CONCLUSION
A la lumière des recherches effectuées, nous
nous sommes convenus qu'il existe quelques particularités lors de
l'implémentation d'un système de gestion des connaissances.
En l'espèce, la notion est intrinsèquement
liée aux concepts d'entreprise apprenante et d'intelligence
économique.
Comme nous l'avons souligné dans notre
réflexion, le périmètre entre les notions d'entreprise
apprenante et de gestion des connaissances est confus.
Globalement les théoriciens considèrent la
gestion des connaissances comme étant une des composantes permettant
d'ouvrir une porte sur les pratiques d'apprenance.
L'aspect managérial de la notion détient une
part déterminante dans la réussite d'un tel projet. En effet il
parait évident que seul un mode de management participatif convient pour
accompagner un système de gestion des connaissances associé
à une démarche d'apprenance. Le partage des savoirs, le transfert
des connaissances implique une communication et une écoute accrue des
acteurs évoluant au sein de l'organisation. Dans une PME, les
échanges peuvent être encouragés et favorisés car la
taille de l'entreprise le permet, en l'occurrence les acteurs sont moins
nombreux et le cloisonnement des activités est amoindri.
La démarche d'apprenance doit donc être
motivée et favorisée par la gouvernance de l'entreprise.
Cependant, dans une PME, la logique de partage des informations et de
participation aux processus décisionnels est difficilement mise en
place. En effet la gouvernance ne parvient pas à totalement
intégrer les collaborateurs dans ces démarches alors que la
taille de l'entreprise devrait aisément le permettre par le fait qu'il y
ait peu d'échelons hiérarchiques. Ce phénomène peut
s'expliquer de la façon suivante : l'entrepreneur d'une PME
éprouve des difficultés à déléguer. La
volonté d'entreprendre est tellement forte qu'elle pousse la gouvernance
à « imposer » ses décisions. L'acceptation,
lors de la mise en place d'un système de gestion des connaissances, doit
être totale. Cela ne concerne pas seulement les collaborateurs mais aussi
la gouvernance puisqu'elle sera le porteur / le référent dans
cette démarche.
Les notions d'intelligence économique et de gestion des
connaissances sont issues des mêmes courants de pensée.
De prime abord, les deux concepts sont très
ressemblants car ils abordent des dimensions communes. Cette convergence reste
limitée car dans leurs applications et leurs exploitations ceux-ci sont
très différents.
En ayant une analyse très simplifiée nous
pourrions avancer les éléments suivants, l'intelligence
économique permet de traiter l'information alors que la gestion des
connaissances favorise la création et le développement des
savoirs. Il est évident que la création est possible seulement
s'il y a eu au préalable une phase d'exploitation (de traitement) de
l'information.
De plus, les étapes de collecte et de traitement
attachées à l'intelligence économique engendrent
inévitablement une capitalisation des informations et des connaissances.
Les deux notions sont en forte corrélation, nous pouvons donc convenir
que la mise en place d'un système de gestion des connaissances ne peut
avoir un résultat favorable uniquement si la notion d'intelligence
économique est également intégrée au sein de
l'organisation.
Au sein d'une PME, l'application de ces notions peut
être un véritable levier de croissance car elle permet de mettre
en exergue des opportunités ouvrant à un fort
développement. Par exemple l'entreprise peut aisément :
- détecter l'émergence de nouveaux besoins
- réagir à des changements sur le
marché
- pallier à des phénomènes tels que le
turnover, le papyboom...
L'application de la notion de gestion des connaissances est
une démarche indispensable à toute entreprise. Nous avons
précédemment exposé les différents avantages
à adopter une telle démarche. Cependant un point primordial reste
à éclaircir pour les chefs d'entreprise. L'implémentation
d'un système de gestion des connaissances représente des
coûts non négligeables, les dirigeants souhaitent donc pouvoir
calculer un retour sur investissement (ROI : Return on investment).
Il est très difficile de calculer le ROI pour un projet
de gestion des connaissances car cela en revient à évaluer
quantitativement la valeur de la connaissance acquise par les acteurs de
l'entreprise, comme il a été dit très justement dans un
article d'Emmanuelle Delsol « Peut-on imaginer un seul instant
calculer le retour sur investissement (ROI) d'un abonnement à une
bibliothèque, d'une visite au centre culturel ou de l'inscription d'un
enfant à l'école ? Chiffrer les bénéfices de
la gestion des connaissances en entreprise relèverait d'une
démarche similaire... cela impliquerait de trouver un outil de mesure
pour l'immatériel !»
Calculer de façon très pragmatique la valeur
ajoutée générée par un système de gestion
des connaissances s'avère très complexe. Il est possible de se
référer à des indicateurs afin de mesurer la performance
d'un système de gestion des connaissances. En voici une
énumération non exhaustive :
- Enquêtes, entretiens et calcul de taux de
satisfaction,
- Mesures subjectives qui quantifient la perception des
individus en assignant des valeurs et des poids,
- Tableau de bord de la performance en GC, méthode
d'évaluation de la performance de la GC fondée sur l'approche par
tableau de bord prospectif.
- La méthode de cas de réussite »
A ce jour il n'existe pas une méthode de
référence permettant d'évaluer un retour sur
investissement, les théoriciens cherchent toujours à
établir un cadre normatif pouvant apporter la preuve d'un
bénéfice quantitatif.
La réussite, c'est un peu de savoir,
un peu de savoir-faire et beaucoup de faire savoir.
Jean Nohain
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