Education des enfants et société:relations complémentaires ou conflictuelles. Interroger la conscience de l'éducateur face à la société( Télécharger le fichier original )par Anne-Carole Boquillon Université de Tournai - Graduat éducateur spécialisé 2008 |
2.2 L'ASSISTANCEAfin d'épauler au mieux les parents dans leurs rôles d'éducateurs, la société a mis en place différentes aides éducatives. Ces aides ont pour objectifs la protection de l'enfant, de son mieux-vivre, de sa santé physique et mentale. À l'origine, l'aide était pour aider les orphelins, les enfants abandonnés, et également pour éviter la multiplication des enfants errants dans les rues, surtout après les drames sociaux qu'ont connus certains pays. Puis, l'aide fut élargie pour les enfants dont les parents étaient déficients dans leur manière d'éduquer ceux-ci. La société est devenue de plus en plus protectrice et, actuellement, elle est également préventionniste. En effet, face à la multiplication des problèmes d'éducation, la société a mis en place une multitude de services afin d'éviter le plus possible les carences familiales, permettant de protéger les enfants et ainsi réduire le coût des différentes aides apportées. Nous avons aujourd'hui, majoritairement, deux types de demande d'assistance : les familles en difficultés qui la sollicite, et celles à qui elle est imposée. Les difficultés éducationnelles sont telles que de plus en plus de parents font appel aux services sociaux pour bénéficier d'une aide dans l'éducation de leur enfant, mais également dans leur vie privée, ayant des problèmes sociaux et/ou financiers dû à la conjoncture économique et sociale actuelle. Ces derniers ayant une incidence sur leurs facultés à éduquer leurs enfants. D'un autre côté, de plus en plus de personnes font appel aux services sociaux pour dénoncer des parents potentiellement maltraitants, ayants été témoins de faits inquiétants, étranges et/ou suspects. Ceci étant, en partie, le résultat des campagnes de prévention pour la protection de l'enfance. Lorsqu'une assistance éducative est demandée, celle-ci se doit d'être notifiée par un acte officiel effectué par un juge. 2.2.1 LES MESURES JUDICIAIRESLors de la convention des droits de l'enfant, plusieurs pays ont été accusés de trop facilement séparer les enfants des parents dès la survenue de problèmes. Afin de pouvoir ratifier cette convention, chacun s'est engagé à restreindre les placements d'enfants, et de faire le maximum pour préserver le lien parents/enfants. C'était effectivement une nécessité. La séparation des enfants de leurs parents était très facilement effectuée, on estimait à cette époque que la séparation était un fait inévitable lors de problèmes éducatifs et ce, pour le bien de l'enfant. La société se trouvait alors dans la période où les horreurs de la pédagogie noire avaient été dénoncées et diabolisées. On a, de ce fait, sacraliser le lien parents/enfants envers et contre tout. Tout ce qui était possible de faire pour éviter un déchirement de la famille était mis en place. Ces mesures sont les temps d'observations, les périodes d'essais, donner une seconde chance aux parents déficients dans l'éducation de leur enfant, le suivi éducatif, etc. Mais toutes ces initiatives très agréables à première vue ont un revers lorsque la situation est susceptible de mettre l'enfant en danger. Peut-on encore penser, dans ces cas-là, que le maintien du lien familial est inexorable ? Dans son livre, Maurice Berger nous présente plusieurs situations. Celles-ci sont basées sur différentes procédures, des signalements par des professionnels, pour des enfants en danger. Il démontre, suivant les études de cas décrites, que certains juges préfèrent tenter de garder le lien entre l'enfant et les parents, en particulier si ils ne possèdent pas de preuves probantes, malgré des rapports affligeants de professionnels, qu'ils soient psychologues, assistants sociaux ou éducateurs. Il appelle ceci « l'idéologie du lien familial », qu'il définit de cette phrase : « position de principe selon laquelle le maintien du lien physique réel entre l'enfant et ses parents a une valeur absolue et intouchable. »5(*) Il faut parfois plusieurs années avant que la situation ne soit réellement acceptée comme dangereuse pour l'enfant. Par manque de preuve, ou par empathie pour les parents, ces juges préfèrent laisser l'enfant dans sa famille. Il semblerait que ces juges estiment que l'intérêt de l'enfant est d'être avec ses parents, ce qui peut être réel, malgré les alertes et les rapports des professionnels sur les conditions de vie de l'enfant. Effectivement, l'intérêt de l'enfant est d'être auprès de sa famille, mais peut-on estimer, dans certaines situations, que ce lien est inéluctable. Quand l'enfant est victime de manque de soins, de carences effectives, de violences, et que ces faits provoquent chez lui des carences de développement physique et intellectuel, peut-on encore estimer que sa relation avec ses parents est primordiale ? * 5 Ces enfants qu'on sacrifie...au nom de la protection de l'enfance - Maurice Berger - Page 15 |
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