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Contribution aux stratégies de communication pour l'éradication de l'infanticide rituel en milieu Baatonu de Bori, commune de N'Dali

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par Y. Vitalien Raoul ADOUKONOU
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Maîtrise 2007
  

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I-

Généralités

I-1- Problématique

Au terme des dispositions de l'article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits »1(*). La reconnaissance de la dignité de tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde2(*).

Aussi, la convention relative aux droits de l'Enfant adoptée par la communauté internationale le 20 novembre 1989 et ratifiée par la République du Bénin le 03 août 1990 confère-t- elle à tout enfant le droit à la vie.

Par ailleurs, dans les communautés africaines en général et béninoises en particulier, l'enfant est un être précieux. L'enfant constitue souvent la clé de réussite du mariage. Il est aussi la plus grande richesse d'un couple et apporte à toute famille joie et bonheur. « La stabilité et la solidité de tout couple dépend intimement de la procréation » Emilie KPADONOU (1997)3(*). L'enfant est donc la valeur sûre, le bien sublime, l'ultime récompense, le don le plus précieux de la Nature aux couples.

« Dans nos cultures noires africaines, l'enfant représente un lien entre les vivants et les ancêtres, c'est lui qui assure la continuité entre la vie et la mort »4(*).

Comme on peut le constater, tant le droit que les traditions africaines s'accordent pour reconnaître l'importance de l'enfant.

Paradoxalement à leur attachement à la vie, particulièrement à la vie des enfants, les communautés du monde ont à un moment de leur évolution porté atteinte aux droits de ces êtres à la vie et à leur dignité en raison de croyances qu'elles ont eu à développer. Certaines de ces pratiques ont disparu avec le temps. Cependant d'autres persistent. Au Bénin, au nombre de celles-ci, il y a l'élimination des enfants dits sorciers5(*). Cette pratique consiste à éliminer ou à rejeter des enfants que la communauté juge indésirables.

Au Sud et au Centre du Bénin, ces enfants sont appelés toxosu ou toxolu. Ils sont consacrés « rois des eaux » et sont jetés à l'eau.

 En dehors de ces critères liés au handicap physique, dans certaines communautés, des critères particuliers de l'enfant à la naissance peuvent conduire à son élimination. On parle dans les communautés baatombu, boko et Fulfulde d'enfants sorciers. Les fulfulde abandonnent les enfants quand leurs mamans meurent en couche.

En milieu baatonu, il existe au moins une dizaine de critères empiriques préétablis dont chacun d'eux suffit pour déterminer la conduite à tenir quant à l'élimination physique ou le rejet de l'enfant. Ces critères sont :

«  A la naissance :

-Naissance à huit mois (le prématuré de sept mois est toléré) ;6(*)

-Présentation par le siège ;

-Présentation par la face ;

-Présentation par l'épaule ;

-Naissance avec des germes de dents ;

-Naissance avec présence de malformations visibles ;

-Naissance entraînant la mort de la mère ;

-Toute naissance de l'enfant face contre terre (la femme accouchant traditionnellement accroupie) ;

De la naissance à un an :

-Poussée des incisives à huit mois ;

-Poussée de la première dent à la mâchoire supérieure »7(*).

En plus de ces critères, il y a le cas où l'enfant commence à marcher à l'âge de 7 mois.

Les enfants présentant l'un de ces critères ou malformés sont soit « réparés » par un bourreau, soit abandonnés chez les peulhs dans le but de les exorciser. Cette pratique remonte à la nuit des temps dans ces communautés et est sérieusement ancrée dans la tradition baatonu. Certains pensent que son éradication est impossible.

Cependant, des ressortissants de ces communautés s'insurgent depuis plusieurs années contre cette pratique pour la dénoncer et la combattre afin de susciter une prise de conscience collective.

Officiellement depuis 1993, des ong et autres structures ont été créées pour sensibiliser les populations sur le caractère rétrograde de cette pratique et pour les inviter à l'abandonner.

Dans cette dynamique, il faut signaler que des séminaires, des études et des travaux de recherches sont également consacrés à l'infanticide rituel. Des recommandations y ont été faites. Malgré tout, la pratique continue et résiste dans le temps et dans l'espace.

Au vu de tout ce qui précède, la question fondamentale qu'on est en droit de se poser est de savoir :

« En quoi consistent les stratégies de communication utilisées par les structures qui luttent contre l'infanticide rituel en milieu baatonu, plus particulièrement à Bori,  et pourquoi elles ne permettent pas de réduire substantiellement la pratique?»

«Comment des populations qui attachent autant de prix à la procréation et à la vie en sont venues à cette pratique et pourquoi les communautés perpétuent-elles l'élimination des enfants qui en réalité n'ont aucune influence sur leur naissance?»

Les réponses à ces questionnements nous permettront de dégager de nouvelles stratégies de communication en faveur de la lutte contre l'infanticide rituel en milieu baatonu, particulièrement à Bori, dans la commune de N'Dali.

* 1 Amnesty International. (1991) : « Amnesty International raconte la déclaration universelle des droits de l'homme », Paris, les éditions francophones d'Amnesty International

* 2 Préambule de la Déclaration Universelle des droits de l'homme, Idem, Ibidem

* 3 KPADONOU, Emilie. (1997) : « Quelques contours et avatars » In Rapport du séminaire sur l'infanticide rituel au Bénin, Natitingou, 25, 26 et 27 novembre 1997, pp56-65

* 4 Idem, Ibidem 4

* 5 On parle à ce niveau d'infanticide rituel (cf. clarification des concepts)f

* 6 Les chiffres pairs (8, 10, etc.) sont de mauvais mois et selon ces communautés un enfant qui naît en un mois paire ne peut que apporter du malheur.

* 7 GOBI, Alassane. (2002), Pratiques coutumières et droits de l'homme au Bénin, mémoire en vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies des droits de la Personne Humaine et de la Démocratie, FASJEP, UAC , Deuxième promotion (2001-2002)

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld