Bibliographie analytique et contextes sociaux de
production Bibliographie analytique
Comme toute recherche scientifique, la recherche
anthropologique fait appel à la recension de la documentation existante.
En effet, l'anthropologie, perçue comme une discipline pragmatique, ne
rejette pas pour autant l'efficacité de la référence
à un cadre théorique pour éclairer les faits et guider les
analyses ; car la fécondité de la collecte est
déterminée par la lecture d'ouvrages fondamentaux renseignant sur
la zone d'étude, les domaines et les disciplines que la recherche en
cours implique. De ce fait, l'anthropologie textuelle a constitué la
première étape de notre recherche. Nous avons
procédé à une analyse bibliographique et filmographique
des documents. Il s'agit de procéder, pour chaque document, à une
analyse bibliographique et biographique de l'auteur, résumé de
l'ouvrage et d'en préciser le contexte de production. Elle fait
essentiellement référence à un travail de
pré-enquête. Il est donc nécessaire de prendre connaissance
de quelques travaux.
Dans ce cadre, nous avons consulté quelques ouvrages
ayant trait aux changements culturels depuis plusieurs décennies, et au
fondement de l'anthropologie. Ces ouvrages composés entre autres des
rapports académiques ou non, des ouvrages scientifiques... nous ont
été fournis par des centres de documentation, notamment : le
Centre Culturel Français (CCF), la Bibliothèque Nationale (BN),
la Bibliothèque du Département d'Anthropologie (BDA), la
Bibliothèque Universitaire (BU), le Laboratoire d'Anthropologie (LABAN),
le Laboratoire Universitaire de la Tradition Orale (LUTO), le Centre
International de Civilisation Bantu (CICIBA), la Bibliothèque municipale
du 3è arrondissement, la Vidéothèque d'Okala, le
Musée National des Arts et Tradition, ainsi que l'Ambassade de France au
Gabon.
Ainsi, nous présentons ici les contextes sociaux de
production des auteurs qui ont abordé le même objet que nous :
Georges Balandier, Georges Dupré, Annie Merlet, Philippe Descola,
Bernardin Minko Mvé.
Contexte social de production de Georges Balandier
Georges Balandier. Sens et puissance, Paris, PUF, 1971.
Georges Balandier est professeur à la Sorbonne. Il a
été directeur d'études à l'école des hautes
études en sciences sociales, directeur du laboratoire de sociologie et
de géographie africaine (CNRS), membre de plusieurs académies et
sociétés savantes.
Son activité de recherche reste principalement
localisée en Afrique occidentale et en Afrique centrale. Ses
études ont porté sur les problèmes de changement social et
culturel, du développement et de ces crises.
Dans cet ouvrage, l'auteur aborde la question de changement
interne des sociétés. Il démontre, en effet, que toutes
les sociétés sont changeantes ; et défend également
la problématique contraire à l'assertion selon laquelle les
sociétés dites primitives sont profondément statiques.
Tout au long de l'ouvrage, nous voyons bien que tout processus de
développement entraîne nécessairement un conflit qui
aboutit à la modification de la structure.
Contexte social de production de George
Dupré
Georges Dupré. Un ordre et sa
destinée, Paris, ORSTOM, 1982.
Dans cet ouvrage, l'auteur présente la vie et
l'organisation sociale de la société Nzèbi dans le monde
rural du Congo au cours de son histoire. L'ouvrage fait une synthèse de
rapport de force entre la culture Nzèbi (en ordre) et la
modernité représentée par la culture occidentale
(destruction). Le chapitre qui nous a intéressé le plus se situe
dans la deuxième partie qui fait l'analyse de la société
Nzèbi précoloniale. Il présente les diverses structures
sociales, socio-économiques à travers la pratique de la chasse,
la pêche, la cueillette, l'agriculture, l'élevage... La vision du
monde, les habitudes alimentaires et les rapports société et
environnement. Cet ouvrage nous est d'un intérêt de choix par la
qualité de ses informations sur un ensemble de savoirs et savoirs faire
des peuples Nzèbi avant et pendant la colonisation. Son apport
théorique nous a aussi permis d'avoir les premières impressions
sur l'objet de notre recherche.
