4.4 LEUR PLACE PAR
RAPPORT AUX AUTRES INTERVENANTS
Dans une institution, nous pouvons retrouver au
côté de l'éducateur, différents spécialistes
de l'intervention chez les enfants. Il y a le directeur, les psychologues, les
éducateurs, les assistants sociaux, le personnel de maintenance et
d'entretien, etc.
Par rapport aux autres intervenants, l'éducateur n'a
pas une méthode particulière. On pourrait presque dire que
l'éducateur a un côté « bonne à tout
faire ». Il peut être sur tous les fronts
simultanément : du côté de l'enfant et,
parallèlement, en connivence avec l'équipe éducative.
Lors des réunions, l'éducateur écoute et
prend conseil auprès de l'équipe pluridisciplinaire. S'il n'a pas
réussi à imposer sa place au sein de l'équipe, il ne sera
pas écouté s'il donne son avis et ses réactions par
rapport au suivi de l'enfant. Par contre, si sa place est bien
déterminée, l'équipe pluridisciplinaire lui marquera sa
confiance en l'écoutant et en tenant compte de son avis personnel.
Lorsque toute l'équipe pluridisciplinaire a
établi sa place spécifique au sein de l'institution autour de
l'enfant, et que chacun respecte le rôle de l'autre, il y a plus de
chance de succès dans l'aide apportée. De plus, l'ambiance de
travail sera bonne et les réactions de chacun des intervenants plus
saines et efficaces lors d'un éventuel problème.
Par contre, si l'équipe n'arrive pas à
s'entendre sur les limites de chaque intervenant, l'institution devra faire
face à des frustrations, des tensions au sein de son personnel.
L'échange des données sur l'enfant lors des réunions ne
sera pas constructif et risquera de nuire à l'enfant lui-même,
donc à son évolution.
L'éducateur, dans l'institution, est mené, dans
le cadre de sa profession, à parfois être le confident de
l'enfant. Sa place d'accompagnant, de soutien vis-à-vis de l'enfant,
fait que ce dernier se tournera plus facilement vers l'éducateur.
L'éducateur devra juger par lui-même si les
confidences de l'enfant doivent être transmises à ses
collègues. Parfois, cela peut être un vrai dilemme pour
l'éducateur. L'enfant qui aura confié un secret à son
éducateur ne souhaitera pas que celui-ci trahisse son secret. Mais si le
sujet est important dans le suivi de l'enfant, l'éducateur doit choisir
entre trahir le jeune en dévoilant ce savoir lors de la réunion,
et ainsi risquer de perdre la confiance de l'enfant ou alors se taire, en
prenant le risque de frustrer ses collègues et peut-être nuire
à l'évolution du dossier de l'enfant.
Dans les réunions, l'ensemble de l'équipe
pluridisciplinaire parle du dossier de l'enfant. Cela leur permet de voir les
tenants et les aboutissants de son évolution au sein de l'institution,
que ce soit positif ou négatif. Ces réunions permettent de faire
le point sur les différents points de vue de l'équipe
pluridisciplinaire, et elles permettent à l'éducateur de faire le
lien entre l'enfant et l'équipe.
Chaque professionnel tient sa place par rapport à sa
spécificité. Il évalue les progrès ou les
régressions de l'enfant dans son domaine en fonction des
réactions de celui-ci avec les autres intervenants et les membres du
personnel de l'institution. Mais les réactions, le comportement de
chacun sont également liés à leur histoire, à leurs
ressentis ; toute réaction est subjective en fonction de la
personne. Ce qui mène à dire qu'aucun des intervenants est
complètement neutre dans la pratique de son métier.
La subjectivité de chacun pourrait être une
source de conflits mais le travail de l'un pourrait être
complémentaire dans le travail de l'autre. Elle permet à
l'éducateur de s'enrichir de l'expérience de son collègue,
à travers sa subjectivité et celle du partenaire social. Plus les
éducateurs tireront profit de ses différentes expériences,
de la subjectivité des autres, plus l'enfant en ressentira un certain
équilibre. Au contraire, si l'éducateur se cantonne uniquement
dans sa propre expérience, sans accepter la subjectivité de ses
collègues, plus l'enfant ressentira un malaise qui sera susceptible de
nuire à son épanouissement. Comme dans un milieu familial
(père et mère), la bonne entente est nécessaire puisque
l'enfant s'identifie et se construit en fonction du modèle parental, qui
peut être représenté par l'équipe pluridisciplinaire
de l'institution.
Lors de réunions, les intervenants se doivent
également de tenir compte des demandes de l'enfant. Ce dernier peut
considérer l'institution et ses intervenants comme son foyer et sa
famille. Chaque enfant est différent et vivra l'aide apportée
dans l'institution différemment d'un autre. De même, il pourra
développer des affinités particulières avec certains des
intervenants et pas avec d'autres. L'enfant peut en venir à se confier
à l'un d'eux même si l'intervenant à l'écoute de la
confidence n'est pas celui dont la profession le prédispose à
l'entendre.
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