré. Pour la même
période, le Zimbabwe dépensait 277 dollars/km~s et voyait son
nombre d'éléphants augmenter de 1%. Un certain nombre de
décisions sont également influencées par des groupes
d'intérêt pratiquants le lobbying, comme la subvention de
l'utilisation de pesticides pour augmenter la production agricole, ou, comme en
Amérique latine, le soutien de l'expression de la production bovine par
des prêts à faire intérêt. Dans ces exemples, l'Etat
ne prend pas en compte les externalités sur l'environnement
enregistrées par ces propres décisions.
Deuxièmement, il y a les problèmes, les plus
difficiles à résoudre, qui sont liés à la nature de
biens environnementaux globaux. Aucun Etat ne peut résoudre seul de tels
problèmes et les mêmes conséquences que celles
provoquées par les défaillances des marchés pour le
même type de situation s'ensuivront. Les négociations
internationales à propos de l'effet de serre sont ainsi un autre exemple
de la tragédie d'un bien commun et plus d'un gouvernement est
tenté de s'y comporter en passager clandestin, comme les USA refusant
l'accord de Kyoto. Plus généralement, pour tous les
problèmes globaux qui concernent l'ensemble de la planète,
l'inexistence d'institutions internationales aux prérogatives reconnues
par tous conduit à des décisions inefficaces.
Troisièmement, enfin, la solution de nombreux
problèmes, de l'érosion des sols à la déforestation
en passant par les pollutions diverses ou la gestion des ressources
halieutiques, nécessite d'énormes quantités d'informations
disponibles seulement de façon éparpillée, ce qui rend
l'action d'une administration centrale très difficile. Et même
quand ces informations sont disponibles, elles peuvent faire l'objet
d'interprétations différentes dans le cadre de théories
scientifiques concurrentes, ce qui peut parfois obliger à agir avant de
connaître, au risque d'une mauvaise décision. Pour une
illustration graphique, prenons l'exemple d'un parc d'attractions qui attire
des touristes dont profitent les commerçants d'une commune. Sans
intervention des pouvoirs publics, le parc d'attraction ne tient compte que de
son coût marginal privé. En réalité, son
activité crée un avantage social qu'il faudrait prendre en
compte. Ici, le coût social est plus faible que le coût
privé. Donc, sans intervention des pouvoirs publics, la production est
trop faible par rapport à l'optimum. Cette fois-ci, la force publique
doit subventionner l'entreprise de façon à augmenter ses recettes
pour égaliser la recette marginale privée et l'avantage marginal
social comme l'illustre la représentation graphique ci-dessous. Les
effets externes négatifs conduisent donc à une production trop
forte par rapport à l'optimum, et les effets externes positifs, à
une production trop faible. Pour se rapprocher d'une situation optimale, l'Etat
doit donc internaliser les effets externes. Pour cela, il peut utiliser les
taxes et subventions pigouviennes, mais il a aussi à sa disposition
d'autres outils.
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