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Contribution aux stratégies de communication pour l'éradication de l'infanticide rituel en milieu Baatonu de Bori, commune de N'Dali

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par Y. Vitalien Raoul ADOUKONOU
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maîtrise 2007
  

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ANNEXES

Annexe 1 : TÉMOIGNAGE D'UN HOMME SAUVE DE L'INFANTICIDE

L'infanticide est le fait de tuer son enfant pour une raison ou pour une autre. Mais quelle qu'en soit la raison, cet acte est un crime et de ce fait réprimé par la loi. Depuis des temps très reculés, chez les Boo et les Baatombu du Bénin, du Nigeria et des Peulhs du Bénin, l'infanticide a contribué à décimer un nombre important d'enfants.

Cet acte odieux continue encore de nos jours. Le seul tort de ces enfants est de sortir du ventre de leur mère à plat ventre ou de naître avec des dents dans la bouche ou encore de sortir leurs premières dents par la gencive supérieure.

Pour ces gens qui pratiquent l'infanticide, un enfant né dans ces conditions est un «démon» qui a pris la forme humaine pour nuire à la société. Il faut donc l'éliminer physiquement.

C'est ce que je devais subir, quand Dieu m'a sauvé.

Ce témoignage que vous allez suivre, m'a été fait par mon propre père et ses proches.

En effet, je suis né chez ma mère à Kouguizi, dans un petit village de Kayama au Nigeria, vers 1942. De père, je suis du Canton de Kidaroumpérou, subdivision de Nikki - Dahomey, sous le drapeau français.

A ma naissance à Kouguizi, je suis sorti à plat ventre. Les vieilles qui assistaient ma mère se regardèrent et quittèrent une à une notre case, laissant maman et enfant dans le sang alors que je criais. Un «sorcier» est né. Après un temps, informés, des «spécialistes» de l'infanticide sont arrivés faire certaines cérémonies rituelles et me prirent. Pendant qu'on me faisait la toilette j'ai commencé par crier, c'est alors qu'une vieille fut surprise de voir une dent pointée à ma mâchoire supérieure. Prise de peur, elle me déposa et alla informer d'autres vieilles.

Les évènements ne tardèrent pas à se répandre dans la région. N'étant pas paternellement du Nigeria, mon élimination ne pouvait se faire tout de suite. Il fallait d'abord informer mon grand-père, chef Canton au Dahomey (Français). Mais en entendant, on ne cesse de me laver avec des produits et de m'en en faire boire d'autres. Selon eux, c'était pour atténuer les effets de malheurs avant le jour de l'opération. Des mois ont passé. Et comme si ces deux signes de «malheurs» ne suffisaient pas, une autre dent sortait par la mâchoire supérieure, secondant celle qui était là au premier jour de ma naissance.

Face à ce chapelet de mauvais signes que je porte, il fallait vite agir, avant que le pire n'arriva. Alors, la décision fut enfin prise pour me «réparer» c'est-à-dire me tuer. Mais il fallait attendre l'avis de mon grand-père, chef Canton en territoire français. Un de mes oncles maternels s'était donc dépêché au Dahomey pour parler à mon grand père de l'enfant «sorcier» qui est né et avoir son point de vue sur son élimination.

Par le messager, mon grand-père adresse une lettre au chef de Kayama, lui confiant ma totale protection. Alors, tous les membres de ma famille maternelle sont mis en garde contre mon élimination. C'est ce qui m'a donné la vie sauve.

J'ai actuellement 58 ans après 30 ans de carrière dans la santé publique ; un foyer heureux, avec de beaux enfants filles et garçons.

Mon père devenu chef Canton de Kidaroumpérou à la mort de mon grand père avait pris l'habitude de récupérer dans sa maison tout enfant traité de «sorcier» par les leurs. Il les élevait comme ses propres fils. Dès que l'enfant atteignait un certain âge, il demandait à la famille de venir reprendre leur progéniture. Il arrivait même que certains parents venaient reprendre spontanément leurs enfants. Il ne cesse de donner à qui veut l'entendre l'exemple de son propre fils pour sensibiliser les gens.

Et pour tous ceux qui veulent savoir son secret (c'est-à-dire celui de dompter «un sorcier», il leur répond qu'il n'avait ni feuille ni décoction et que cela relève d'une pure ignorance.

Comme vous le voyer, la superstition tue notre société. Il n'y a jamais eu d'enfants «sorciers». Gardez et élevez tous vos enfants qu'ils soient nés la tête première ou le tronc à plat ventre ou encore avec 20 dents. Ce sont des enfants comme les autres et à ce titre ils doivent être considérés comme des enfants et ont droit à la vie. Celui ou celle qui tue un enfant né avec ces caractéristiques commet un homicide et est puni par la loi.

Monsieur Farouk KISSIRA

Correspondant ORTB

N'Dali BORGOU

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand