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Auxiliaires médicaux et médecins africiains au Togo sous domination coloniale: 1884-1960

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par Zinse Emmanuel MAWUNOU
Université de Lomé - Maitrise 2006
  

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CONCLUSION GENERALE

En somme, disons que la formation du personnel autochtone en science de la santé remonte à l'époque coloniale. La naissance des professionnels de la santé dans la société togolaise découle de la volonté politique des Allemands d'amener à la pratique médicale occidentale des populations qui ne se soignaient que par les plantes avec leur médecine traditionnelle.

Les Allemands avaient eu la difficile charge d'amener les indigènes à la pratique médicale des Blancs, tâche délicate du fait que les guérisseurs et charlatans avaient "pignon sur rue" et avaient parfois des connaissances en botanique.

Au fait, les "Togolais" n'avaient pas attendu l'arrivée des Européens pour se soigner. Chaque communauté avait ses guérisseurs, généralement appelés les médecins traditionnels.

Cette médecine dite traditionnelle a ses fondements dans la culture des peuples où les traditions rentrent en ligne de compte. Elle était fortement ancrée dans les différentes communautés traditionnelles et les maîtres de cette médecine avaient du poids aux yeux de leurs frères. C'est dans ce contexte que le colonisateur allemand avait cherché à introduire, non sans difficulté, la médecine moderne. Donc elle chercha, pour avoir du crédit aux yeux des populations, à combattre les maladies pour au même moment écarter la main - mise des guérisseurs traditionnels sur cette médecine. C'est à cette tâche que s'étaient attelés les médecins coloniaux.

Les difficultés de ces médecins, l'ignorance des coutumes et dialectes "togolaises", mais surtout le nombre très insuffisant du personnel allemand, avaient contraint les Allemande à ébaucher la formation d'un corps d'auxiliaires médicaux autochtones.

Les conditions de recrutement de ces agents de santé qui pour la plupart étaient de niveau très peu élevé et surtout la formation professionnelle qui leur était donnée firent de ces auxiliaires médicaux des cadres subalternes qui restaient sous les ordres des médecins allemands. Ainsi donc, ce personnel de santé, composé d'Allemands et de Togolais avaient accompli certaines actions à l'endroit des populations togolaises car, souligne DAJA «La santé a été l'une des tâches prioritaires de l'administration allemande au Togo» (Dadja 1983:263). C'était le cas de la variole dont la vaccination constituait la principale arme. C'était la maladie qui était la plus répandue, la plus récurrente et qui faisait le plus de ravage parmi les populations de cette époque. Pourtant, malgré les énormes efforts pour endiguer le fléau, celui -ci ne s'arrête pas. Durant l'été 1911, la variole s'étant encore déclarée dans toutes les parties du Togo avec l'importantes pertes en vies humaines dans certains cercles, il faut encore multiplier les vaccinations. Certains cercles avaient enregistré jusqu'à 4000 personnes ravagées par ce fléau.

La variole n'était pas la seule maladie ciblée par le personnel de santé de la période allemande. Il y avait aussi la maladie du sommeil, la méningite cérébro-spinale.

Si avec la maladie du sommeil il y a un traitement et que contre la variole il existe un vaccin préventif, il n'en était pas de même pour certaines épidémies dont la méningite cérébro-spinale face à laquelle les Allemands ne disposaient d'aucun remède.

Malgré ces difficultés qu'éprouve le pouvoir colonial dans sa lutte contre certaines maladies, on peut dire, s'agissant de l'ensemble du protectorat dans le domaine médical que les infrastructures existent et des médecins aussi; ces derniers étant bien entendu aidés dans leurs travaux par les auxiliaires médicaux autochtones.

De réels efforts sont fait dans une partie du territoire, ce qui constitue un facteur d'évolution social important, contrairement à la situation qui prévalait encore à Kété- Kratchi, Sokodé- Bassari et surtout Mango - Yendi.

Ainsi, jusqu'à la fin de la présence allemande, ces régions ne connaissent que le régime de vaccination. En dehors de celui -ci, pas d'infrastructures, ni de présence permanente de médecins pour suivre régulièrement les populations et les soigner d'autres maladies.

De toutes les circonscriptions de l'arrière - pays, Mango-Yendi semblait la plus mal lotie. Elle ne connut qu'une campagne de vaccination en 1908 et ceci grâce à la présence d'un médecin dans la commission de délimitation de la frontière.

En dehors donc de ces campagnes de vaccination, il n' y avait plus rien comme structures sanitaires dans toute cette vaste région, à l'exception des 2 villages de lépreux dans le cercle de Sokodé - Bassari et celui de Bogou dans le cercle de Mango - Yendi, ce que Ali Napo qualifie de « vide territorial de la région, à son peuplement et surtout aux besoins en santé pour médical que l'on peu même qualifier d'absolu si l'on fait référence à l'étendu ces populations.» (1995:1878t4).

De toute évidence, la formation des auxiliaires médicaux datait depuis l'époque allemande. Mais quelle que soit la formation, aucun d'eux n'accédait au diplôme d'Etat. Ce comportement du colonisateur était - il au refus délibéré pour sauvegarder sa suprématie ou était - il dû au bas niveau intellectuel des autochtone? Deux réponses peuvent être envisagées à cette question.

Tout d'abord la première assertion peut être vraie dans la mesure où le personnel subalterne qu'ils acceptaient de former était plus une contrainte qu'un souci de promouvoir l'éducation des autochtones en science de la santé. Les épidémies et les maladies dues au manque d'hygiène qui sévissaient au début de la colonisation ne pouvait pas laisser indifférents les colons car ils avaient besoin de la main- d'oeuvre autochtone et de percevoir les taxes civiques. Il fallait alors « sauver » ces autochtones. Mais le nombre de médecins colons était très insuffisant pour prendre en charge tous les malades autochtones.

Pour pallier à ce déficit, les colons avaient introduit l'enseignement de quelques notions de médecine moderne aux autochtones. Ceux- ci, étant initiés, devaient prendre en charge leurs compatriotes malades. Leur nombre étant aussi insuffisant pour couvrir tout le pays, les colons avaient trouvé la nécessité d'enseigner aux autochtones les notions d'hygiène afin qu'ils évitent de contracter certaines maladies. C'est d'ailleurs ce qui explique la primauté de la médecine préventive à l'époque allemande.

La formation des autochtones n'étant pas une priorité de l'administration mais un besoin éprouvé par le médecin colon, on comprend pourquoi aucun programme de formation n'était mis sur pied et que la formation elle - même s'était réduite qu'à la pratique.

Cependant, la réponse envisagée précédemment pourrait être réfutée parce que les colons utilisaient une langue différente de celle des autochtones et compte tenu du bas niveau intellectuel de ceux - ci, il n'était pas aisé pour les colons de promouvoir leur formation. Nous avons pour preuves le recrutement et la formation des premiers auxiliaires médicaux. Ces derniers étaient analphabètes, mais au fur et à mesure que le niveau intellectuel s'élevait, le choix se portait sur les élèves de niveau des auxiliaires médicaux, des conditions de recrutement et de la formation qui leur était donnée, leur apport a été considérable au côté des médecins allemands. Ils arrivaient à intégrer certains milieux inaccessibles et hostiles aux Allemands.

Toutefois, les Allemands étaient contraints de laisser le Togo, et donc les auxiliaires médicaux, après leur défaite de la première guerre mondiale.

Les conditions du déclanchement de la guerre mais aussi de sa durée au Togo (juste deux semaines) n'avaient pas permis aux Allemands de préparer une relève qui s'occuperait du personnel médical à leur départ.

Ainsi, le personnel médical autochtone laissé par les Allemands en avait souffert. Par là, la guerre de 1914 - 1918 laissa de sérieuses répercussions sur les activités médicales et sur l'émergence d'un personnel médical autochtone.

Après le climat d'attentisme, c'est - à dire de méfiance des Anglais et Français vis - à - vis du Togo allemand et surtout le problème de personnel médical créé par la guerre, certaines solutions, à titre temporaires avaient été élaborées conjointement par les Anglais et les Français, chacun dans sa zone d'occupation.

Mais on pouvait espérer les débuts d'une véritable volonté de résoudre cette crise pendant la période 1920 -1922.

Pendant ces dernières années au cours desquelles le Togo était sous occupation anglo-française, certaines réformes étaient enregistrées dans la partie du Togo administrée par les Français (partie orientale).

On peut dire qu'en matière de recrutement les premiers personnels médicaux sous occupation française, il y eut d' abord une période de flottement entre 1914 et 1919. Mais à partir de 1920, des clarifications furent introduites afin de définir les règles devant régir le travail salarié.

Dans ce cadre, la situation des auxiliaires médicaux embauchés antérieurement sans statut précis commença à être spécifiée. Plusieurs arrêtés furent alors signés procédant à l'organisation des cadres, à l'établissement de la hiérarchie professionnelle et à la fixation précise des soldes. Mais ces réformes seront approfondies à partir de 1922.

Entre 1922 et 1960, les différents statuts internationaux du Togo avaient de toute façon renforcé puis consolidé le corps des auxiliaires médicaux d'une part et favorisé l'émergence d'un nouveau corps de médecins africains de l'autre.

D'abord entre 1922 et 1946 le Togo était sous le régime de mandat de la SDN .Pendant cette période, les Français inaugurèrent et affinèrent lentement une politique de santé qui devint plus dynamique à partir des années 1930. Une attention particulière était accordée à l'état de santé des populations et le recul des endémies revient sans cesse dans les rapports annuels adressés à la SDN

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C'était sous le régime du mandat que le recrutement des auxiliaires médicaux connut une évolution significative grâce aux décrets et arrêtés de cette période. Ainsi, le niveau était alors élevé, ce qui pouvait permettre aux auxiliaires médicaux une formation aisée. La formation elle-même prit des avancées considérables. Il y avait alors un programme de formation qui concernait plus la pratique que la théorie.

Par leur rôle, ces infirmiers étaient proches des populations. On les retrouvait dans les villages isolés en poste ou en tournées de vaccination. Le fait qu'ils arrivaient, par leurs soins gratuits, à soulager certains malades leur valait beaucoup de considération et de respect.

Les principaux auxiliaires médicaux des Français avaient joué un rôle prépondérant dans les nouvelles innovations qu'étaient la médecine mobile et l'OEuvre de Berceau. Etant de création française, ces innovations avaient pour moteurs principaux le personnel médical autochone même si elles étaient dirigées par les Français.

Par leurs oeuvres , le personnel autochtone contribuait à la lutte contre les endémies comme la rougeole, la syphilis, le pian , la variole et surtout la maladie du sommeil vigoureusement combattue à partir de 1927.

Progressivement, on passa des auxiliaires médicaux aux médecins africains. Les conditions de recrutement de ceux-ci étaient plus rigoureuses et la formation qu'on leur donnait n'était pas des moindres. Ils étaient formés dans une école spéciale à Dakar d'où ils sortaient avec le diplôme d'Etat. Un autre décret avait été pris pour permettre aux médecins, sages- femmes et pharmaciens africains d'accéder aux études de médecine en France à partir des années 1950.

Ces années 1950 se situaient dans la période de tutelle de l'ONU où le Togo était administré par la France.

Cette tutelle couvrait de 1946 à 1960. Donc cette facilité qu'avaient les Togolais de pourvoir compléter leur formation en France pour être des « docteurs  complets » était le fruit de certaines circonstances. Nous pouvons faire cas des héritages de la seconde guerre mondiale et de la Conférence de Brazzaville. Ces circonstances, surtout la seconde a été un effet déclencheur du brassage de connaissance entre Français et Africains, précisément les Togolais.

Ainsi, les réformes datant du régime du mandat avaient été approfondies ; ce qui améliora considérablement les conditions de vie du personnel de santé autochtone.

En tout état de cause, nous reconnaissons que la formation du personnel médical autochtone remonte au début de la colonisation avec les Allemands. Ils ont été remplacés par les Français à partir de 1914 et ces derniers étaient présents jusqu'en 1960. Pendant toute l'époque coloniale, les structures pouvant garantir une formation quantitative et qualitative n'avaient pas été mises sur place jusqu'en 1956, année au cours de laquelle le Togo est devenu République Autonome. Par ailleurs, la formation qualitative du personnel autochtone n'a été effective qu'après l'indépendance du pays en 1960 ?

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