Contexte social de production d'Annie Merlet
Annie Merlet. Loango (XIV-XIX
siècle) : histoire des peuples du Sud-ouest du Gabon au temps du royaume
du Loango et du « Congo français », Libreville, Paris,
CCF Saint Exupéry-Sépia, 549 p.
Annie Merlet est auteur de plusieurs ouvrages qui retracent la
vie des peuples du Gabon à une époque donnée. Dans
l'ouvrage que nous présentons, l'auteur raconte les voyages de du
Chaillu autour du Loango. Au cours de son voyage, du Chaillu a pu
découvrir les peuples du Gabon profond, leur mode de vie, leur culture
et leur tradition. Il notifie que le Ndèmbè par exemple a ce
qu'il paraît est l'esprit spécialement adoré par leur sexe.
Les femmes Bakèlais et également celle de toutes les autres
tribus qu'il a rencontrées dans ses voyages, rendent hommage à un
esprit qui porte partout le même nom. Près du littoral, on
prononce Njembey mais, c'est évidemment la même chose. Chez les
Nkomi, cas décrit dans cette partie de l'oeuvre, les hommes
étaient sévèrement punis s'ils étaient curieux de
connaître les mystères de ce culte. Or aujourd'hui, nous
constatons des hommes dans la confrérie féminine. Comme quoi, la
culture a perdu un peu de ses valeurs cardinales.
Contexte social de production de Philippe
Descola
Philippe Descola. La nature domestique.
Symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar, Paris, Maison des
sciences de l'homme, 1986, 450 p.
L'auteur est un anthropologue français. Il est
directeur d'étude à l'école des hautes études en
sciences sociales et membre du laboratoire d'anthropologie au collège de
France (Paris).
En 1976, par l'entremise du Laboratoire d'anthropologie
sociale (sous la direction de Claude Lévi-Strauss), il va
bénéficier d'une mission du Centre National de la Recherche
Scientifique (CNRS). Ainsi, il prendra attache avec les indiens Achuar de
l'Amazonie équatoriale. De retour en France en 1974, il rédigea
une thèse dont le livre fait l'objet principal.
Dans cet ouvrage, l'auteur fait une analyse de la question
relative aux rapports de la société Achuar à leur
environnement immédiat. Ainsi, il examine le processus de socialisation
de la nature sous la forme technique, symbolique, matérielle et
conceptuelle. A travers ses écrits, l'auteur montre comment les
pratiques sociales de la nature sont en étroite relation avec la
conception qu'une société se fait d'elle même ; la
conception
qu'elle se fait de son environnement physique et aussi, de son
action sur cet environnement. Les Achuar ont un savoir pratique et
théorique de leur environnement. Ce savoir est matérialisé
dans leur mode d'usage de la nature.
Dans le cas de notre recherche, cet ouvrage nous permet de
comprendre la relation existante entre les réalités culturelles
et les réalités naturelles ; c'est-à-dire, entre l'homme
et son milieu d'origine, comme c'est le cas entre les populations du village
Issala actuel. De fait, cette analyse nous édifie par rapport à
la place qu'occupe l'homme dans le milieu naturel d'une part, et les rapports
qui régissent les deux, d'autre part. A partir de cela, nous comprenons
que la production symbolique et la perfection des techniques concourent
à l'élaboration d'un modèle identitaire.
Contexte social de production de Bernardin Minko
Mvé
Bernardin Minko Mvé. Gabon entre
tradition et post-modernité. Dynamique des structures d'accueil
fang, Paris, L'Harmattan, 2003, 250 p.
Bernardin Minko Mvé est originaire du Nord du Gabon
(Woumou par Bitam). Il est titulaire d'un Doctorat Nouveau régime en
socio-ethnologie (UNSA) à Nile en France. Ancien responsable des
publications à l'académie des sciences d'Outre-Mer (Paris), il
est actuellement enseignant à l'université Omar Bongo de
Libreville. Depuis le début de l'année académique 2006, il
est chef du département d'anthropologie. L'auteur,
préoccupé par la disparition du patrimoine culturel traditionnel
africain, il travail sur un projet de rédaction des « Récits
de vie » de personne du troisième âge.
L'oeuvre de Minko Mvé porte sur les transformations qui
affectent les sociétés contemporaines en général et
la société gabonaise en particulier. De ce fait, il s'appuie en
l'occurrence sur la dynamique des cultures d'accueil fang. Cette oeuvre
s'inscrit dans le champ de l'anthropologie sociale et culturelle.
Ainsi, la préoccupation de l'auteur se base sur les
transformations qui affectent les formations contemporaines en
général, et la société gabonaise en particulier ;
car depuis quelques décennies, on assiste à une remise en cause
des facteurs dominants de la modernité, du moins, de cette tendance
centrale et plus précisément de l'assise que constituaient le
progrès, le développement et les dynamiques sociales, sous leurs
divers aspects.
Cette oeuvre nous propose une diversité de solutions
qui peuvent lutter contre la perte de l'identité culturelle. En effet,
à l'heure de la mondialisation, le Gabon doit pouvoir compter sur la
force de la culture par :
- la récupération, la réappropriation et
la valorisation des savoirs, savoir-faire ancestraux susceptibles de promouvoir
la culture gabonaise.
- L'adaptation des techniques modernes au contexte local,
c'est-à-dire qui tiennent compte de nos réalités
sociales.
- Savoir que la diversité culturelle n'est pas
l'uniformisation du monde, car chaque culture a ses réalités, ses
richesses et ses défauts. Donc, elle est un instrument de progrès
et de développement à base duquel un accent doit être mis
sur les facteurs historiques et culturels.
L'intérêt porté à cette oeuvre va
du fait qu'elle met en relief les changements sociaux qui résultent du
phénomène moderne. Autrement dit, cette oeuvre mène un
combat pour la sauvegarde de nos valeurs culturelles traditionnelles dans un
monde en évolution est plus que nécessaire. Gabon entre tradition
et post-modernité, propose, à travers la dynamique d'accueil
fang, une réflexion d'ensemble sur les transformations sociales et
culturelles rapides qui affectent la réalité gabonaise. A travers
ces trois grandes parties, il est question de l'analyse de la coexistence de
deux matrices, tradition et post-modernité, qui n'engendre pas toujours
une complémentarité harmonieuse.
En somme, tous ces ouvrages apportent un éclairage
à notre objet de recherche. Mais ils ne répondent pas
nécessairement à notre objet d'étude et ne font pas un
bilan des changements culturels survenus depuis près d'un siècle
et demi. De même qu'ils n'abordent pas la question des regroupements des
villages instaurés au lendemain des indépendances par les
nouvelles autorités administratives, en vue de mieux administrer les
populations villageoises.
Méthodologie de corpus de terrain
Nous abordons maintenant la phase pratique de notre
étude car nous y fonderons nos analyses. Ainsi, faire du terrain revient
à rendre raison des pratiques ignorées, mal comprises ou
méprisées dont les données recueillies ne sont pas
analysées en dehors de leur contexte de production. En effet, il s'agit
de collecter des données brutes, en déduire les contextes de
collecte et redonner les récits. L'objet d'étude induit donc la
méthode à appliquer ; le terrain dicte sa loi à
l'enquêteur. Pour cette approche du terrain, il s'agira de
dégager la grille de collecte des données et les
récits des informateurs dont nous aurons le plaisir d'en
présenter une huitaine. En pratique, nous avons fait
précéder notre enquête d'une pré-enquête qui
permet de tâter le terrain.
