CONCLUSION GENERALE
A l'entame de cette investigation scientifique, l'objectif
aura consisté à tenter de voir comment
les partis politiques sénégalais et plus
particulièrement, le PS et l'AFP, avaient présenté
leur discours politique aux électeurs susceptibles de leur accorder leur
suffrage. Il s'agissait aussi logiquement d'en apprécier les
éventuels impacts sur le public ciblé pour cette
circonstance historique qui s'est attachée à la
présidentielle de l'an 2000 au Sénégal.
Mais au regard de cette étude, l'on serait bien
tenté de conclure à un bilan mitigé car le discours aura
relativement été perçu et le message reçu, dans une
certaine mesure. Force est cependant
de reconnaître que cet impact est à
relativiser car le citoyen récepteur est loin d'être un
innocent spectateur et totalement perméable face aux stimuli
qui lui sont transmis. Et la complexité que recèle le
phénomène politique et électoral, promet tout pronostic ou
prédiction
à la faillite et il n'y a rien de plus volatile qu'une
intention de vote.
En effet, dans la communication, le plus compliqué
n'est ni le message, ni la technique mais le récepteur et avec le
marketing politique, les idées ne suffisent plus vraiment pour
être élu. Cela témoigne sans doute des capacités de
résistance et la marge de manoeuvre qui reste propriété
exclusive de l'individu. Cet individu est produit d'un environnement,
fruit d'un répertoire culturel, social et sociologique et parfois,
sujet d'un contexte auquel il ne saurait pas toujours se soustraire et
échapper. L'on en vient même à se convaincre
que « la personne pense politiquement comme elle est socialement
» ; qu'autrement dit, « les caractéristiques sociales
déterminent les préférences politiques ».
Par ailleurs, la campagne électorale de février
mars 2000 aura mis en évidence une capacité citoyenne en
gestation à travers l'absence de consigne de vote ou son
manque d'impact, les initiatives des associations de femmes, de jeunes ou des
organisations pour la promotion des
droits humains, la forte implication des médias et de
la société civile dans le débat politique avec notamment,
l'ouverture d'espaces de discussion, d'interpellation ou de critique
où les intellectuels ont beaucoup contribué.
Il semble bien que l'on assiste à un nouvel ordre
symbolique en dehors du référentiel de l'Académie.
Tel nous semble être le sens de l'appel du philosophe Ousseynou KANE qui
« prie
du fond du coeur pour qu'on chasse ces
marchandslà du temple sacré, avant qu'ils ne le
souillent de leurs moeurs corrompues »
125
Ce cri du coeur n'est pas fortuit car le peu d'incidence ou
l'impact plus ou moins relatif du discours politique en l'an 2000 semble
découler d'une mésalliance entre la logique morale et la logique
politique ; ce qui ne peut que militer en défaveur des
communicateurs politiques. Et
« les promesses électorales n'engagent que ceux
qui y croient » a fini de constituer la vérité la
mieux partagée de nos jours, rythmés par les
immenses conquêtes de la citoyenneté.
Mais les défis subsistent encore car « si
le dominateur tomba (...) ce qu'il y avait de plus substantiel dans
son oeuvre resta debout ; son gouvernement mort, son administration
continua de vivre et toutes les fois qu'on a voulu depuis abattre
le pouvoir absolu, on s'est borné à placer la tête
de la liberté sur un corps servile »126;
avec les comportements et les discours qui n'ont pas fondamentalement
changé, l'on est passé à cette situation que Jean
François HAVARD qualifie « de la victoire du sopi à
la tentation du nopi » 127
En lieu et place du discours des hommes politiques (le haut)
à destination des citoyens (le bas),
se déploie un mouvement contraire car le peuple
réclame la parole et entre en scène...il veut un nouveau type
d'homme politique, un nouveau discours politique bref, aller vers un
renouveau
du champ politique sénégalais. Les
dynamiques d' « en bas » agissent et
réagissent, redéfinissant et recréant son propre
répertoire. La communication politique en est certes à ses
débuts sur la scène politique sénégalaise, du moins
telle que celle de l'an 2000, où l'image et le
125 cf. article de KANE O., « La République
couchée » , Quotidien Wal Fadjri numéro 2744
du 8 mai 2001
126 TOCQUEVILLE de A., L'ancien régime et la
révolution
127 Revue Politique Africaine, numéro 96, décembre
2004, Sénégal 2000/ 2004, l'Alternance et ses
contradictions, p.22
discours ont été très prégnants
faisant penser au show à l'américaine ; et avec l'essor fulgurant
des NTIC et la multiplication des médias ou véhicules
d'information, nul doute, que de belles pages s'ouvrent encore...il reste
à savoir quelle crédibilité l'électorat
sénégalais, devenu de plus
en plus exigeant, pourra accorder aux leaders politiques.
Nous le notions dès les premières esquisses de
notre analyse : la scène politique nous offre des
événements et des phénomènes fort
intéressants pour ne pas être appréhendés et
étudiés. Avec l'Alternance de l'an 2000 et le chemin
parcouru jusqu'ici par la démocratie sénégalaise,
beaucoup reste à découvrir au regard de l'instabilité
politique actuelle et de ce que l'on serait tenté d'apprécier en
terme d'ordre politique relâché : ce qui est plutôt
permanent en politique, c'est le changement...le sopi n'aura jamais
connu autant de regain d'intérêt et suscité tant de
passions et débats, qu'au cours de ce scrutin présidentiel de
l'an 2000.
Mais quelle lecture pourrait on en faire, aujourd'hui,
cinq ans après ce formidable élan démocratique ?
That's the question !
QUESTIONNAIRE ADMINISTRE
1Avezvous voté lors de la Présidentielle de
l'an 2000 ?
2Etaitce pour la première fois ?
3Qu'est ce qui a poussé à aller voter ?
4Avezvous suivi et/ou participé à la campagne
électorale des partis politiques ?
Meetings
Rencontres avec des responsables politiques
Télévision
Radio
Presse écrite
5Est ce que la politique communicationnelle des partis politiques
a pu influencer votre vote ?
6Sinon pourquoi êtesvous allé accomplir votre
devoir de citoyen ? (Y'a til eu d'autres logiques sociales, culturelles ou
religieuses)
7Comment percevezvous le discours des hommes politiques surtout
en campagne électorale ?
8Quelle appréciation faitesvous de la transhumance dans le
champ politique sénégalais ?
9Comment appréciezvous la place de l'argent dans le champ
politique sénégalais, surtout lors des périodes
électorales ?
10Est ce que depuis l'avènement de l'Alternance, la
manière de gouverner et de gérer a changé
par rapport à l'ancien régime ?
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