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Paule Bellonie du Chaillu

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par Simplice OKOYE ELINGOU
Université Omar Bongo du Gabon - Maîtrise 2007
  

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Bibliographie analytique et contextes sociaux de production Bibliographie analytique

Comme toute recherche scientifique, la recherche anthropologique fait appel à la recension de la documentation existante. En effet, l'anthropologie, perçue comme une discipline pragmatique, ne rejette pas pour autant l'efficacité de la référence à un cadre théorique pour éclairer les faits et guider les analyses ; car la fécondité de la collecte est déterminée par la lecture d'ouvrages fondamentaux renseignant sur la zone d'étude, les domaines et les disciplines que la recherche en cours implique. De ce fait, l'anthropologie textuelle a constitué la première étape de notre recherche. Nous avons procédé à une analyse bibliographique et filmographique des documents. Il s'agit de procéder, pour chaque document, à une analyse bibliographique et biographique de l'auteur, résumé de l'ouvrage et d'en préciser le contexte de production. Elle fait essentiellement référence à un travail de pré-enquête. Il est donc nécessaire de prendre connaissance de quelques travaux.

Dans ce cadre, nous avons consulté quelques ouvrages ayant trait aux changements culturels depuis plusieurs décennies, et au fondement de l'anthropologie. Ces ouvrages composés entre autres des rapports académiques ou non, des ouvrages scientifiques... nous ont été fournis par des centres de documentation, notamment : le Centre Culturel Français (CCF), la Bibliothèque Nationale (BN), la Bibliothèque du Département d'Anthropologie (BDA), la Bibliothèque Universitaire (BU), le Laboratoire d'Anthropologie (LABAN), le Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale (LUTO), le Centre International de Civilisation Bantu (CICIBA), la Bibliothèque municipale du 3è arrondissement, la Vidéothèque d'Okala, le Musée National des Arts et Tradition, ainsi que l'Ambassade de France au Gabon.

Ainsi, nous présentons ici les contextes sociaux de production des auteurs qui ont abordé le même objet que nous : Georges Balandier, Georges Dupré, Annie Merlet, Philippe Descola, Bernardin Minko Mvé.

Contexte social de production de Georges Balandier Georges Balandier. Sens et puissance, Paris, PUF, 1971.

Georges Balandier est professeur à la Sorbonne. Il a été directeur d'études à l'école des hautes études en sciences sociales, directeur du laboratoire de sociologie et de géographie africaine (CNRS), membre de plusieurs académies et sociétés savantes.

Son activité de recherche reste principalement localisée en Afrique occidentale et en Afrique centrale. Ses études ont porté sur les problèmes de changement social et culturel, du développement et de ces crises.

Dans cet ouvrage, l'auteur aborde la question de changement interne des sociétés. Il démontre, en effet, que toutes les sociétés sont changeantes ; et défend également la problématique contraire à l'assertion selon laquelle les sociétés dites primitives sont profondément statiques. Tout au long de l'ouvrage, nous voyons bien que tout processus de développement entraîne nécessairement un conflit qui aboutit à la modification de la structure.

Contexte social de production de George Dupré

Georges Dupré. Un ordre et sa destinée, Paris, ORSTOM, 1982.

Dans cet ouvrage, l'auteur présente la vie et l'organisation sociale de la société Nzèbi dans le monde rural du Congo au cours de son histoire. L'ouvrage fait une synthèse de rapport de force entre la culture Nzèbi (en ordre) et la modernité représentée par la culture occidentale (destruction). Le chapitre qui nous a intéressé le plus se situe dans la deuxième partie qui fait l'analyse de la société Nzèbi précoloniale. Il présente les diverses structures sociales, socio-économiques à travers la pratique de la chasse, la pêche, la cueillette, l'agriculture, l'élevage... La vision du monde, les habitudes alimentaires et les rapports société et environnement. Cet ouvrage nous est d'un intérêt de choix par la qualité de ses informations sur un ensemble de savoirs et savoirs faire des peuples Nzèbi avant et pendant la colonisation. Son apport théorique nous a aussi permis d'avoir les premières impressions sur l'objet de notre recherche.

