I.3. - techniques de mesures
I.3.1. - La mesure de la densité
corporelle (méthodes d'estimation)
Dans le modèle à deux compartiments, si une
densité fixe est attribuée à chaque compartiment (0,9
g/ml) pour la masse grasse et 1,1 g/ml pour la masse maigre), la proportion de
chacun des compartiments peut être calculée à partir de la
densité du corps entier. Celle-ci est le rapport masse sur volume D :
Masse
dc = ------------ [41]
Volume
L'équation de SIRI [42, 44] permet de
calculer le pourcentage de masse grasse :
4,95
% MG = 100 ( ---------- - 4,50 )
dc
ou par l'équation de BROZEK et al (1963)
[11] :
4,570
% MG = ( ------------- - 4,142 ) x 100
dc
Cette méthode a longtemps été
considérée comme la référence et a fourni une
grande partie de nos connaissances de la composition corporelle.
La densité corporelle peut être
déterminée de deux façons [2, 4, 5, 11, 14, 33,
41, 42] :
par
hydrodensitométrie : en utilisant le principe
d'Archimède qui consiste à mesurer un volume en l'immergeant dans
l'eau. Il faut donc un équipement adapté (une cuve de taille
suffisante, une capacité à déterminer les volumes de gaz
respiratoires et intestinaux).
Cette technique ne peut être utilisée chez les
enfants, les malades, les personnes âgées à mobilité
réduite, les patients à coopération réduite.
par pléthysmographie, en
utilisant la loi de BOYLE-MARIOTE, où le produit pression × volume
est une constante. Ainsi, si un corps est introduit dans une cabine de volume
connu, le régime de pression de la cabine est modifié en
proportion du volume introduit. Cette méthode bénéficie
d'un développement important.
I.3.2. - La mesure de l'eau totale
(méthode d'estimation) [4, 5, 36, 41]
Dans le modèle à deux compartiments, la masse
grasse est dépourvue d'eau et la masse maigre en contient une proportion
fixe (73 %). A partir de l'estimation de l'eau corporelle totale, il est donc
facile de calculer la masse maigre (MM) :
eau totale
MM = -----------
0,73
Dans le modèle à trois ou quatre compartiments,
l'eau corporelle totale et l'eau extracellulaire peuvent être
considérées comme des compartiments (il s'agit alors d'une
méthode de quantification).
Les volumes d'eau (corporelle totale, extracellulaire et
intracellulaire) peuvent être déterminés :
par dilution de traceur : une
dose connue de traceur est bue, des prélèvements de plasma,
d'urine ou de salive sont réalisés quatre à six heures
après administration de la dose. La concentration en traceur
reflète le volume de dilution de la dose. Les traceurs de l'eau
corporelle totale sont l'eau marquée au deutérium ou à
l'oxygène 18, deux isotopes stables. Le traceur de l'eau extracellulaire
est le brome. Il n'y a pas de traceur de l'eau intracellulaire.
par impédancemétrie
bioélectrique (méthode de prédiction)
L'impédancemétrie bioélectrique
(bioelectrical impedance analysis, BIA) est basée sur la capacité
des tissus hydratés à conduire l'énergie
électrique. L'impédance est fonction du volume du compartiment
hydroélectrique contenu dans le corps.
I. 3.3. - Mesure
anthropométrique [4, 5, 10, 37, 41]
I.3.3.1. - L'indice de masse corporelle
(IMC)
Il est encore appelé indice de Quételet ou Body
Mass Index (BMI) [5, 14]. Il est le rapport du poids sur la
taille au carré :
Poids (kg)
IMC = ( ---------------------
(taille)2 (m2)
où le poids est en kg et la taille est en mètre.
Tableau I : Estimation de la masse
musculaire [12, 15, 28, 39, 45]
Classification
|
IMC
|
Commentaires
|
Maigreur
|
< 18,5
|
Poids trop faible, risque de faiblesse immunitaire
|
Normal
|
18,5 à 24,9
|
IMC normal
|
Surpoids
|
25 à 29,9
|
Problème de santé
|
Obésité
|
30 à 40
|
Risques de maladies cardiovasculaires
|
Obésité grave
|
> 40
|
Habitudes alimentaires à changer.
