4.1.3. Eau potable et électricité :
Dans les années quatre-vingt, et en concertation avec
la Banque Mondiale le Maroc a lancé l' « opération
branchements sociaux » afin de répondre aux besoins des citoyens eu
égard à une croissance urbaine galopante. L'objectif était
de brancher les quartiers marginalisés mal desservis au réseau
urbain d'alimentation en eau potable à des prix subventionnés.
Toutefois, la Banque mondiale a exigé l'adoption d'une
politique ajustée sur les prix effectifs du marché, sans tenir
compte ni de la structure urbaine propre à ces quartiers, ni de la
solvabilité de leurs résidents. Le manque de connaissance de
certaines données sine qua non, telles que le tissu urbain dans les
quartiers pauvres, le règne de la clandestinité dans ces zones et
les loyers non déclarés etc., a fait en sorte que les
mécanismes adoptés pour aider les plus désavantagés
soient impraticables. Au final, ce sont les utilisateurs qui ont le moins de
revenu qui paient le plus cher pour un mètre cube d'eau.
La série de privatisation, concernant les services
d'eau potables et d'électricité, a aggravé la situation.
La Lyonnaise des Eaux a pris la concession de Casablanca (LYDEC). REDAL,
filiale de l'entreprise Veolia, a obtenu la concession de Rabat... cette large
vague de privatisation s'est accompagnée d'un double mouvement à
savoir : la détérioration des biens publics ainsi qu'une hausse
des tarifs. (Fréquence irrégulière des relevés des
compteurs, manque de clarté des factures, erreurs de facturation graves,
etc.)
Comme on l'a vu, la situation sociale au Maroc ne
présage rien de bon. En effet, même l'accès aux besoins de
base relève du parcours des combattants pour la majorité de la
population. La fracture sociale a atteint un niveau inquiétant, une
croissance économique soutenue, présentée telle une
panacée, apportera peut-être une solution à long terme et
aura sûrement des retombées indirectes sur le tissu social.
Entre-temps, que fait le Maroc pour atténuer cette situation de
façon directe dans le court et moyen terme ? Nous allons survoler
quelques démarches étatiques ayant pour but de réduire
ladite fracture.
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