Contexte social de production d'Annie Merlet

Annie Merlet. Loango (XIV-XIX siècle) : histoire des peuples du Sud-ouest du Gabon au temps du royaume du Loango et du « Congo français », Libreville, Paris, CCF Saint Exupéry-Sépia, 549 p.

Annie Merlet est auteur de plusieurs ouvrages qui retracent la vie des peuples du Gabon à une époque donnée. Dans l'ouvrage que nous présentons, l'auteur raconte les voyages de du Chaillu autour du Loango. Au cours de son voyage, du Chaillu a pu découvrir les peuples du Gabon profond, leur mode de vie, leur culture et leur tradition. Il notifie que le Ndèmbè par exemple a ce qu'il paraît est l'esprit spécialement adoré par leur sexe. Les femmes Bakèlais et également celle de toutes les autres tribus qu'il a rencontrées dans ses voyages, rendent hommage à un esprit qui porte partout le même nom. Près du littoral, on prononce Njembey mais, c'est évidemment la même chose. Chez les Nkomi, cas décrit dans cette partie de l'oeuvre, les hommes étaient sévèrement punis s'ils étaient curieux de connaître les mystères de ce culte. Or aujourd'hui, nous constatons des hommes dans la confrérie féminine. Comme quoi, la culture a perdu un peu de ses valeurs cardinales.

Contexte social de production de Philippe Descola

Philippe Descola. La nature domestique. Symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar, Paris, Maison des sciences de l'homme, 1986, 450 p.

L'auteur est un anthropologue français. Il est directeur d'étude à l'école des hautes études en sciences sociales et membre du laboratoire d'anthropologie au collège de France (Paris).

En 1976, par l'entremise du Laboratoire d'anthropologie sociale (sous la direction de Claude Lévi-Strauss), il va bénéficier d'une mission du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Ainsi, il prendra attache avec les indiens Achuar de l'Amazonie équatoriale. De retour en France en 1974, il rédigea une thèse dont le livre fait l'objet principal.

Dans cet ouvrage, l'auteur fait une analyse de la question relative aux rapports de la société Achuar à leur environnement immédiat. Ainsi, il examine le processus de socialisation de la nature sous la forme technique, symbolique, matérielle et conceptuelle. A travers ses écrits, l'auteur montre comment les pratiques sociales de la nature sont en étroite relation avec la conception qu'une société se fait d'elle même ; la conception

qu'elle se fait de son environnement physique et aussi, de son action sur cet environnement. Les Achuar ont un savoir pratique et théorique de leur environnement. Ce savoir est matérialisé dans leur mode d'usage de la nature.

Dans le cas de notre recherche, cet ouvrage nous permet de comprendre la relation existante entre les réalités culturelles et les réalités naturelles ; c'est-à-dire, entre l'homme et son milieu d'origine, comme c'est le cas entre les populations du village Issala actuel. De fait, cette analyse nous édifie par rapport à la place qu'occupe l'homme dans le milieu naturel d'une part, et les rapports qui régissent les deux, d'autre part. A partir de cela, nous comprenons que la production symbolique et la perfection des techniques concourent à l'élaboration d'un modèle identitaire.

Contexte social de production de Bernardin Minko Mvé

Bernardin Minko Mvé. Gabon entre tradition et post-modernité. Dynamique des structures d'accueil fang, Paris, L'Harmattan, 2003, 250 p.

