LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
· ATU : Union Africaine des
Télécommunications
· BM : Banque Mondiale
· CANAD : Central African New Agencies Development
· CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de
l'Afrique de l'Ouest
· CSDPTT : Coopération Solidarité
Développement aux PTT
· DOT Force : Digital Opportunity Task force
· FMI : Fonds Monétaire International
· Fonds de Solidarité Numérique
· GRESEC : Groupe de Recherche Sur les Enjeux de la
Communication
· IAN : Indice d'Accès Numérique
· NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement
de l'Afrique
· NOEI : Nouvel Ordre Economique International
· NOMIC : Nouvel Ordre Mondial de l'Information et de la
Communication
· OCDE : Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique
· OIF : Organisation Internationale de la Francophonie
· OMC : Organisation Mondiale du Commerce
· OMPI : Organisation Mondiale pour la
Propriété Intellectuelle
· ONG : Organisation Non Gouvernementale
· ONU : Organisation des Nations Unies
· PIDC : Programme International pour le
Développement de la Communication
· PIPT : Programme Intergouvernemental Information Pour
Tous
· PMA : Pays les Moins Avancés
· PMAC : Pays les Moins Avancés en Communication
· PD : Pays Développés
· PED : Pays en Développement
· PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
· RASCOM : Regional African Satellite for Communication
· SMSI : Sommet Mondial de la Société de
l'Information
· TIC : Technologies de l'Information et de la
Communication
· UIT : Union Internationale des
Télécommunications
· UNESCO : Organisation des Nations Unies pour L'Education,
la Science et la Culture
· UNICTTF: United nations Information and Communication
Technologies Task Force
INTRODUCTION
Le développement effréné des technologies
de l'information et de la communication (TIC) depuis quelques décennies
et la nouvelle configuration du monde en réseaux planétaires est
la preuve de la mondialisation de la communication que l'UNESCO définit
comme « le symbole du triomphe mondial de l'économie de
marché et de la libéralisation du commerce international ».
L'effacement des frontières et des obstacles topographiques grâce
aux « autoroutes de l'information » permet à la communication
internationale d'entretenir l'utopie macluhanienne du village global, tout en
nourrissant les imaginaires et les croyances inhérentes à la
résorption de la fracture numérique mondiale, à la libre
circulation des informations et des données, ainsi qu'à
l'échange des connaissances et des cultures dans un contexte global de
rééquilibrage des rapports humains.
Pourtant, à ces grands espoirs s'impose la
réalité de «sociétés à deux
vitesses», une société de l'information divisée et
fondée sur des bases inégalitaires où se côtoient
pauvres et riches, puissants et dominés, profiteurs et exploités,
participants et exclus, savants et ignorants. Ceci amène d'ailleurs
Marcel Merle1 a affirmé que l'évolution de l'histoire
a été scandée par une série d'innovations
techniques qui ont mené à deux mouvements contradictoires
à savoir, d'une part la tendance à l'uniformisation de la
condition humaine et d'autre part à la discrimination croissante entre
ce qu'il appelle les « bénéficiaires » et les «
laissés-pour-compte » du progrès. Face à la
recomposition générale des forces géostratégiques
sous-tendant ces inégalités, certains auteurs comme Ignacio
Ramonet se retrouvent devant le constat que : « Partout alarme et
désarroi succèdent à la grande espérance d'un
nouvel ordre mondial. Celui-ci, on le sait à présent, est
mort-né. Et nos sociétés, comme lors de
précédentes époques de transition, se demandent si elles
ne s'acheminent pas vers le chaos »2. Mais de nombreux acteurs
économiques et institutions internationales ainsi que quelques auteurs
et chercheurs en Sciences de l'information et de la Communication (SIC) tels
que Manuel Castells produisent un discours plutôt dithyrambique et
promotionnel des TIC comme solution salvatrice pour le développement
social et humain et comme issue au chaos géopolitique des
inégalités numériques de la société de
l'information.
1 MERLE Marcel., Bilan des relations
Internationales Contemporaines, Paris, Economica, 1995, pp.40-41.
2 RAMONET Ignacio, Géopolitique du
chaos, Paris, Galilée, 1997, p.1 5.
De l'ouverture des débats sur le NOMIC dans les
années 1970 jusqu'aux récents débats du Sommet Mondial de
la Société de l'Information (2003, 2005), beaucoup de
réflexions ont été produites. Cependant, durant ces trois
décennies les réflexions et propositions qui ont pris corps
à l'UNESCO avant de se déplacer et s'étendre à
d'autres institutions (Communauté européenne, OCDE, UIT,
OMC,....) semblent n'avoir pas réellement contribué à une
communication internationale équilibrée et égalitaire
à même de nous faire oublier aujourd'hui la ligne de
démarcation symbolisant la fracture « Nord/Sud » ou plus
spécifiquement les inégalités entre pays occidentaux et
pays africains en matière de communication.
Qu'est ce qui explique cette inefficacité des
stratégies de l'UNESCO dans la lutte pour le développement
international de la communication? Y aurait-il des enjeux géopolitiques
susceptibles d'argumenter en faveur d'une thèse de manipulation ou
d'influence subie par l'UNESCO et dirigée par la toute puissance
états-unienne ou occidentale ?
Dans la première partie de ce travail, nous proposons
quelques éléments de réponse à ces questions
à travers des éclaircissements théoriques. Pour ce faire,
nous avons tenu à rappeler par une brève genèse comment la
notion de « société de l'information » s'est
graduellement imposée à l'usage. Ensuite, à partir des
controverses et critiques légitimant ou accablant cette
société de l'information, nous passerons en revue les discours
déterministes sur les TIC, ainsi que les différentes
théories de développement, de modernisation
néolibérale, et d'impérialisme culturel pour
déboucher sur une problématique sous-jacente centrée sur
le rôle joué par les organisations internationales et notamment
celui de l'UNESCO dans la régulation du déséquilibre des
rapports Nord/Sud en matière de communication internationale.
Une fois ce déblayage théorique fait, nous
présenterons l'Afrique dans la société de l'information en
partant du rapport McBride et des conséquences de l'échec du
NOMIC pour vérifier les éventuels liens de causalité entre
sous développement et fracture numérique tout en nous appuyant
sur le vécu de la fracture en Afrique. Dans la dernière partie du
travail, nous nous interrogerons sur l'opportunité réelle de la
solidarité numérique en Afrique en analysant les actions de
l'UNESCO et ses limites dans la lutte contre la fracture numérique en
Afrique. Puis nous finirons sur un plaidoyer pour la réappropriation
culturelle des TIC comme mesure d'accompagnement de la solidarité
numérique, en ouvrant ainsi notre conclusion sur des perspectives de
recherches approfondies dans le cadre du doctorat.
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