L'influence du milieu criminogène sur la personnalité du délinquant: L'exemple de la ville de Dschang( Télécharger le fichier original )par Edmond Rostand Nsheuko Université de Dschang - Maitrise en droit et carrières judiciaires 1998 |
Section 3 : L'influence du milieux choisi ou accepté.Le milieu choisi comprend le foyer personnel (Paragraphe 1) ainsi que le milieu professionnel et les loisirs (Paragraphe 2). Paragraphe 1 : Le foyer personnel.L'influence du foyer personnel sur la personnalité du délinquant peut être appréhendée sous un double aspect: D'abord selon que le foyer existe ou non (A) et ensuite s'il existe, le problème de son équilibre (B). A- L'existence du foyer.
L'existence ou non du foyer personnel a une influence notable sur la délinquance et plus particulièrement la délinquance grave ou d'habitude31(*). La recherche effectuée dans le cadre de notre groupe d'étude montre clairement que la proportion des célibataires est nettement supérieur à celle des mariés et des divorcés tel qu'il ressort du tableau ci-dessous:
Tableau 16 : Situation matrimoniale des délinquants
L'existence de la famille n'impliquant pas seulement le cas des mariés et des divorcés, il est nécessaire d'y inclure les cas de concubinage retrouvés chez les célibataires qui représentent une proportion de 15,3% soit 10 cas. Pour mieux appréhender la portée de ces chiffres, il faut procéder à une double distinction : d'abord selon l'âge et ensuite selon le sexe. La distinction selon l'âge nous amène à constater que jusqu'à 25 ans, les délinquants mariés sont inexistants parmi les 29 cas relevés, mais on remarque plutôt l'existence de 4 cas de concubinage. Dans la tranche d'âge allant de 25 à 60 ans, qui représente 55,3% du chiffre total, nous retrouvons 14 mariés, 3 divorcés et 6 cas de concubinage. Mais il faut remarquer que ces chiffres ne sont pas surprenants dans la mesure où la faiblesse de la proportion des foyers personnels dans la tranche d'âge allant jusqu'à 25 ans peut se justifier par l'âge de ces délinquants et aussi le fait que dans notre milieu, rares sont les individus capables de supporter les charges d'une famille avant cet âge de 25 ans. Quant à la distinction selon le sexe, en ce qui concerne l'existence d'un foyer personnel, parmi les 5 femmes avec qui nous avons eu un entretien, 4 soit 80% étaient des femmes mariées alors qu'en ce qui concerne les hommes, si on prend en compte aussi bien le mariage, le divorce que le concubinage, l'existence du foyer ne représente que 38,3% soit 23 cas sur 60. De ces diverses distinctions, il paraît évidant dans l'ensemble que la criminalité des individus vivant seuls est plus accentuée que celle des individus ayant un foyer personnel. Cette conclusion se justifie quant à ce qui concerne les délinquants de sexe masculin, mais quant à la délinquance des femmes, on constate au contraire une prédominance des femmes mariées. L'une des explications possible à ce phénomène peut être la situation économique pas très favorable de certaines familles où les femmes sont presque abandonnées à elles mêmes et dans le but de satisfaire à leurs propres besoins et aux besoins de leurs progénitures, sont parfois obligées de faire recours à des moyens pas licites. On peut alors dire en fin de compte que dans l'ensemble, l'existence d'une famille constitue le plus souvent un milieu qui détourne de la criminalité et que la présence des enfants au foyer renforce l'effet stabilisateur du mariage. Mais la famille doit en plus de son existence être équilibrée. * 31 Raymond GASSIN, op. cit, p. 423. |
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