Bernardin Minko Mvé est originaire du Nord du Gabon (Woumou par Bitam). Il est titulaire d'un Doctorat Nouveau régime en socio-ethnologie (UNSA) à Nile en France. Ancien responsable des publications à l'académie des sciences d'Outre-Mer (Paris), il est actuellement enseignant à l'université Omar Bongo de Libreville. Depuis le début de l'année académique 2006, il est chef du département d'anthropologie. L'auteur, préoccupé par la disparition du patrimoine culturel traditionnel africain, il travail sur un projet de rédaction des « Récits de vie » de personne du troisième âge.

L'oeuvre de Minko Mvé porte sur les transformations qui affectent les sociétés contemporaines en général et la société gabonaise en particulier. De ce fait, il s'appuie en l'occurrence sur la dynamique des cultures d'accueil fang. Cette oeuvre s'inscrit dans le champ de l'anthropologie sociale et culturelle.

Ainsi, la préoccupation de l'auteur se base sur les transformations qui affectent les formations contemporaines en général, et la société gabonaise en particulier ; car depuis quelques décennies, on assiste à une remise en cause des facteurs dominants de la modernité, du moins, de cette tendance centrale et plus précisément de l'assise que constituaient le progrès, le développement et les dynamiques sociales, sous leurs divers aspects.

Cette oeuvre nous propose une diversité de solutions qui peuvent lutter contre la perte de l'identité culturelle. En effet, à l'heure de la mondialisation, le Gabon doit pouvoir compter sur la force de la culture par :

- la récupération, la réappropriation et la valorisation des savoirs, savoir-faire ancestraux susceptibles de promouvoir la culture gabonaise.

- L'adaptation des techniques modernes au contexte local, c'est-à-dire qui tiennent compte de nos réalités sociales.

- Savoir que la diversité culturelle n'est pas l'uniformisation du monde, car chaque culture a ses réalités, ses richesses et ses défauts. Donc, elle est un instrument de progrès et de développement à base duquel un accent doit être mis sur les facteurs historiques et culturels.

L'intérêt porté à cette oeuvre va du fait qu'elle met en relief les changements sociaux qui résultent du phénomène moderne. Autrement dit, cette oeuvre mène un combat pour la sauvegarde de nos valeurs culturelles traditionnelles dans un monde en évolution est plus que nécessaire. Gabon entre tradition et post-modernité, propose, à travers la dynamique d'accueil fang, une réflexion d'ensemble sur les transformations sociales et culturelles rapides qui affectent la réalité gabonaise. A travers ces trois grandes parties, il est question de l'analyse de la coexistence de deux matrices, tradition et post-modernité, qui n'engendre pas toujours une complémentarité harmonieuse.

En somme, tous ces ouvrages apportent un éclairage à notre objet de recherche. Mais ils ne répondent pas nécessairement à notre objet d'étude et ne font pas un bilan des changements culturels survenus depuis près d'un siècle et demi. De même qu'ils n'abordent pas la question des regroupements des villages instaurés au lendemain des indépendances par les nouvelles autorités administratives, en vue de mieux administrer les populations villageoises.

Méthodologie de corpus de terrain

Nous abordons maintenant la phase pratique de notre étude car nous y fonderons nos analyses. Ainsi, faire du terrain revient à rendre raison des pratiques ignorées, mal comprises ou méprisées dont les données recueillies ne sont pas analysées en dehors de leur contexte de production. En effet, il s'agit de collecter des données brutes, en déduire les contextes de collecte et redonner les récits. L'objet d'étude induit donc la méthode à appliquer ; le terrain dicte sa loi à l'enquêteur. Pour cette approche du terrain, il s'agira de

dégager la grille de collecte des données et les récits des informateurs dont nous aurons le plaisir d'en présenter une huitaine. En pratique, nous avons fait précéder notre enquête d'une pré-enquête qui permet de tâter le terrain.

Présentation des informateurs

Le premier informateur rencontré est Georges Mbembo (né vers 1952, village d'origine Mughiba, clan : Sima-Maduma ; clan du père Mbaghu), Chef du regroupement, chez qui nous nous sommes rendus pour annoncer notre arrivée dans le village. A la descente du véhicule, le drapeau national a été notre repère pour la localisation du domicile du chef. Les jeunes trouvés au corps de garde nous ayant annoncé, le chef donna l'ordre de nous introduire. Après les salutations d'usage, nous avons décliné notre identité (nom, prénom, ethnie, clan, lignage et la provenance), puis le mobile de notre visite. Puis le chef nous a rendu la politesse. Il s'est réjouit de notre appartenance au même clan que lui. Ce qui faisait de nous son « fils », donnant raison à Lévi-Strauss pour qui, la parenté est d'abord sociale puis biologique.

Il s'est souvenu du passage de deux équipes de « chercheurs blancs » dont l'une était conduite par un prêtre et l'autre composée de trois blancs dont une femme qu'accompagnait un jeune gabonais. Nous nous retrouvions dans cette dernière et lui avons fait savoir que ce jeune gabonais était son hôte présent. A ce rappel, il s'est fortement réjoui de ce que les blancs aient choisi leur « propre fils » pour étudier leur société. Immédiatement, nous avons, en sa compagnie, fait le tour du village en nous conduisant chez les personnes ressource dont la notoriété leur est reconnue.

Le deuxième informateur est Patrice Ikia, agriculteur, (né vers 1920, village d'origine Mughiba, clan : Sima ; clan du père : Dzobu ;). En ce qui concerne notre entretien, il s'est déroulé dans de très bonnes conditions. Notre informateur nous a donné les raisons de leur regroupement dans ce village, leur origine et la position de ce village par rapport au fleuve Wano.

Le troisième informateur est Sébastien Nzenguet Loundou, menuisier-charpentier, (ignore sa date de naissance ; village d'origine : Mughiba ; clan : Mutuka ; clan du père : Bugundu). Notre rencontre a lieu dans le corps de garde qui fait face au domicile du chef du village situé avant l'école protestante. C'est également dans le corps de garde que nous avons fait la connaissance des informateurs 6 et 7. Avec lui, nous nous sommes entretenu

sur les différents clans des habitants de ce village, les raisons de leur regroupement puis la séparation des villages masango dont une partie est dans le regroupement de Mayani.

Le quatrième informateur s'appelle nomme Massala-ma-Mukambela, infirmier à la retraite et ancien député, (né vers 1923 ; village d'origine : non précisé ; clan : Mululu ; clan du père : Sima). Notre première rencontre s'est déroulée à son domicile situé au bout de la bretelle gauche du village. Bien que l'ayant trouvé à table, l'enquêté s'est félicité de ce que nous soyons arrivé dans son village et surtout d'avoir choisi ce thème de recherche dans la mesure où lui-même faisait déjà partie de l'équipe que conduisait le prêtre décrite plus haut. Donc spontanément, il a accepté volontiers de nous entretenir. L'entretien a porté sur les causes qui ont conduit les populations masango à s'installer ici, de la politique coloniale en passant par la loi cadre de 1956 qui abroge la ségrégation jusqu'à la sortie des villages vers les routes.

Le cinquième informateur est Marcel Divaku, agriculteur, (ignore sa date de naissance ; village d'origine : Mughiba ; clan : Ndzobo ; clan du père : Bukombo). Notre premier contact a lieu devant son domicile faisant légèrement face à la première pompe publique du village. Avec lui, nous avons recueilli les informations sur les différents noms des villages regroupés à Issala, ainsi que de la praticabilité ou non de ses zones et de l'existence du mont Birughu.

Le sixième informateur s'appelle Félix Ibala, chef du village, agriculteur (ignore sa date de naissance ; village d'origine : Mubana ; clan : Sima-Maduma ; clan du père : Sima-Mbaghu). Rencontré dans le corps comme annoncé au niveau de l'informateur 3, cet entretien qui s'est fait dans une ambiance bon enfant a porté sur la guerre des clans qui eut lieu avant 1856, c'est-à-dire, avant le coup de feu malheureux de l'un des compagnons de du Chaillu qui avait abattu un villageois (Dit la guerre de du Chaillu). Puis, sur les différentes activités des populations de son village.

