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Assurer un accès à l'eau et à l'assainissement par la coopération décentralisée, le cas de Villa El Salvador et Rezé

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par Claire Gaillardou
Sciences Po Bordeaux - DESS Coopération Internationale et Développement 2005
  

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1ère Partie : Contexte de la naissance d'une ville spontanée et modalités de jumelage de deux banlieues

1. Historique de la fondation de Villa El Salvador dans le Pérou des 60's 70's

Villa El Salvador est un bidonville satellite de Lima qui, pour le meilleur et pour le pire, lui doit son existence. L'agglomération de Lima est un cas particulier au Pérou. Elle en est la plus grande ville et dépasse de dix fois Arequipa, deuxième ville du pays. Cette hypertrophie est due principalement à une évolution démographique et urbaine spontanée, déséquilibrée et surprenante que les pouvoirs publics n'ont pas pu contrôler. La ville s'est donc développée de manière anarchique sans aucune planification, menaçant la qualité de vie de ses habitants.

En 1993, Lima comptait 6 221 000 habitants. Aujourd'hui, avec plus de 7 200 000 habitants, soit près d'un tiers de la population nationale (29% de la population totale du Pérou) elle est à la proue des politiques démographiques péruviennes.

1.1. Historique et profil de la croissance : une évolution urbaine et démographique incontrôlable

La croissance de la périphérie liméenne s'est faite lentement jusqu'aux années 1940, lorsque la population a atteint 300 000 personnes. Depuis lors, elle s'est accélérée et, aujourd'hui, la population du Lima métropolitain est bien près d'atteindre les 8 millions d'habitants. Selon Olivera (1991), Lima abrite à présent 28 % de la population du Pérou (45 % de la population urbaine)4(*).

La migration interne est continue, principalement en provenance des Andes. La ville et le mode de vie urbain de la capitale séduisent les populations rurales en situation de paupérisation. En milieu urbain tout parait plus simple (santé, emploi, logement, éducation).

Or, la tendance est avant tout à la constitution de mégapoles fortement dualisées entre des quartiers à fort pouvoir d'achat et des zones sous-intégrées aux infrastructures publiques urbaines. De toute part des périphéries urbaines dites « spontanées 5(*)» surgissent du désert souvent selon un processus invasif désordonné. Au Pérou, les résultats de ces invasions donnent lieux à des quartiers périphériques pauvres présentant des logements familiaux allant du simple abri fait d' « esteras »6(*), à de minuscules maisons individuelles de briques ou de parpaings, en dur, mais sans « confort moderne » (connexion au réseau d'eau, d'assainissement, d'électricité..). D'abord qualifiés de Barriadas (quartiers) puis de Pueblos Jovenes (quartiers jeunes) ces appellations ont étés abandonnées par soucis de partialité et on les appelle aujourd'hui plus simplement « Asentamientos Humanos » (littéralement : établissements humains).

Ces villes non officielles dans la ville, installées dans les espaces délaissés (notamment sur les cerros7(*)ceinturant Lima comme ce fut le cas pour Villa El Salvador), parfois en une nuit, s'opposent au centre d'affaires, et les problèmes urbains y sont légions.

Comme le souligne Florence Tourette : « Promiscuité et grande pauvreté se mêlent à une violence endémique dans des villes géantes qui ont du mal à digérer ce trop plein de tout »8(*). En même temps, les conditions de vie dans ces quartiers spontanés sont supérieures à celles du milieu rural abandonné. On y retrouve une prise d'assaut de chaque zone laissée pour compte par la ville, pour s'installer et y tirer profit. Peu importe s'il s'agit d'un habitat spontané et précaire qui finit par s'inscrire dans la durée.

Marginalisés et rejetés aux périphéries de la ville, ces habitats sont aussi des marqueurs de ségrégation et des inégalités urbaines à l'échelle de l'agglomération.

* 4 Cf. Annexe : Carte 1 : Processus d'expansion de la ville de Lima entre 1981 et 2000. 

* 5 La plupart de ces périphéries ont pu être qualifiées de « spontanées », car elles sont construites sans planification de l'espace, ni aménagements (sans viabilisation, sans infrastructures d'adduction d'eau ou d'électricité, par exemple), parfois en toute illégalité sur des terres périurbaines.

* 6 Mur de palmes végétales tressées.

* 7 Collines sablonneuses à forte déclivité et en perpétuelle érosion, rendant l'habitat précaire et insécuritaire.

* 8 TOURETTE, Florence, 2005, Développement social urbain et politique de la ville, Pour comprendre le malaise urbain et pour mieux appréhender la politique de la ville, Paris : Gualino Editeur, 167 pages.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard