Résumé du mémoire
La constitution du Bénin prévoit la
liberté et l'égalité en droit de tous les citoyens
béninois. Nos traditions exigent aussi le respect de la dignité
humaine. Le droit coutumier confirme cette préoccupation. Malgré
ces considérations d'ordre statutaire, les droits
élémentaires sont-ils toujours et vraiment respectés chez
nous au Bénin? Ces droits sont-ils défendus par l'Etat
Central ?
Non, hélas. Non quand on sait que l'infanticide, objet
de ce travail de recherche, est toujours une réalité dans
certaines de nos communautés. Nous sommes convaincus que l'infanticide
est un vrai problème de développement. Et c'est dans le but de
proposer des solutions à ce problème de développement que
nous avons retenu de réfléchir sur le sujet en termes de
recherche-action intitulé:
«Contribution aux stratégies de
communication pour l'éradication de l'infanticide rituel en milieu
Baatonu de Bori, commune de N'Dali»
Ce travail de recherche est subdivisé en quatre
parties. Dans les généralités, la problématique est
énoncée et appuyée par une revue de littérature. Si
la deuxième partie apporte des éclaircissements sur le cadre et
les méthodes d'études, la troisième présente les
résultats issus de l'étude sur le terrain. La dernière,
quant à elle, analyse les données.
Par ce travail nous avons voulu contribuer quelque peu
à l'arrêt d'une pratique qui prive des êtres innocents et
inoffensifs de leur droit le plus élémentaire : le droit
à la vie. En effet, des milliers d'enfants meurent chaque jour de par le
monde parce que des adultes en décident ainsi. Si le cas de l'avortement
malheureusement devenu acte banal est le plus connu, dans nos
communautés, des pratiques coutumières amènent les
populations à éliminer physiquement des nouveaux-nés parce
qu'ils sont mal formés ou pluriformes. Au Sud Bénin on les
appelle « toxolu ». Ce critère fait de l'enfant
«un monstre» et est commun à plusieurs communautés
béninoises voire africaines. En dehors de ce critère, des groupes
socio linguistiques, notamment les Baatombu et les Boo réparent des
enfants qu'ils jugent de sorciers.
Comme le disait le père Bio SANOU, le pionnier de la
lutte contre l'infanticide rituel, puisque c'est de cela qu'il s'agit,
« un enfant sorcier » n'est pas ce que nous nous imaginons.
C'est un enfant viable qui n'est ni un handicapé physique, ni un
handicapé mental. C'est un enfant normal sur tous les points. Un
être humain à part entière donc. Mais lorsqu'à sa
naissance ou au cours de son enfance, cet enfant développe certains
critères `'anormaux'', il est dit sorcier en milieu Baatonu. Ces
critères sont :
- la naissance à huit mois (le prématuré
de sept mois est accepté),
- la naissance par le siège, appelé
communément agossu chez les fons,
- la naissance avec des dents,
- la poussée des premières dents par la
mâchoire supérieure,
- La poussée des incisives à huit mois
- La marche à 7 mois.
Tout enfant qui présente l'un ou l'autre de ces
critères ne mérite pas de faire partie de la communauté
Baatonu. Il est, soit physiquement éliminé, soit jeté loin
des siens, soit encore abandonné chez les peulhs : ce sont ces
derniers qui sont appelés les Mare Yo à ne pas confondre avec les
Gando qui sont des Baatombu vendus aux peulhs par les rois Baatombu.
L'enquête socio anthropologique pour vérifier les
informations sur la question a eu lieu à Bori, dans la commune de
N'Dali. Cette zone est, à en croire nombre de documents cet de
témoignages, une zone à haut risque de pratique de
l'infanticide.
L'étude sur le terrain a confirmé que cette
pratique héritée des ancêtres a toujours cours dans ce
village. En effet, plus de 80% des personnes approchées croient qu'un
enfant qui présente l'un des critères précités est
un enfant porte-malheur ; un enfant dangereux et maléfique pour ses
proches parents.
Il est encore des gens aujourd'hui qui continuent
d'éliminer physiquement mais clandestinement ces genres d'enfants dits
`'sorciers''. Et pourtant des dispositions légales punissent les auteurs
d'infanticide. L'infanticide, pour le définir, est l'assassinat d'un
enfant nouveau-né et « tout coupable d'assassinat (...) sera
puni de mort... » Selon l'article 300 du code pénal.