Le septième informateur rencontré simultanément avec les informateurs 3 et 6 est Joseph Maduma, agriculteur (il ignore sa date de naissance ; village d'origine : Impungu ; clan : Sima-Mupigha ; clan du père : Sima-Maduma). Un peu réticent au départ, papa Maduma s'est ouvert à nous après avoir su que nous étions du clan sima d'une part, et de nous entendre mal prononcer certains mots en isango. Ce qui a été source d'hilarité d'autre part. notre entretien a porté sur les anciens villages, ainsi que les raisons qui les poussent à les fréquenter jusqu'à présent.

Le huitième informateur se nomme Samuel Nzengui, cultivateur, (né vers 1958 ; village d'origine : Mughiba ; clan : Sima-Irungui ; clan du père : Mutuka). C'est devant l'église en construction qui juxtapose son domicile que nous l'avons rencontré, car il admirait le travail des peintres et menuisiers de cette nouvelle bâtisse que construit un fils du village. Il a montré sa disponibilité et son total dévouement de nous entretenir dès que possible après que le chef nous eûmes présenté. Notre entretien a porté sur les rites et les interdits qui caractérisent leur culture.

Précisons qu'après avoir pris connaissance de tous nos futurs informateurs, le chef de regroupement a tenu à nous conduire chez un fils du village, l'un des intellectuels du coin à qui est reconnue une notoriété sociale, venu en week-end pour des activités personnelles. Au cours de notre entrevue, ce dernier nous a soumis à un interrogatoire portant sur les mobiles du choix de leur village, alors que Memba et Mouyamba d'où nous sommes originaire sont autant que Issala des regroupements. Quel est le but visé par cette étude et qu'est ce que les populations dudit village gagnent ? Avait-il poursuivi.

C'est seulement après avoir pris connaissance de notre recommandation officielle et nos réponses c'est-à-dire que du chaillu n'étant pas passé par ces villages, qu'il se résolu à donner quitus au chef de nous entretenir auprès des personnes dignes de cultures et d'un savoir historique. A condition qu'un exemplaire de notre recherche leur soit rapporté, pour attester de la reproduction fidèle des informations recueillies. Avant de prendre congé de nous, il a tenu à se présenter :

Le neuvième informateur se nomme Moulengui Mabende, orinaire du village Mughiba. Après ses études supérieures à Libreville et en France. Il est Directeur Général à la Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie (BICIG) de Mouila. Il est un Musangu du clan Mutuka et de père Sima-Mupiga. Nous l'avons rencontré à son domicile où m'avait conduit le chef de regroupement. Il s'est félicité de l'initiative que nous avons prise quant à la revalorisation de nos cultures et traditions, C'est devant l'église en construction qui juxtapose son domicile que nous l'avons rencontré, car il admirait le travail des peintres et menuisiers de cette nouvelle bâtisse que construit un fils du village. Il a montré sa disponibilité et son total dévouement de nous entretenir dès que possible après que le chef nous eûmes présenté. Notre entretien a porté sur les rites et les interdits qui caractérisent leur culture

« Je suis Moulengui Mabende. Comme venait de le dire le chef, je suis fils de ce village. Après mes études supérieures à Libreville et en France, j 'ai fait quelques travaux relatifs à ton domaine (voir travaux

de Pierre Ambrouche en France et madame Well au ministère de la culture à Libreville). Je suis actuellement Directeur Général à la Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie (BICIG) de Mouila. Je suis musangu du clan Mutuka et de père Sima-Mupiga. Je te félicite d'avoir pris le courage de travailler sur nos propres sociétés. A cet effet, je te souhaite une bonne chance ».

Le dixième informateur6 rencontré à nouveau au cours de notre second passage est Georges Mbémbo (né vers 1952, village d'origine Mughiba, clan : Sima-Maduma ; clan du père Mbaghu), Chef du regroupement. Ce récit porte sur la guerre ethnique entre les Massango et les Nzèbi. C'est également avec lui que nous nous sommes entretenu en qualité de onzième informateur. Cette fois, l'entretien à porté toujours sur la le phénomène de guerre enregistré dans cette région dite : la guerre de Moubana.

Le onzième informateur est Massala-ma-Mukambela, infirmier à la retraite et ancien député, (né vers 1923 ; village d'origine : non précisé ; clan : Mululu ; clan du père : Sima). L'entretien a porté sur les causes qui ont conduit les populations masango à s'installer ici, de la politique coloniale en passant par la loi cadre de 1956 qui abroge la ségrégation jusqu'à la sortie des villages vers les routes.

Notre douzième informateur se nomme papa Bousiengui : chef de quartier PK 12 à Libreville. Récit collecté le 10 Mai 2007 Par Simple Ockoy Elingou. Il à porté sur l'origine du village dont il est issu : Issala ; son implantation sur le site actuel et la praticabilité des anciens villages.

Le treizième informateur est Lévoga Jean Gabriel. Il est le chef de regroupement du village Marémbo. Notre entretien a porté à Lébamba, Issala et à Marémbo.

Le quatorzième informateur rencontré est Boussiengui. Il est âgé de 56 ans ; village d'origine : Ipungu ; clan : Sima Mupigha ; clan du père : Sima Maduma. Récit collecté à Libreville le 10 mai 2007. Avec lui, nous nous sommes entretenus sur l'implantation du village Issala ainsi que de la praticabilité des anciens villages.

Enquête et résultats

La recherche anthropologique obéit à une méthode un peu particulière souvent adaptée à la situation de l'enquête, aux types de matériaux en présence. Nous avons aussi la méthode d'entretien, et particulièrement celle de l'entretien semi direct pour avoir le plus d'information possible. L'entretien suppose une communication, une interaction entre l'enquêté et l'enquêteur. Les méthodes de l'entretien se caractérisent par un contact direct

6 ( ) Voir localisation de chaque informateur sur le croquis.

entre le chercheur et ses interlocuteurs. Dans cette optique, Madeleine Grawitz définit l'entretien comme « un procédé d'investigation scientifique, utilisant un processus de communication verbale pour recueillir les informations en relation avec le but fixé ».7

Ainsi, pour notre enquête, cinq principaux instruments ont été utilisés, à savoir : un bloc note, un crayon à papier, une gomme, un dictaphone, un appareil photo de type reflex. Cette enquête a lieu les samedi 1er et dimanche 2 avril 2006. Notre échantillon est de dix huit informateurs dont l'âge est compris entre 75 et 88 ans.

En ce qui concerne la méthode utilisée, nous nous accordons avec Jean Copans qui affirme : « Le métier d'anthropologie se définit non seulement comme la recherche théorique (...) mais aussi comme une pratique d'enquête où la préoccupation de la méthode devient primordiale. »8 Ainsi, nous avons eu recours à l'entretien semi direct, c'est-à-dire que nous disposions d'une série de questions pour lesquelles les informateurs donnaient leur avis. Cette forme d'enquête que nous pensions la mieux adaptée à notre cas nous a permis de recueillir les informations en relation avec le but fixé ; de vérifier les informations préalablement admises par, non seulement nos lectures de L'Afrique sauvage de Paul du Chaillu, mais aussi de vérifier les données collectées en 2004 lors de notre toute première participation à une phase de collecte des données9. Cette enquête nous a permis de vérifier les informations auprès des populations autochtones d'Issala. Notons que nos informateurs ont été choisis principalement par le chef de regroupement dudit village.

