Le plan « Espoirs Banlieues », apparenté au
plan Marshall par ses auteurs, traite de nouveaux volets tels que la
sécurité et le transport certes, mais est-il vraiment un point de
rupture avec les plans qui l'ont précédés ?
De prime abord, ledit plan s'appuie sur une base fort
déplorable à savoir le contrat « donnant-donnant », qui
n'est là que pour aider les personnes qui veulent s'en sortir. Que
doit-on faire alors pour les personnes qui ne peuvent pas s'en sortir ?
Sont-elles de facto éliminées par le Plan ? Où
sont passées les valeurs républicaines françaises qui
protégent tous les citoyens, y compris ceux qui sont les plus
vulnérables ?
De surcroît, l'évolution de la
dénomination des banlieues renseigne sur la place de celles-ci au sein
du territoire français. En effet, longtemps qualifiées de
quartiers pourris, à problème et parfois indésirables
etc., elles sont désormais qualifiées de « zones urbaines
sensibles ». Toutefois elles sont encore loin d'être
considérées comme des quartiers faisant partie intégrante
du territoire français.
Par ailleurs, Le Plan « Espoir banlieues » a
critiqué lui-même les précédents plans et
réformes en les traitant de catalogues de séries
dispersées et sans traitement de fond. Cependant, force est de constater
que ledit plan ne sort guère du lot et abonde dans le même sens
des plans qui l'ont précédés.
En effet, concernant l'éducation, le Plan ne fait que
recycler quelques anciennes mesures appartenant, pour l'essentiel, au plan de
cohésion sociale. De plus, l'ensemble des mesures,
présentées par le nouveau plan concernant l'éducation est
discutable, à titre d'exemple, l'école de la deuxième
chance n'est peut-être pas la meilleure des solutions pour lutter
efficacement contre l'échec scolaire. Ne serait-il pas plus judicieux de
rénover et de réhabiliter l'école de la «
première chance » avant?
Une fois de plus, tous les volets présentés par
le plan « Espoir Banlieues, une dynamique pour la France » ne
traitent guère le noyau du problème, et se contentent seulement
de lutter contre les conséquences apparentes. Pire encore, il s'appuie
sur une base discriminatoire qui prend en main ceux qui « méritent
» et laissent tomber ceux qui ne « méritent » pas.
La seule singularité qu'on peut accorder au nouveau
plan est la sollicitation massive du secteur privé. Etant donné
que l'Etat a montré ses limites, le secteur privé pourrait
apporter un nouveau souffle. Seulement, il est utile de rappeler que le mot
d'ordre du secteur privé est le profit financier, il est donc fort
probable que les entreprises manifesteront une aversion à l'égard
de cette sollicitation et n'accepteront pas de faire le travail au lieu de
l'Etat, si cette démarche s'avère peu lucrative. Si tel est le
cas, le plan « Espoir Banlieues » restera lettre morte.
En définitive, « Espoir banlieue » est une
vision très subjective sur les banlieues qui scindent ses habitants en
deux catégories : ceux qui méritent et ceux qui ne
méritent pas. En oubliant que les violences, l'échec scolaire, le
chômage des jeunes sont la résultante de l'environnement urbain
dans lequel ces habitants vivent. Ainsi, peut-on avancer que ce plan ne vise
pas à renforcer réellement la cohésion sociale.
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