Contribution aux stratégies de communication pour l'éradication de l'infanticide rituel en milieu Baatonu de Bori, commune de N'Dali( Télécharger le fichier original )par Y. Vitalien Raoul ADOUKONOU Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maîtrise 2007 |
I-4-2 Les théories de prédiction de comportementL'adoption de tout comportement suit un processus défini. Et lorsqu'une personne a un comportement à risque que l'on désire changer, il importe de prendre en compte plusieurs paramètres. En effet, plus l'on en sait sur les facteurs qui sous-tendent l'adoption ou non d'une pratique, plus l'on est en mesure de concevoir avec succès une intervention qui puisse influer sur cette pratique. Plusieurs travaux de recherche ont été consacrés au changement du comportement et expliquent le processus. Le fondement théorique de notre étude s'inspire de quelques théories du comportement dont notamment le Modèle des Croyances Relatives à la Santé, la Théorie de l'Action Raisonnée (TAR) et la Théorie Sociale Cognitive. Il est nécessaire d'associer plusieurs bases théoriques parce qu'aucun modèle ne s'est, à lui tout seul, avéré être suffisant pour concevoir et évaluer des programmes de promotion de la santé12(*). En effet, il y a eu, depuis quelques années un développement des connaissances dans l'art de motiver de nouvelles attitudes et de nouvelles actions tant chez les individus que dans les organisations et au sein des communautés13(*). A notre niveau, nous avons regroupé les théories mettant l'accent sur les déterminants du comportement : (les bases théoriques citées supra). Le Modèle des Croyances Relatives à la santé ou Health Belief Model (HBM), se prête facilement à une approche résolument directe d'éducation pour la santé en vue de définir un comportement et une intervention. Comme son nom l'indique, le modèle des Croyances Relatives à la Santé est basé sur des variables cognitives. Il suggère que le comportement sanitaire est fonction de quatre croyances ou facteurs mentaux clés : 1- le sentiment personnel d'une prédisposition à une menace de maladie ; 2- la perception de la gravité de son état de santé ; 3- la perception de l'efficacité d'un comportement particulier face à l'état de santé ; 4- la perception des obstacles à ce comportement. Ensemble, ces facteurs mentaux déterminent le penchant d'une personne vers une action14(*). Le HBM pose comme prémisse que tout individu est susceptible d'entreprendre une action pour prévenir une maladie ou une situation désagréable s'il possède des connaissances minimales dans ce domaine et s'il considère la résolution de son problème comme une dimension importante dans sa vie. La Théorie de l'Action Raisonnée (TAR) s'appuie sur une approche psychosociale d'explication du comportement. Elle étudie des rapports entre les croyances, les attitudes, les intentions et le comportement. Le but ultime de la théorie de l'action raisonnée (Fishbein et Ajzen 1975) est de prédire, et par ce fait, de comprendre les comportements sociaux. Elle part de l'hypothèse que pour modifier une pratique donnée, il faut nécessairement modifier la structure cognitive qui la sous-tend. Cette théorie est beaucoup plus perçue comme une série d'hypothèses. En premier lieu, on suppose qu'un comportement est essentiellement fonction de l'intention de la personne d'avoir ce comportement. En second lieu, l'intention d'avoir ce comportement est perçue comme étant fonction de deux facteurs : un facteur personnel qui est l'attitude de l'individu par rapport au comportement et un facteur social qui est l'importance que l'individu accorde à l'opinion des gens qui lui sont proches. Cette théorie permet de comprendre en partie pourquoi certaines personnes de ces communautés malgré toute leur bonne volonté de changer continuent de suivre l'opinion générale faite sur les enfants sorciers. Par ailleurs, pour changer, les gens n'ont pas seulement besoin de modifier leurs pratiques sur le plan sanitaire, mais également leurs modes de comportement, leurs ressources psychologiques et leurs repères sociaux. La théorie sociale cognitive (TSC) étudie de manière très précise les obstacles potentiels aux changements personnels. Elle est bâtie sur une relation triangulaire entre la personne, le comportement et l'environnement à travers un processus de «déterminisme réciproque». En d'autres termes, bien que l'environnement détermine ou provoque largement le comportement, une personne utilise des processus cognitifs pour interpréter aussi bien l'environnement que son comportement, tout comme il se comporte de manière à changer l'environnement et arriver à de meilleurs résultats grâce à son comportement. La théorie sociale cognitive est surtout utile dans le cas de comportements qui résistent particulièrement aux changements comme des pratiques coutumières fortement ancrées dans les moeurs. Ce qui est essentiel pour l'efficacité personnelle, ce n'est pas seulement le fait d'obtenir une information juste, mais également des compétences techniques, la confiance en soi, les changements progressifs d'attitude et la décision d'essayer de nouveaux comportements. La communication en tête-à-tête est souvent très efficace lorsqu'il s'agit d'aider des sujets à arriver à des changements de comportements difficiles à réaliser. Cependant, il existe des canaux moins personnels qui peuvent également inculquer ces compétences en utilisant des techniques telles que les témoignages pour influencer le public et créer les conditions d'un changement de comportement. Somme toute, après une analyse approfondie, les trois théories présentées plus haut se recoupent dans une large mesure. Les théoriciens ont identifié huit facteurs communs à ces théories15(*) : 1- Croire que les avantages ou les bénéfices de l'adoption d'un comportement sont supérieurs aux inconvénients (croyance en l'efficacité du comportement) ; 2- Avoir l'intention ferme et positive de s'engager à adopter ce comportement (Intention) ; 3- Avoir les compétences nécessaires pour l'adopter (compétences techniques) ; 4- Avoir la conviction que ces compétences peuvent vous permettre de réaliser ce comportement (Efficacité Personnelle) ; 5- Etre convaincu que ce comportement produira vraisemblablement un effet tout à fait positif plutôt que négatif (Emotions) ; 6- Etre persuadé que la réalisation de ce comportement s'accorde avec son image personnelle (Image Personnelle) ; 7- Sentir plus de pression sociale pour adopter (Normes Sociales Perçues) ; 8- Sentir moins de contraintes environnementales à l'adopter qu'à ne pas l'adopter (Inconvénients). Non seulement ces facteurs sont autant de points de convergence entre les théories, mais ils ont été présentés empiriquement comme représentant l'essentiel des variations dans tout comportement particulier au sein d'une population donnée. L'association de ces théories permet de mieux cerner les déterminants d'un comportement afin de l'influencer. Ces bases théoriques importent dans la proposition de nouvelles stratégies pour lutter efficacement contre l'infanticide qui est un comportement difficile à abandonner. * 12 Ce qui est valable pour la santé, est valable selon nous pour le changement de n'importe quelle autre comportement, notamment ceux liés à l'éducation et au développement. * 13 BASICS ; USAID, Healthcom. (1999) Boîte à outils pour le renforcement des compétences en matière de communication. Ed les presses de l'imprimerie Saint-Paul, Dakar, Mai 1999, p.205 * 14 DADELE, Antoine. (2004) Théories de comportement, SLC204, DSLC FLASH, UAC, Bénin. * 15 BASICS, USAID, Healthcom. (1999), Boîte à outils pour le renforcement des compétences en matière de communication, Ed les presses de l'imprimerie Saint-Paul, Dakar, Mai 1999, p 207 |
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