Présentation des informateurs
Le premier informateur rencontré est Georges
Mbembo (né vers 1952, village d'origine Mughiba, clan :
Sima-Maduma ; clan du père Mbaghu), Chef du regroupement, chez qui nous
nous sommes rendus pour annoncer notre arrivée dans le village. A la
descente du véhicule, le drapeau national a été notre
repère pour la localisation du domicile du chef. Les jeunes
trouvés au corps de garde nous ayant annoncé, le chef donna
l'ordre de nous introduire. Après les salutations d'usage, nous avons
décliné notre identité (nom, prénom, ethnie, clan,
lignage et la provenance), puis le mobile de notre visite. Puis le chef nous a
rendu la politesse. Il s'est réjouit de notre appartenance au même
clan que lui. Ce qui faisait de nous son « fils », donnant raison
à Lévi-Strauss pour qui, la parenté est d'abord sociale
puis biologique.
Il s'est souvenu du passage de deux équipes de «
chercheurs blancs » dont l'une était conduite par un prêtre
et l'autre composée de trois blancs dont une femme qu'accompagnait un
jeune gabonais. Nous nous retrouvions dans cette dernière et lui avons
fait savoir que ce jeune gabonais était son hôte présent. A
ce rappel, il s'est fortement réjoui de ce que les blancs aient choisi
leur « propre fils » pour étudier leur société.
Immédiatement, nous avons, en sa compagnie, fait le tour du village en
nous conduisant chez les personnes ressource dont la notoriété
leur est reconnue.
Le deuxième informateur est Patrice
Ikia, agriculteur, (né vers 1920, village d'origine Mughiba,
clan : Sima ; clan du père : Dzobu ;). En ce qui concerne notre
entretien, il s'est déroulé dans de très bonnes
conditions. Notre informateur nous a donné les raisons de leur
regroupement dans ce village, leur origine et la position de ce village par
rapport au fleuve Wano.
Le troisième informateur est Sébastien
Nzenguet Loundou, menuisier-charpentier, (ignore sa date de naissance
; village d'origine : Mughiba ; clan : Mutuka ; clan du père : Bugundu).
Notre rencontre a lieu dans le corps de garde qui fait face au domicile du chef
du village situé avant l'école protestante. C'est
également dans le corps de garde que nous avons fait la connaissance des
informateurs 6 et 7. Avec lui, nous nous sommes entretenu
sur les différents clans des habitants de ce village,
les raisons de leur regroupement puis la séparation des villages masango
dont une partie est dans le regroupement de Mayani.
Le quatrième informateur s'appelle nomme
Massala-ma-Mukambela, infirmier à la retraite et ancien
député, (né vers 1923 ; village d'origine : non
précisé ; clan : Mululu ; clan du père : Sima). Notre
première rencontre s'est déroulée à son domicile
situé au bout de la bretelle gauche du village. Bien que l'ayant
trouvé à table, l'enquêté s'est
félicité de ce que nous soyons arrivé dans son village et
surtout d'avoir choisi ce thème de recherche dans la mesure où
lui-même faisait déjà partie de l'équipe que
conduisait le prêtre décrite plus haut. Donc spontanément,
il a accepté volontiers de nous entretenir. L'entretien a porté
sur les causes qui ont conduit les populations masango à s'installer
ici, de la politique coloniale en passant par la loi cadre de 1956 qui abroge
la ségrégation jusqu'à la sortie des villages vers les
routes.
Le cinquième informateur est Marcel
Divaku, agriculteur, (ignore sa date de naissance ; village d'origine
: Mughiba ; clan : Ndzobo ; clan du père : Bukombo). Notre premier
contact a lieu devant son domicile faisant légèrement face
à la première pompe publique du village. Avec lui, nous avons
recueilli les informations sur les différents noms des villages
regroupés à Issala, ainsi que de la praticabilité ou non
de ses zones et de l'existence du mont Birughu.
Le sixième informateur s'appelle Félix
Ibala, chef du village, agriculteur (ignore sa date de naissance ;
village d'origine : Mubana ; clan : Sima-Maduma ; clan du père :
Sima-Mbaghu). Rencontré dans le corps comme annoncé au niveau de
l'informateur 3, cet entretien qui s'est fait dans une ambiance bon enfant a
porté sur la guerre des clans qui eut lieu avant 1856,
c'est-à-dire, avant le coup de feu malheureux de l'un des compagnons de
du Chaillu qui avait abattu un villageois (Dit la guerre de du Chaillu). Puis,
sur les différentes activités des populations de son village.