L'activité physique est sous surveillance
médicale
|
L'étude de la composition corporelle constitue un
élément indispensable de l'évaluation du statut du
sportif.
Les données anthropométriques, telles que les
plis cutanés, constituent un moyen peu coûteux
d'évaluation. Le suivi longitudinal par des mesures
répétées compense le manque de précision.
L'indice de masse corporelle (IMC) est précieux pour la
définition des valeurs normales du poids (entre 18,5 et 29,9
kg/m2) et pour la définition du surpoids (entre 25 et 29,9
kg/m2) et de l'obésité (au-delà de 30 kg par
m2).
Les valeurs en-dessous de 18,5 kg/m2
déterminent la maigreur. Il permet d'évaluer le niveau
d'adiposité du corps, en d'autres termes, il estime la quantité
de masse grasse de l'organisme en fonction du poids de l'individu et de sa
taille au carré [3].
De plus, lors de la croissance, la surveillance de l'IMC est
intégrée aux abaques du carnet de santé et l'enseignant
d'EPS pourra s'y référer pour connaître la dynamique de
croissance et les risques potentiels de son enseignement
[13].
I.3.3.2. - Estimation de la masse musculaire
[4, 5, 41]
Excrétion de la créatinine de la
3-méthylhistidine. La créatinine est un métabolite de la
créatine, dont le débit urinaire des 24H reflète le pool
total de créatine, situé à 98 % dans le muscle. La
3-méthylhistidine est un acide aminé présent dans les
protéines myofibrillaires, qui n'est pas recyclé après
protéolyse, et est excrété directement dans les urines.
L'excrétion journalière est donc proportionnelle à la
masse musculaire.
L'épaisseur des plis cutanés est
déterminée. Leur somme est introduite dans des équations
prédictives, en fonction de l'âge et du sexe, afin d'estimer la
densité corporelle [44].
Tableau II : Equations prédictives
de la densité corporelle en fonction
de l'âge et du sexe
Tranches d'âge (ans)
|
Homme
|
Femmes
|
17 - 19
|
Dc = 1,1620 - 0,0630
(log S)
|
Dc = 1,1549 - 0,0678 (log S)
|
20 - 29
|
Dc = 1,1631 - 0,0632
(log S)
|
Dc = 1,1599 - 0,0717 (log S)
|
30 - 39
|
Dc = 1,1422 - 0,0544
(log S)
|
Dc = 1,1423 - 0,0632 (log S)
|
40 - 49
|
Dc = 1,1620 - 0,0700
(log S)
|
Dc = 1,1333 - 0,0612 (log S)
|
= 50
|
Dc = 1,1715 - 0,0779
(log S)
|
Dc = 1,1339 - 0,0645 (log S)
|
S est la somme des quatre plis cutanés exprimée
en mm : bicipital, tricipital, sous-scapulaire, supra iliaque.
Outre les problèmes liés à la mesure des
plis cutanés (difficile voire impossible chez les sujets
présentant une obésité sévère), cette
méthode présente plusieurs limites :
- celle conceptuelle liée à la mesure de
densité totale qui va en propager les erreurs voire les
amplifier ;
- celles liées à la localisation des plis
cutanés et à leurs relations à la masse grasse totale.
Les quatre plis décrits ci-dessus ne prennent pas en
compte le tissu adipeux de la partie inférieure du corps et ont tendance
à sous-estimer l'obésité gynoïde.
La méthode estime mal le tissu adipeux profond et a
tendance à sous-estimer l'obésité viscérale.
La détermination des plis doit être
effectuée avec une pince spécialement calibrée
(adiposomètre) permettant de mesurer l'épaisseur du pli sans
écraser le tissu adipeux sous-cutané.
La mesure doit être réalisée par un
opérateur entraîné (coefficient de variation personnelle
inférieur à 5 %) [44].
|