Les obstacles à la bonne qualité de l'eau dans les rivières péri-urbaines. L'exemple du bassin versant de l'Azergues (Rhône)( Télécharger le fichier original )par Nicolas Talaska Université Lumière Lyon 2 - Maîtirise de géographie 2007 |
3.2. Les conséquences de la crise viticole dans un contexte de pressions foncières périurbainA l'instar du vignoble français, le Beaujolais connaît une crise économique durable. La production de vin excède la demande. Chaque année les ventes diminuent et les stocks augmentent. Alors que la part de marché pour les vins du Beaujolais est estimée à un million d'hectolitre par an, le vignoble produisait en 2005, 1 111 444 hectolitres et plus de 1 300 000 en 2004. Depuis 1994, huit campagnes ont été marquées par une production supérieure aux ventes62(*). La crise se traduit par une baisse du chiffre d'affaire, et par une baisse des cours du vin. Même les ventes de « Beaujolais Nouveau » connaissent la crise. « Le marché du beaujolais primeur d'octobre-novembre dernier (2005) s'est beaucoup dégradé, les prix chutant, pour certaines ventes, à 110 euros l'hectolitre, voire 100 et même 80 euros dans les derniers jours, alors que le prix d'équilibre pour l'exploitant est entre 150 et 160 euros »63(*). Derrière cette crise générale, les appellations régionales sont les plus touchées et particulièrement celle du Beaujolais. Afin de remédier à la crise, la profession aidée financièrement par le département et l'Etat s'oriente vers deux voies principales. La première vise à rétablir des niveaux de ventes acceptables en travaillant sur le marketing. La seconde vise à équilibrer la production à la capacité d'absorption du marché en réduisant les surfaces viticoles. Entre 2006 et 2009, 3 000 hectares de vignes doivent être arrachés dans le seul vignoble du Beaujolais. En 2006 sur les 300 hectares arrachés, près de la moitié le furent dans le bassin versant de l'Azergues64(*). Dans un contexte de forte pression foncière à l'urbanisation, la disparition de surfaces viticoles suscite la convoitise des bâtisseurs tout en offrant aux viticulteurs des possibilités financières attrayantes pour se décharger d'une activité de moins en moins rentable. Alors que le mètre carré de vigne coûte 3 euros dans le secteur d'Anse, destiné à une vocation constructible, il se vend 120 euros à un bâtisseur et 150 euros à un particulier65(*). Le terrain de vigne, s'il est situé dans une zone constructible, peut donc être vendu 50 fois plus cher en terrain à bâtir qu'en terrain agricole. La crise du vignoble devient alors un facteur potentiel d'urbanisation (figure 13). Certaines parcelles sont d'ores et déjà vouées à de futures constructions.
Cette situation est à replacer dans le contexte de forte augmentation démographique dans cette partie du bassin versant. Depuis 1962 la Moyenne Azergues a gagné près de 9 000 habitants, soit presque un doublement de la population. Si la croissance démographique a diminué dans l'ensemble du bassin versant depuis 1975, elle continue d'augmenter dans la Moyenne-Azergues alors qu'elle diminue fortement dans la Basse-Azergues. Cette tendance semble révéler une extension de la dynamique périurbaine vers l'amont du bassin versant et plus spécifiquement dans la Moyenne-Azergues. Un habitant de Lozanne depuis 25 ans illustre ce constat : « Quand je me suis installé à Lozanne alors que je travaillais à Lyon, c'était le bout du monde. Aujourd'hui les gens viennent habiter de plus en plus haut ». (Discussion pendant la passation des questionnaires, avril 2007).
Figure 14. Paysages de la Moyenne-Azergues. Au troisième plan, les versants boisés alternent avec les parties viticoles. Le village de Châtillon s'est installé à distance de l'Azergues. Le fond de vallée est occupé par des parcelles agricoles, des jardins ouvriers et le complexe sportif du village. (Source : Nicolas Talaska, 2007). * 62 Inter Beaujolais, ibid. * 63 Direction Générale des Services Départementaux du Rhône. (Page consulté le 10 avril 2007). Politique départementale d'aide au Beaujolais, [En ligne]. Adresse URL : http://www.rhone.fr * 64 Source des données : Conseil Général du Rhône * 65 DEPROST (M.), 2004, Beaujolais, vendanges amères, Golias, 235 p. |
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