Le septième informateur rencontré
simultanément avec les informateurs 3 et 6 est Joseph
Maduma, agriculteur (il ignore sa date de naissance ; village
d'origine : Impungu ; clan : Sima-Mupigha ; clan du père : Sima-Maduma).
Un peu réticent au départ, papa Maduma s'est ouvert à nous
après avoir su que nous étions du clan sima d'une part, et de
nous entendre mal prononcer certains mots en isango. Ce qui a été
source d'hilarité d'autre part. notre entretien a porté sur les
anciens villages, ainsi que les raisons qui les poussent à les
fréquenter jusqu'à présent.
Le huitième informateur se nomme Samuel
Nzengui, cultivateur, (né vers 1958 ; village d'origine :
Mughiba ; clan : Sima-Irungui ; clan du père : Mutuka). C'est devant
l'église en construction qui juxtapose son domicile que nous l'avons
rencontré, car il admirait le travail des peintres et menuisiers de
cette nouvelle bâtisse que construit un fils du village. Il a
montré sa disponibilité et son total dévouement de nous
entretenir dès que possible après que le chef nous eûmes
présenté. Notre entretien a porté sur les rites et les
interdits qui caractérisent leur culture.
Précisons qu'après avoir pris connaissance de
tous nos futurs informateurs, le chef de regroupement a tenu à nous
conduire chez un fils du village, l'un des intellectuels du coin à qui
est reconnue une notoriété sociale, venu en week-end pour des
activités personnelles. Au cours de notre entrevue, ce dernier nous a
soumis à un interrogatoire portant sur les mobiles du choix de leur
village, alors que Memba et Mouyamba d'où nous sommes originaire sont
autant que Issala des regroupements. Quel est le but visé par cette
étude et qu'est ce que les populations dudit village gagnent ? Avait-il
poursuivi.
C'est seulement après avoir pris connaissance de notre
recommandation officielle et nos réponses c'est-à-dire que du
chaillu n'étant pas passé par ces villages, qu'il se
résolu à donner quitus au chef de nous entretenir auprès
des personnes dignes de cultures et d'un savoir historique. A condition qu'un
exemplaire de notre recherche leur soit rapporté, pour attester de la
reproduction fidèle des informations recueillies. Avant de prendre
congé de nous, il a tenu à se présenter :
Le neuvième informateur se nomme Moulengui
Mabende, orinaire du village Mughiba. Après ses études
supérieures à Libreville et en France. Il est Directeur
Général à la Banque Internationale pour le Commerce et
l'Industrie (BICIG) de Mouila. Il est un Musangu du clan Mutuka et de
père Sima-Mupiga. Nous l'avons rencontré à son domicile
où m'avait conduit le chef de regroupement. Il s'est
félicité de l'initiative que nous avons prise quant à la
revalorisation de nos cultures et traditions, C'est devant l'église en
construction qui juxtapose son domicile que nous l'avons rencontré, car
il admirait le travail des peintres et menuisiers de cette nouvelle
bâtisse que construit un fils du village. Il a montré sa
disponibilité et son total dévouement de nous entretenir
dès que possible après que le chef nous eûmes
présenté. Notre entretien a porté sur les rites et les
interdits qui caractérisent leur culture
« Je suis Moulengui Mabende. Comme venait de le dire
le chef, je suis fils de ce village. Après mes études
supérieures à Libreville et en France, j 'ai fait quelques
travaux relatifs à ton domaine (voir travaux
de Pierre Ambrouche en France et madame Well au
ministère de la culture à Libreville). Je suis actuellement
Directeur Général à la Banque Internationale pour le
Commerce et l'Industrie (BICIG) de Mouila. Je suis musangu du clan Mutuka et de
père Sima-Mupiga. Je te félicite d'avoir pris le courage de
travailler sur nos propres sociétés. A cet effet, je te souhaite
une bonne chance ».
Le dixième informateur6 rencontré
à nouveau au cours de notre second passage est Georges
Mbémbo (né vers 1952, village d'origine Mughiba, clan :
Sima-Maduma ; clan du père Mbaghu), Chef du regroupement. Ce
récit porte sur la guerre ethnique entre les Massango et les
Nzèbi. C'est également avec lui que nous nous sommes entretenu en
qualité de onzième informateur. Cette fois, l'entretien à
porté toujours sur la le phénomène de guerre
enregistré dans cette région dite : la guerre de Moubana.
Le onzième informateur est
Massala-ma-Mukambela, infirmier à la retraite et ancien
député, (né vers 1923 ; village d'origine : non
précisé ; clan : Mululu ; clan du père : Sima).
L'entretien a porté sur les causes qui ont conduit les populations
masango à s'installer ici, de la politique coloniale en passant par la
loi cadre de 1956 qui abroge la ségrégation jusqu'à la
sortie des villages vers les routes.
Notre douzième informateur se nomme papa
Bousiengui : chef de quartier PK 12 à Libreville.
Récit collecté le 10 Mai 2007 Par Simple Ockoy Elingou. Il
à porté sur l'origine du village dont il est issu : Issala ; son
implantation sur le site actuel et la praticabilité des anciens
villages.
Le treizième informateur est Lévoga Jean
Gabriel. Il est le chef de regroupement du village Marémbo.
Notre entretien a porté à Lébamba, Issala et à
Marémbo.
Le quatorzième informateur rencontré est
Boussiengui. Il est âgé de 56 ans ; village
d'origine : Ipungu ; clan : Sima Mupigha ; clan du père : Sima Maduma.
Récit collecté à Libreville le 10 mai 2007. Avec lui, nous
nous sommes entretenus sur l'implantation du village Issala ainsi que de la
praticabilité des anciens villages.
Enquête et résultats
La recherche anthropologique obéit à une
méthode un peu particulière souvent adaptée à la
situation de l'enquête, aux types de matériaux en présence.
Nous avons aussi la méthode d'entretien, et particulièrement
celle de l'entretien semi direct pour avoir le plus d'information possible.
L'entretien suppose une communication, une interaction entre
l'enquêté et l'enquêteur. Les méthodes de l'entretien
se caractérisent par un contact direct
6 ( ) Voir localisation de chaque informateur sur le
croquis.
entre le chercheur et ses interlocuteurs. Dans cette optique,
Madeleine Grawitz définit l'entretien comme « un
procédé d'investigation scientifique, utilisant un processus de
communication verbale pour recueillir les informations en relation avec le but
fixé ».7
Ainsi, pour notre enquête, cinq principaux instruments
ont été utilisés, à savoir : un bloc note, un
crayon à papier, une gomme, un dictaphone, un appareil photo de type
reflex. Cette enquête a lieu les samedi 1er et dimanche 2
avril 2006. Notre échantillon est de dix huit informateurs dont
l'âge est compris entre 75 et 88 ans.
En ce qui concerne la méthode utilisée, nous
nous accordons avec Jean Copans qui affirme : « Le métier
d'anthropologie se définit non seulement comme la recherche
théorique (...) mais aussi comme une pratique d'enquête où
la préoccupation de la méthode devient primordiale.
»8 Ainsi, nous avons eu recours à l'entretien semi
direct, c'est-à-dire que nous disposions d'une série de questions
pour lesquelles les informateurs donnaient leur avis. Cette forme
d'enquête que nous pensions la mieux adaptée à notre cas
nous a permis de recueillir les informations en relation avec le but
fixé ; de vérifier les informations préalablement admises
par, non seulement nos lectures de L'Afrique sauvage de Paul du Chaillu, mais
aussi de vérifier les données collectées en 2004 lors de
notre toute première participation à une phase de collecte des
données9. Cette enquête nous a permis de
vérifier les informations auprès des populations autochtones
d'Issala. Notons que nos informateurs ont été choisis
principalement par le chef de regroupement dudit village.
Animé par le souci de faire ressortir la
vérité historique en vue de revaloriser leurs anciens villages,
son choix portait donc sur la sagesse et le poids de la culture que ces
derniers détiennent. Cet entretien initialement prévu dans le
corps de garde du chef du village, a finalement eu lieu au domicile de monsieur
Patrice Ikia en raison de son infirmité et de son âge
avancé (plus âgé de tous).
En réunissant tous les informateurs dans une maison, le
but visé par le chef de regroupement consistait non seulement à
vérifier pour chacun la véracité des propos
qu'énonçait chacun d'eux, car le poids de l'âge fait
parfois perdre les facultés mentales. Cette occasion a permis à
certains d'entre eux de réajuster quelques petits détails qui
échappaient à celui qui avait la parole. Notons que cette
enquête s'est déroulée en deux
7 Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 10e éd., 1996, p. 586.
8 Jean Copans, Introduction à l'Ethnologie
et l'Anthropologie, Paris, éd. Nathan, 1996,128 p.
9 Pendant que nous étions en première
année, nous avons eu l'opportunité d'accompagner les Professeurs
Raymond MAYER : Antropologue (UOB/LABAN/ Libreville Gabon), J. M. Hombert :
Linguiste - (CNRS - Paris France), et de Mme R.Vercauteren
Drubbel-Medecin-(ULB-Bruxelles) dans le cadre de cet même objet
d'étude.
phases, la première en groupe et la seconde uniquement
avec le chef du regroupement. Ce dernier, en tant qu'administrateur, a pris la
charge de notre hébergement, dans l'hospitalité la plus
conviviale.
Les difficultés rencontrées
Au niveau de la pré-enquête, le travail
documentaire a posé un peu de problèmes eu égard au manque
de documents abondant relatifs aux changements culturels des peuples d'Afrique
centrale en général et du Gabon en particulier. Quant à la
documentation existante, elle n'a pas pu satisfaire totalement notre
appétit. De plus, la localisation des informateurs originaires du
village Issala vivant à Libreville n'a pas été facile. Des
rares personnes rencontrées qui auraient bien pu être nos
informateurs, les entretiens n'ont pas eut lieu en raison de leurs
activités professionnelles très complexes (travailleurs du
privé). Le petit temps qu'ils ont bien voulu nous accorder a
malheureusement coïncidé avec notre déplacement pour le
village Issala.
Par contre, les difficultés ont été
d'abord d'ordre financier, dans la mesure où le simple
déplacement de Libreville pour Issala (aller et retour) nécessite
déjà toute la bourse mensuelle d'un étudiant. L'autre
difficulté résidait dans le fait que les populations autochtones
ne perçoivent pas la nécessité d'une telle recherche.
Certains voyaient en nous des espions des « Blancs ». Nous avons
surtout fait face au problème de moyen de locomotion. L'unique
véhicule régulier (Lébamba-Mbigou) ne trouvant pas la
nécessité d'embarquer ceux qui descendent à mi-chemin,
alors qu'il y avait assez de passager de Mbigou. Nous avions donc dû
avoir recours à la supplication d'un chauffeur habitant de Makongonio (8
km avant Issala). Le retour nous a donc soumis à un exercice de marche
solitaire. Dans l'espoir de retrouver notre chauffeur de départ. Les
conditions météorologiques n'étaient pas en reste : une
grande pluie s'est abattue sur nous 15mn à peine après notre
départ du village. Issala étant une zone montagneuse de
forêt dense, la pluviométrie est en effet abondante et
récurrente.
Dans tous les cas nous avons été satisfait de
par la qualité de l'accueil qui nous a été
réservé. De par les données recueillies qui cadrent
parfaitement avec nos hypothèses, mais aussi par le comportement de nos
informateurs qui ont bien voulu nous aider dans l'élaboration de ce
modeste travail.
Les corpus qui suivent ont été transcrits en
isango puis traduit en français de façon littéraire. Tous
nos informateurs du village Issala sont tous Masango, mais de clans
différents.
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