Aujourd'hui, plus de 90% des enquêtées font
recours, selon ce les informations recueillies, à des rites de
purification de ces enfants et ne les tuent plus. Toutefois, ceci ne met pas
ces enfants à l'abri de tout soupçon et au moindre malheur ils
peuvent être exécutés ou abandonnés. Aussi,
malgré sa purification, l'enfant dit `'sorcier `'est-il
stigmatisé et peut être exécuté à tout
moment.
Face à cette pratique qui persiste, des actions de
communication sont menées par des structures et des
personnalités. A Bori l'ONG APEM entendez Association pour la Protection
de l'Enfance Malheureuse, les religieux, le centre social et des
personnalités notamment FAROUK KISSIRA, un sage de N'Dali, luttent
contre l'infanticide. Les actions prioritaires menées sont des
séances de sensibilisation tous azimuts à l'endroit de toutes
les couches sans distinction.
Après analyse des résultats de l'étude,
j'ai relevé comme causes de la persistance de l'infanticide celles qui
suivent :
- le fort taux de personnes non scolarisées (environ
90%). N'Dali est cependant la première commune à adopter
l'alphabétisation au Bénin,
- la forte croyance des populations en des forces
surnaturelles,
- le caractère culturel de la pratique de
l'infanticide,
- la non urbanisation de la zone,
- pression sociale sur les jeunes couples
- le caractère très conservateur des
populations
A ces causes d'ordre comportemental, s'ajoutent des causes
d'ordre organisationnel. Ceci nous amène à relever des faiblesses
dans les stratégies des structures intervenant à Bori. Il s'agit
de :
- l'inexistence de partenariat avec les autres organisations
intervenant dans d'autres domaines comme l'éducation et la
santé,
- l'insuffisance des moyens financiers, matériels et
logistiques,
- la non utilisation des supports matériels et la non
diversification des actions de communication et des médias
utilisés.
Concrètement, il faut reconnaître que l'ampleur
de la pratique de l'infanticide a régressé à Bori. Une
prise de conscience naît au sein des communautés et il importe de
la renforcer.
Aussi, face aux causes signalées de l'infanticide et
sur la base des faiblesses des structures intervenant contre la pratique
à Bori, avons-nous fait quelques suggestions.
Il ensemble important de mettre en place des actions de
communication basées sur les trois principaux axes classiques d'un plan
de communication. Il s'agit de :
- le plaidoyer,
- la mobilisation sociale,
- la communication en appui au programme ou communication pour
un changement de comportement.
Il faut donc qu'un accent soit mis sur la scolarisation
à Bori, notamment celle des filles. Pour cela des actions de plaidoyer
au niveau des dignitaires et des séances de sensibilisation des
populations sont indispensables.
Des actions de sensibilisation avec des supports audiovisuels
en langues locales sont plus convaincantes. Il faudrait donc les utiliser pour
expliquer le phénomène naturel que constitue la naissance par le
siège. Les radios locales devraient aussi être mises à
contribution ainsi que les médias traditionnels. Il importerait aussi de
faire des actions de marketing social afin d'amener les femmes qui continuent
d'accoucher à domicile (plus de 20% des gestantes) à se rendre
à la maternité.
Par ailleurs, des actions de plaidoyer pour une meilleure
implication de l'Etat et des partenaires au développement dont
l'Unicef, Plan Bénin, Social Watch pour ne citer que ceux là,
dans la lutte contre la pratique à travers un volet d'un programme
consacré à la protection de l'enfance malheureuse.
Il est aussi indispensable que les ONG luttant contre
l'infanticide se mettent en réseau avec les autres structures qui ont
déjà une certaine crédibilité dans leur zone
d'intervention pour susciter une mobilisation sociale autour de la question.
L'infanticide reste un problème qui ne fait pas l'objet
de grandes décisions politiques. Des lois claires réprimant
l'infanticide doivent être votées afin de donner conférer
un cadre juridique précis à la lutte contre la pratique.
Ce travail a été réalisé dans le
cadre de la soutenance du mémoire de maîtrise au
département des sciences du langage et de la communication (DSLC)
à l'université d'Abomey-Calavi. Ce mémoire a
été soutenu le vendredi 26 octobre 2007 après quatre
années de formation.
Annexe 2 : TABLEAU à 6
COLONNES
Objectifs
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Variables
|
Informations
à recueillir
|
Sources
(Lieux Personnes)
|
Technique
|
Outils
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1- Faire l'analyse de la situation de la commune de N'Dali en
général et de l'arrondissement de Bori en particulier.
|
1- Facteurs géographiques et démographiques
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Climat - Relief, Hydrographie Sol - Végétation
Habitation Environnement
Démographie
- Nombre de naissances
- Nombre d'habitants
- Nombre de naissances déclarées
- Répartition par âges/sexe
- Ratio homme/femme
- Régime matrimonial
- Tailles et compositions des ménages
- Taux de mortalité
- Taux de natalité
- Taux de mortalité infantile
|
Mairie/ CA/ Service d'information et de documentations
Mairie/ CA
Registre de la Mairie/ CA
Centre de Santé
Ménages
|
- Exploitation documentaire
- Observation
- Entretien
- Exploitation documentaire
- Entretien
- Observation participantes
- Entretien
|
- Fiche de dépouillement
- Grille d'observation
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Grille d'observation
- Guide d'entretien
|
2- Facteurs psycho Sociaux
|
- Données linguistiques.
Langues parlées
Langues véhiculaires
Langues/ alphabétisées écrites
Données culturelles
- Religions
- Croyances
- Interdits
- Traditions liées aux enfants et à leur
naissance
- Système d'habitat
- Typologie des canaux traditionnels et modernes de
communication
- Organisation sociale
* Rôles de pouvoir/ de décision (Autorité
dans la famille)
* Mariage (Polygamie/ Lévirat)
Type de famille
Structures sociales locales (ONG et réseaux locaux)
-Leaders d'opinion
Système éducatif
- Nombre d'écoles
- Situation géographique des établissements
- Ratio filles/ garçons
- Taux de réussite/ de redoublement/ d'abandon
Organisation de la jeunesse
- Groupe de sport
- Groupe culturel
Données économiques
- Activités principales
* Pour les hommes
* Pour les femmes
* Pour les jeunes Scolarisés/
déscolarisés
- Ressources
- Besoins (adéquation)
Système politique
- Partis politiques
- Administrations (Gendarmerie/ Justice)
|
- Mairie/ Arrondissement
- Centre d'alphabétisation
- Enseignants
- Chefs traditionnels
- Mairie
Communauté
- Chefs traditionnels
- Mairie
- Médias
Mairie
Chefs de Ménages/ Collectivités
- Chefs traditionnels
- Chefs de Ménages/
Collectivités
- Mairie/ Arrondissement
- Présidents d'associations et de cultes
Communauté
- Mairie (registre de la mairie)
- Ecole/ CEG (registre d'inscription)
- Enseignants
Mairie/ Arrondissement
Mairie/ Arrondissement
Marché
Ménages
Autorités locales
Chefs de collectivités/ Ménages
Mairie
Brigade
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- Exploitation documentaire
- Entretien
- Entretien
- Observation
- Observation participantes
- Entretien
- Exploitation documentaire
- Entretien
- Entretien
- Observation participantes
- Exploitation documentaire
- Entretien
- Entretien
- Exploitation documentaire
- Entretien
- Exploitation documentaire
- Observation participantes
- Exploitation documentaire
- Observation participantes
- Entretien
- Entretien
- Observation participantes
- Exploitation documentaire
- Entretien
|
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Guide d'entretien
- Grille d'observation
- Grille d'observation
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Guide d'entretien
- Grille d'observation
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Grille d'observation
- Fiche de dépouillement
- Grille d'observation
- Guide d'entretien
- Guide d'entretien
- Grille d'observation
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
|
2- Recenser les activités des structures
gouvernementale/ non gouvernementale/ et locales en charges de la lutte contre
le phénomène de l'infanticide rituel.
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Atouts et faiblesses des structures notamment l'ELIB - ONG
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- Typologie des activités menées par les
différentes structures.
* Prévention
* Action curative
- Partenaires locaux et externes
- Implication du Ministère de la Famille
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ELIB - ONG et autre structure
Ministère de la Famille, de la Mère et de
l'enfant (Service Protection)
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- Entretien
- Exploitation documentaire
- Entretien
|
- Guide d'entretien
- Fiche de dépouillement
- Guide d'entretien
|
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