Animé par le souci de faire ressortir la vérité historique en vue de revaloriser leurs anciens villages, son choix portait donc sur la sagesse et le poids de la culture que ces derniers détiennent. Cet entretien initialement prévu dans le corps de garde du chef du village, a finalement eu lieu au domicile de monsieur Patrice Ikia en raison de son infirmité et de son âge avancé (plus âgé de tous).

En réunissant tous les informateurs dans une maison, le but visé par le chef de regroupement consistait non seulement à vérifier pour chacun la véracité des propos qu'énonçait chacun d'eux, car le poids de l'âge fait parfois perdre les facultés mentales. Cette occasion a permis à certains d'entre eux de réajuster quelques petits détails qui échappaient à celui qui avait la parole. Notons que cette enquête s'est déroulée en deux

7 Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 10e éd., 1996, p. 586.

8 Jean Copans, Introduction à l'Ethnologie et l'Anthropologie, Paris, éd. Nathan, 1996,128 p.

9 Pendant que nous étions en première année, nous avons eu l'opportunité d'accompagner les Professeurs Raymond MAYER : Antropologue (UOB/LABAN/ Libreville Gabon), J. M. Hombert : Linguiste - (CNRS - Paris France), et de Mme R.Vercauteren Drubbel-Medecin-(ULB-Bruxelles) dans le cadre de cet même objet d'étude.

phases, la première en groupe et la seconde uniquement avec le chef du regroupement. Ce dernier, en tant qu'administrateur, a pris la charge de notre hébergement, dans l'hospitalité la plus conviviale.

Les difficultés rencontrées

Au niveau de la pré-enquête, le travail documentaire a posé un peu de problèmes eu égard au manque de documents abondant relatifs aux changements culturels des peuples d'Afrique centrale en général et du Gabon en particulier. Quant à la documentation existante, elle n'a pas pu satisfaire totalement notre appétit. De plus, la localisation des informateurs originaires du village Issala vivant à Libreville n'a pas été facile. Des rares personnes rencontrées qui auraient bien pu être nos informateurs, les entretiens n'ont pas eut lieu en raison de leurs activités professionnelles très complexes (travailleurs du privé). Le petit temps qu'ils ont bien voulu nous accorder a malheureusement coïncidé avec notre déplacement pour le village Issala.

Par contre, les difficultés ont été d'abord d'ordre financier, dans la mesure où le simple déplacement de Libreville pour Issala (aller et retour) nécessite déjà toute la bourse mensuelle d'un étudiant. L'autre difficulté résidait dans le fait que les populations autochtones ne perçoivent pas la nécessité d'une telle recherche. Certains voyaient en nous des espions des « Blancs ». Nous avons surtout fait face au problème de moyen de locomotion. L'unique véhicule régulier (Lébamba-Mbigou) ne trouvant pas la nécessité d'embarquer ceux qui descendent à mi-chemin, alors qu'il y avait assez de passager de Mbigou. Nous avions donc dû avoir recours à la supplication d'un chauffeur habitant de Makongonio (8 km avant Issala). Le retour nous a donc soumis à un exercice de marche solitaire. Dans l'espoir de retrouver notre chauffeur de départ. Les conditions météorologiques n'étaient pas en reste : une grande pluie s'est abattue sur nous 15mn à peine après notre départ du village. Issala étant une zone montagneuse de forêt dense, la pluviométrie est en effet abondante et récurrente.

Dans tous les cas nous avons été satisfait de par la qualité de l'accueil qui nous a été réservé. De par les données recueillies qui cadrent parfaitement avec nos hypothèses, mais aussi par le comportement de nos informateurs qui ont bien voulu nous aider dans l'élaboration de ce modeste travail.

Les corpus qui suivent ont été transcrits en isango puis traduit en français de façon littéraire. Tous nos informateurs du village Issala sont tous Masango, mais de clans différents.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera