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Paule Bellonie du Chaillu

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par Simplice OKOYE ELINGOU
Université Omar Bongo du Gabon - Maîtrise 2007
  

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CONCLUSION

Au terme de notre recherche, la construction de notre objet d'étude nous a permis, non seulement d'explorer le champ de l'étude, de poser le problème qui constituait le fondement même de nos préoccupations, mais aussi d'identifier clairement les différents aspects des changements culturels. Pour nous, l'articulation principale est celle qui gère les rapports entre les populations de Issala actuel avec les anciens villages jadis traversés par Du Chaillu en 1885. Dans un second temps, nous avons recueilli les informations pertinentes sur la base de notre guide d'entretien auprès des personnes rencontrées aussi bien à Libreville, à Idoumi qu'à Issala même.

La problématique que nous avons développée dans ce mémoire s'est focalisée principalement autour de la question de l'inventaire des sites et villages exposés dans Afrique Sauvage en vu d'établir une causalité entre les phénomènes. Nous avons pu découvrir les populations desdits villages. L'intérêt accordé à leur passé fournit les repères variés. En effet, nous avons pu localiser et même retrouver la majorité des sites et villages visités par du Chaillu. Nous avons cerné les raisons qui ont déterminés le maintien des anciens villages depuis près de 150 ans, bien que se présentant sous d'autres formes. Et cela, malgré les regroupements imposés aux populations le long des voies de communication construites par l'administration coloniale. Au regard de l'information recueillie, il apparaît clairement que la tradition orale a gardé un souvenir de ce grand personnage historique. Souvenir relatif à l'événement tragique ayant marqué la fin de sa longue exploration de l'Afrique équatoriale Française.

Nos hypothèses de départ ont été confirmées. En effet, il apparaît que les changements constatés dans nos sociétés sont tributaires de la politique coloniale. Loin donc de constituer une conclusion qui clôt le débat, ce n'est nullement le but visé, nous pensons que l'action coloniale a créé des disparités nouvelles sur tous les plans. Elle a surtout créé des mutations importantes au plan socioculturel. C'est à partir de cette période qu'on peut situer le début des grands changements socioculturels qu'on observe dans le Gabon d'aujourd'hui.

Mais bien que la colonisation contemporaine, à travers ses activités (déplacement des populations, exploitation forestière et pétrolière), ait oeuvré contre la distribution traditionnelle des populations en créant des villages, de regroupements sur les axes de

communication afin de faciliter leur gestion par l'administration coloniale, il se trouve que de nombreux sites et paysages, non soumis à l'exploitation ont conservé le même aspect que du temps de notre explorateur, c'est le cas des villages : Mwawou, Niémbou, Moubana, Mughiba, Ditadi pour ne citer que ceux-là, ou des monts Biroughou, L'chingou. De même, nous notons la conservation du système de chefferie, la persistance du système clanique dans l'organisation sociale qui compose notre village d'étude. Les invariants culturels restent centrés sur les principes de solidarité, de sacralité, de continuité qui agissent et s'inscrivent dans une logique culturelle qui redoute le changement.

Par ailleurs, d'autres phénomènes se perpétuent avec moins de vivacité. C'est le cas des contes et légendes au clair de lune, des danses, des jeux, quelques techniques et savoirs-faire ainsi que les croyances aux mythes comme les animaux totémiques (le perroquet) évoqués par Du Challu. Notons aussi la pratique de la médecine traditionnelle qui vient relier la médecine moderne. Au plan religieux, le Mwiri, le Bwiti, le Mimbouiri etc. sont encore d'actualité quand bien même la majeure partie de la population dudit village pratique parallèlement le culte monothéiste imposé par le colon. Dans tous les cas, nos valeurs traditionnelles subissent une pression extrême de la modernité. Nous dirons, à la suite de Minko Mvé, que les manifestations de la modernité (de la récurrence et du changement) étant très évidentes, elles sont souvent complexes. « Elles montrent que la société

gabonaise, en général, vit un tournant majeur de son histoire et qu'elle est entrée dans une mutation qui concerne tous les domaines et qui, par sa construction, se caractérise par une allure exponentielle ».

Au regard de ce qui précède, nous n'avons pas la prétention d'affirmer ou de conclure que le cas examiné chez les Massango soit généralisable à l'ensemble du territoire gabonais. Une autre étude menée dans une autre partie du territoire peut nous amener à l'affirmer. Dans la mesure où notre enquête s'est appesantie sur les témoignages de treize informateurs. Face à l'ampleur des changements, il nous importe de regarder autrement la modernité. Car, la réinvention des traditions, comme le pensait déjà Gérard Buakasa, et la résurgence de savoirs endogènes sont des réponses au resserrement des contraintes sans entraves. Car comme le stipule une sagesse africaine « lorsqu'on se trouve perdu en forêt, qu'on ne sait plus où aller, il faut revenir sur le chemin laissé derrière ».

Terminons par ce conseil de Léopold Sédar Senghor à l'endroit de la jeunesse

africaine : « La civilisation de l'universel aujourd'hui favorise de profonds changements, car les hommes se communiques leur idée, leur sentiment, leur technique d'un bout à l'autre du monde par les moyens qui ignorent les distances. Il est vrai que pour se développer, les civilisations doivent se respecter et s'enrichir à l'aube du troisième millénaire.

Cependant, nous devons reconnaître qu'actuellement, pour une grande partie de l'humanité, l'échelle des valeurs a perdu toute signification. Il appartient donc à vous les jeunes d'élaborer cette civilisation de l'universel qui sera faite de valeurs complémentaires de tous les continents et de tous les peuples. Il convient de garder à l'esprit qu'il n 'y a pas de civilisation sans culture, car l'effort culturel est lui-même la principale valeur de la civilisation. Je souhaite que cet espace soit un lieu de rencontre, d'échanges qui vous permette de trouver le bonheur culturel et vous ouvrir aux civilisations. »34

34 Léopold Sédar Senghor, in Réseau Afrique de janvier à avril 2006, p. 2.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon