3.3. La qualité de
l'Azergues s'est améliorée mais certains affluents sont
très dégradés
Dans le secteur de la Moyenne-Azergues, la qualité de
l'eau est moins bonne que dans le secteur amont, mais elle reste bonne (classe
verte du SEQ-Eau). Elle s'est sensiblement améliorer depuis 1993. Les
travaux d'assainissement des rejets industriels, domestiques et vinicoles sont
probablement à l'origine de cette amélioration. Les pollutions
phosphorées restent le principal facteur d'altération. La
sensibilité des cours d'eau à l'eutrophisation est
confirmée. Un problème de pollution reste insoluble : la
coloration de l'eau par les rejets d'une teinturerie. La coloration de l'eau
participe fortement à l'image d'un cours d'eau très
pollué. Quelques anecdotes relevées au cours de discussions lors
de la passation des questionnaires sont emblématiques.
« Depuis qu'un enfant est ressorti de l'eau avec des boutons je
ne me baigne plus », « alors que nous nous baignions en
tee-shirt, nos vêtements ont changé de couleur ».
La teinturerie est aussi à l'origine de plusieurs pollutions
ponctuelles. La dernière date de 2006. Plusieurs centaines de litres de
fioul lourd se sont déversés dans l'Azergues. Après les
inondations de 2003, plusieurs dizaine de fûts de 200 litres de produits
chimiques ont été retrouvés dispersés au long des
berges. Malgré l'impossibilité de connaître la provenance
des fûts non marqués, la teinturerie était visée
à demi-mots lors de plusieurs entretiens.
Quelques secteurs présentent une forte contamination
métallique (cuivre, cadmium, zinc) non sans rapport avec l'ancien site
minier de Chessy-les-Mines. La présence de cuivre est aussi le
résultat d'une importante utilisation de la bouillie bordelaise en
viticulture. L'érosion des versants viticoles apporte en outre
d'importantes quantités de matières en suspension dans la
rivière. La viticulture est également à l'origine d'une
forte contamination de l'eau par les pesticides. Ce point sera
développé dans la deuxième partie.
Certains affluents subissent de fortes pressions dues en
partie aux rejets domestiques alors que les débits de ces affluents sont
faibles. En outre plusieurs retenues d'eau ont été
créées directement en travers du lit de certains de ses
affluents. Ces retenues servent d'étang pour la pêche. Ils
contribuent à dégrader la qualité physico-chimique de
l'eau à l'aval (augmentation de la température en
été, charge importante en matières organiques...) mais
participent aussi à la déstabilisation des peuplements piscicoles
et astacicoles. La qualité plus mauvaise à l'aval de
l'étang a fait disparaître l'Ecrevisse à pattes blanches au
profit de l'écrevisse américaine, plus résistante aux
mauvaises qualités d'eau. La prolifération de cette espèce
pourrait faire disparaître l'espèce autochtone.
Approchée par des critères biologiques
(essentiellement piscicole et astacicole), la qualité de l'eau dans la
Moyenne Azergues est fragile. L'étude piscicole et astacicole parle d'un
« état de fonctionnement
inquiétant ». Cette situation est due à la
mauvaise qualité des affluents mais aussi à cause de leur
déconnexion à l'Azergues. Ces ruisseaux affluents sont les lieux
privilégiés pour la reproduction des espèces de poissons
comme la truite.
Donc le cours principal (l'Azergues) est plutôt de bonne
qualité et s'est même amélioré grâce aux
actions de traitements des rejets. Toutefois la prise en compte des indicateurs
biologiques révèle une qualité moins bonne en partie
à cause de la mauvaise qualité des affluents ou à cause de
leur mauvaise connexion à l'exutoire.
L'état des lieux des milieux aquatiques dans le cadre
de la DCE identifie la masse d'eau concernée par ce secteur comme
présentant un risque fort de non atteinte du bon état pour 2015.
Les pollutions aux métaux et pesticides sont identifiées comme la
cause de non atteinte.
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Figure 15.
À partir de Lozanne l'Azergues sort du verrou rocheux de la
vallée avant de parcourir ses dix derniers kilomètres dans la
Plaine des Chères. (Source : Nicolas Talaska, 2007)
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