L'influence du milieu criminogène sur la personnalité du délinquant: L'exemple de la ville de Dschang( Télécharger le fichier original )par Edmond Rostand Nsheuko Université de Dschang - Maitrise en droit et carrières judiciaires 1998 |
B- Les loisirs.
Les loisirs, même s'ils ont pour but premier de permettre à l'individu de s'épanouir, peuvent aussi être un facteur qui influence la formation de la personnalité du délinquant. Le milieu des loisirs peut lorsqu'il est composé des amis eux-mêmes criminels ou simplement immoraux, contribuer à la formation du délinquant 37(*). Cet ainsi que la nécessité de savoir, quels milieux en ce qui concerne les loisirs sont fréquentés par les délinquants de notre échantillon apparaît. Les résultats tels que consignés dans le tableau suivant sont assez évocateurs.
Tableau 18 : Les loisirs des délinquants Ces chiffres tel qu'il ressort du tableau nous démontre que certaines activités, à l'exemple du football sont plus prisées par les délinquants de notre groupe (35,3%). il est aussi à noter que parmi toutes les distractions choisies par les délinquants, la plupart ne sont que des activités passives, ou des distractions subies, contrairement à l'idée d'effort. En définitive, les loisirs malgré le fait qu'ils soient là pour permettre aux individus d'occuper leur temps libre peuvent être d'une influence déterminante sur la formation de la personnalité des délinquants, car ils ont l'occasion de rencontrer des personnes plus ou moins immorales. CHAPITRE 2 : LE MILIEU SUBI : LE MILIEU CARCERAL ET LE PROBLÈME DE LA RÉINSERTION SOCIALE DES DÉLINQUANTS DANS LA VILLE DE DSCHANG. Le milieu subi qui est celui dans lequel le délinquant se trouve plongé lorsqu'il est arrêté, jugé et condamné englobe non seulement le milieu carcéral qui est représenté par la prison, mais aussi, l'ensemble formé par le système de justice pénale38(*). Le passage à travers les institutions de procédure pénale peut avoir un effet traumatisant pour le délinquant. Dans la lutte que mènent tous les malfaiteurs avec la police, afin de n'être pas pris, celui là s'est trouvé dans le lot des vaincus, maladroits et malheureux. Il subira des interrogatoires policiers qui ne se passent pas toujours dans les conditions correctes et qui risquent d'avoir un effet catastrophique sur le délinquant, d'autant plus que ce sera à ce moment où il prendra conscience du fait que son activité qui pouvait lui paraître auparavant légitime est blâmée par la société qui, le considère dès lors non plus comme un individu normal, mais bien comme un criminel. A l'effet psychologique de cet échec vont s'ajouter le choc de la séparation familiale, la perte du prestige vis-à-vis des enfants, les dettes laissées, l'inquiétude pour autrui, joint à l'angoisse pour soi. Ensuite vient la période de la détention préventive dont la durée moyenne est de 4 mois pour les délinquants de notre échantillon qui en plus du fait qu'elle constitue un premier contact entre les délinquants primaires et le milieu carcéral peut causer un choc émotif pouvant déclencher chez le détenu une maladie mentale grave : une psychose carcérale39(*). La blessure du procès s'ajoutera ultérieurement à tout ceci. La solennité des audiences, les réquisitoires du ministère public, la plaidoirie de la partie civile vont culpabiliser davantage encore le détenu. L'être condamné qu'on retrouve dans le milieu carcéral se présente de prime à bord comme un être diminué aussi bien physiquement que moralement, il a été rabaissé par la défaite qui a modifié sa personnalité. C'est ainsi que se présente la nécessité de préparer cet individu à un retour à la société qu'il vient de quitter tête baissée. En fait, la resocialisation des délinquants commence bien avant le prononcé du jugement, car la peine doit en principe tenir compte des caractéristiques individuelles du délinquant. C'est ainsi que le juge devrait alors éviter que ceux des délinquants présentant des gages sérieux de réadaptation sociale ne puisse pas se retrouver dans le milieu carcéral. Les délinquants dont le comportement demande à être réformé par un traitement efficace devront alors subir une peine d'emprisonnement. La prison ayant eu dès le départ une fonction intimidatrice et utilitaire, l'école de la défense sociale a donné à cette dernière une orientation nouvelle qui viennent s'ajouter aux deux premières. C'est tenant compte de cette nouvelle orientation que le code pénale Camerounais ainsi que les divers textes réglementants l'exécution des peines privatives des libertés ont été élaborés. Il en est ainsi du décret N? 92/052 du 27 Mars 1992 portant régime pénitentiaire au Cameroun. Malgré la politique criminelle élaborée par le législateur camerounais, sa mise en place en ce qui concerne les institutions pénitentiaires du pays n'a pas été toujours facile. Qu'en est-il de la prison principale de Dschang ? La réponse à cette question ne peut passer que par une étude du régime pénitentiaire applicable dans cette prison (section 1) et de la protection de la santé physique et morale des détenus (section 2). * 37 Raymond GASSIN, op. cit, p. 425. * 38 Raymond GASSIN, op. cit, p. 425. * 39 Le savoir juridique, économique, fiscal et politique, T. III, ed. EDICEF, P. 224. |
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