2 Etat des lieux, empreinte écologique, tours
d'horizon de la situation écologique
Selon le Rapport » Planète Vivante 2006 » nous
utilisons les ressources de la planète plus vite qu'elles ne peuvent
se renouveler. En effet, depuis la fin des années 80, nous sommes
en dépassement. L'Indice Planète Vivante, qui
reflète la santé des écosystèmes de la
planète en mesurant l'évolution de la diversité biologique
de la Terre, montre une perte rapide et continuelle de biodiversité les
populations de vertébrés ont décliné de presque un
tiers depuis 1970. L'autre indice, l'empreinte écologique de
l'humanité, nous montre que l'impact de notre mode de vie sur la
planète, a plus que triplé depuis 1961. En 2003, elle a
dépassé la bio capacité de la Terre d'environ 25%. Le
message de ces deux indices est univoque nous avons excédé la
capacité de la Terre à soutenir notre niveau de vie pendant les
20 dernières années et nous ne pourrons pas puiser
éternellement dans un capital fini (i.e. la Terre) sans risquer des
conséquences funestes. En réalité, la capacité
régénératrice de la Terre n'arrive plus à suivre la
demande l'homme transforme les ressources en déchets plus vite que la
nature ne peut transformer ces déchets en ressources! Cette pression
croissante sur les écosystèmes entraine la destruction ou la
dégradation d'habitats et la perte permanente de productivité; ce
qui menace tout à la fois la biodiversité et le bien-être
humain. Nous devons donc équilibrer notre consommation, la
capacité de la nature à se régénérer et
à absorber nos déchets sous peine de dommages
irréversibles.
La prise de conscience de l'existence d'un environnement fini
et fragile méritant notre intérêt et une protection semble
s'être développée par vague et de manière
différente selon les époques et les cultures. L'environnement est
de plus en plus perçu comme une ressource finie, et non plus
inépuisable ou renouvelable à l'infini.
2.1 L'indice planète vivante
Pour mesurer l'état de la biodiversité du monde,
on utilise l'indice planète vivante(IPV). Ce dernier se construit avec
les tendances des populations de 1313 espèces de vertébrés
(poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux, mammif~eres) provenant de tous les
coins du monde, relevées entre 1970 et 2003. L'IPV est la moyenne de
trois indices qui mesurent les évolutions dans les populations de 695
espèces terrestres 274 espèces marines et 344 espèces
d'eau douce. Entre 1970 et 2003, l'indice a diminué de 30%. Cette
tendance globale semble indiquer que nous dégradons les
écosystèmes naturels à un rythme sans
précédent dans l'histoire humaine. Ce déclin est
également présent pour les indices terrestres, marins et d'eau
douce pris individuellement. Des indices séparés sont produits
pour les espèces terrestres, marines et d'eau douce, et la moyenne de
ces trois évolutions nous donne l'indice agrégé l'IPV.
Les populations d'espèces terrestres ont baissé
d'environ 30% en moyenne de 1970 à 2003. En fait, ce déclin
masque une différence marquée des évolutions entre les
espèces tempérées et tropicales. Les populations
d'espèces tropicales ont en moyenne chuté de 55% entre 1970 et
2003 tandis que les populations d'espèces tempérées sont
restées assez stables. La perte d'habitat naturel au profit de
l'agriculture ou l'élevage sous les tropiques entre 1950 et 1990
(principalement due aux conversions agricoles) reflète bien le taux
rapide de déclin des populations d'espèces tropicales. Ce sont
les forêts tropicales de l'Asie du Sud Est, une partie du domaine
biogéographique Indo Malaisien, qui ont connu la plus rapide conversion
au cours des deux dernières décennies. Quant aux
écosystèmes tempérés, la conversion d'habitat
naturel en terres cultivées a largement pris place avant 1950; c'est
alors que les populations d'espèces tempérées ont
vraisemblablement diminué avant de se stabiliser.
L'environnement marin qui couvre près de 70% de la surface
de la Terre comprend des écosys-
tèmes parmi les plus variés et productifs du
monde. L'indice marin se base sur les tendances de 1112 populations de 274
espèces. Depuis la seconde moitié du 20e siècle, les
activités humaines ont négativement affecté ces
écosystèmes marins. Entre 1970 et 2003, l'indice montre une
baisse de plus de 25% en moyenne pour les quatre bassins océaniques. Les
populations des espèces de l'océan Austral ont baissé de
30% entre 1970 et 1998 tandis que l'évolution des populations des
océans Arctique et Atlantique a été globalement
positive.
Les augmentations des populations d'oiseaux marins et de
quelques espèces de mammifères dans les océans Atlantique
et Pacifique, depuis 1970, masquent cependant le déclin de nombreuses
espèces de poissons, particulièrement celles qui possèdent
une grande importance économique telles que le cabillaud et le thon, qui
déclinent à cause d'une pêche excessive. Les tortues et
d'autres espèces ont aussi connu le même sort, car victimes de
pêches accidentelles.
Les mangroves, ces forêts résistantes à
l'eau de mer qui fournissent les zones d'élevage de 85% d'espèces
commerciales de poissons sous les tropiques et sont essentielles au maintien
des populations de poissons et donc des ressources en nourriture, ont
été dégradées ou détruites deux fois plus
vite que les forêts tropicales. On estime que plus d'un tiers de la
surface totale des forêts de mangroves a été perdu entre
1980 et 2000. Plus d'un quart des mangroves d'Asie
ont été perdues dans les dix années
précédent 2000. En Amérique du Sud, plus de la
moitiédes mangroves a disparu pendant la même
période.
Environ 45.000 espèces de vertébrés
vivent dans ou autour des lacs, rivières, ruisseaux et marécages.
Les tendances de ces populations servent d'indicateur de la santé de
l'ensemble des écosystèmes d'eau douce dans le monde. L'indice
eau douce se base sur les tendances de 344 espèces. Dans l'ensemble, ces
populations d'espèces d'eau douce tropicale et tempérée
ont diminué d'environ 30%, entre 1970 et 2003. Il y a un contraste entre
les évolutions relativement stables des oiseaux d'eau douce et les
autres espèces d'eau douce qui ont décliné de 50% en
moyenne au cours de la même période, principalement à cause
de la destruction d'habitats, la surpêche, les espèces
envahissantes, la pollution et les perturbations des systèmes fluviaux
pour la fourniture d'eau.
La transformation et l'obstruction des systèmes
fluviaux à des fins industriels et domestiques, l'irrigation et
l'énergie hydroélectrique ont fragmenté plus de la
moitié des grands systèmes fluviaux. Environ 83% de leur
écoulement annuel total est affecté, dont 52%
modérément et 31% sévèrement. Les
écoulements des rivières d'Europe sont les plus
régulés et ceux d'Océanique les moins. Dans le monde, la
quantité d'eau stockée dans des réservoirs de barrage est
de trois à six fois supérieure à la quantité d'eau
contenue dans les rivières. La fragmentation et la transformation de
l'écoulement naturel des rivières ont un impact sur la
productivité des marécages, des plaines alluviales et des deltas:
elles perturbent la migration, la dispersion du poisson et provoquent des
diminutions de nombreuses espèces d'eau douce.
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