1.9. Mode d'action
Il est possible de classer les matières actives
en deux catégories principales selon qu'elles possèdent plusieurs
sites d'action (multisite) ou qu'elles perturbent spécifiquement une
seule voie métabolique (unisite).
Selon l'action exercée au niveau du cycle
parasitaire de base, un fongicide exerce une activité
1. Préventive ou anti pénétrante, s'il
agit avant l'infection ;
2. Curative, s'il intervient pendant la phase
d'incubation ;
3. Antisporulante, s'il empêche la sporulation du
parasite ;
4. Eradicante, s'il élimine le champignon
déjà visible.
Par ailleurs, en fonction de son comportement dans la
plante, le fongicide qui sera qualifie de produit :
1. de surface ou de contact si seule la fraction
présente sur la surface traitée entraine un effet antifongique
qui sera donc de type préventif.
2. pénétrant, s'il est présent en
qualité suffisante dans les assises cellulaires sous jacentes aux
surfaces traitées pour entrainer un effet curatif ;
3. translaminaire, si après son application sur une
face foliaire, il inhibe le développement d'un champignon inoculé
sur l'autre face (Lepoivre., 2003).
4. systémique, si après une migration interne
via le xylème ou le phloème, il exerce une activité
fongique (préventive ou curative) hors de la zone traitée.
Fig. 6 : comportement des
produits antiparasitaires aux niveaux des plantes, d'après
(Lepoivre., 2003).
L'utilisation des produits antiparasitaires peut
parfois avoir des répercussions défavorables sur les cultures ou
sur des organismes favorables (ex microorganismes antagonistes,
prédateurs ou parasites d'insectes ravageurs).
Un autre problème agronomique majeur qui est
lié au développement des souches résistantes chez les
agents pathogènes, ce phénomène de résistance
acquise qui s'observe chez une espèce initialement sensible, ne doit pas
être confondu avec la résistance naturelle qui concerne tous les
individus d'une espèce.
Parmi les matières actives multisite figurent
des produits minéraux a base de cuivre (bouillie bordelaise, hydroxyde
de cuivre, oxyde cuivreux, oxychlorure tétracuivrique) ou de souffre
élémentaire (pour poudrage ou sous forme micronisé
mouillable pour pulvérisation), les organomercuriques (longtemps
utilisés en traitements des semences de céréales mais
généralement abandonnés pour des raisons de
toxicité) ainsi que plusieurs familles de produits organiques de
synthèse incluant des dithiocarbamates , des
chlorométhylmercaptant, des guanidines ou des quinones
(Brent., 1998).
Ces matières actives sont utilisées
depuis décennies en pulvérisation sur les parties
aériennes des plantes et/ou en traitement de semences. Certaines
d'entres elles, comme par
exemple dithiocarbamates ou des chlorométhylmercaptant,
présentent un large spectre d'activité antifongique.
D'autres comme le souffre élémentaire qui
est principalement appliqué contre les oïdiums apparaissent plus
spécifiques (Lepoivre., 2003).
Ces matières sont utilisées sur des
parties aériennes des plantes et/ou en traitement des semences.
Les multisites ont en commun la capacité d'interagir
avec de nombreux constituants cellulaire en particulier avec ceux
possédant des groupements thiols qui sont souvent fongicides de surface,
qui inhibent la germination des spores à des faibles concentrations,
cette inhibition est corrélée avec un blocage de la consommation
d'oxygène, du catabolisme des substances de réserves des spores
(lipides et sucres) (Brent., 1995).
Les fongicides multisites : susceptibles
d'inactiver des enzymes de la glycolyse, de cycle de Krebs et la chaine
respiratoire.
Il s'agit donc des fongicides multicibles c'est-à-dire
leurs effets primaires sur les cellules fongiques résultent
principalement d'un blocage d'un seul processus cellulaire (respiration) toutes
fois d'autres processus et structures cellulaires sont également
susceptibles d'être affectés (Koller., 1992).
Dans un domaine agricole les inhibiteurs de
biosynthèse des phospholipides ou des stérols, sont
développées comme fongicides, ils
ont en commun la capacité d'affecter la formation et
/ou le fonctionnement des membranes cellulaires, la résultante est une
altération de l'élongation des hyphes mycéliens et une
activité curative (Lepoivre., 2003).
Les fongicides susceptibles d'inhiber la
réplication de l'ADN (fluoroquinolone), la transcription de l'ADN en ARN
(phénylamine) ou la biosynthèse des protéines au niveau
des ribosomes (divers ATB).
Deux autres familles des fongicides susceptibles d'affecter
respectivement la biosynthèse de certains acides aminés et de
certains nucléotides (anilinopyrimidines, aminopyrimidines).
(Brown., 1996).
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