5.5 Architecture et
géométrie de l'économie informationnelle et globale :
Elle naît de l'interaction entre l'essor de
l'informationnalisme et la restructuration capitaliste.
La structure de cette économie se caractérise par
la combinaison d'une architecture durable et d'une géométrie
variable. Elle tient compte du positionnement global des différents pays
par zone dans l'économie globale. Pourtant malgré toute la
complexité de cette structure il existe bel et bien une architecture
fondamentale, héritée de l'Histoire, qui encadre le
développement de l'économie globale.
Arrêtons-nous un instant sur les processus dynamiques de
concurrence et de changement qui modifient sans cesse cette architecture.
L'évolution décrit l'émergence d'un nouveau modèle
de division internationale du travail comme une caractéristique de
l'économie globale.
La toute nouvelle division internationale du travail est
construite autour de quatre positions différentes dans l'économie
informationnelle et globale : les producteurs de biens à haute valeur
ajoutée, qui s'appuient sur le travail informationnel; les producteurs
de biens moins sophistiqués qui recouvrent à la fois la main
d'oeuvre bon marché; les producteurs de matières
premières, qui dépendent des richesses naturelles; et les
producteurs superflus, réduits au travail dévalué. Ces
positions ne coïncident pas avec les pays, elles s'organisent en
réseaux et en flux, en utilisant l'infrastructure technologique de
l'économie informationnelle.
Tous les réseaux sont globaux dans leur
réalité et leurs objectifs. Même les économies
marginalisées ont un petit segment de leurs fonctions directoriales
reliés au réseau des producteurs de biens de haute valeur ne
serait-ce que pour transférer le peu de capital ou d'information encore
accumulé dans le pays.
Les gouvernants et les acteurs sociaux ont une
responsabilité essentielle à cet égard. La toute nouvelle
division internationale du travail repose en effet sur la main-d'oeuvre et la
technologie, mais elle est mise en place et modifiée par les
gouvernements et les entrepreneurs. L'incessante mobilité qui
résulte de ces processus d'innovation et de concurrence se heurte
à l'architecture historique de l'ordre économique mondial,
provoquant le chaos créateur qui caractérise l'économie
nouvelle.
5.6 L'Entreprise en
réseau - Culture, Institutions et Organisations de l'Economie
Informationnelle :
Le cadre de référence est multiculturel, avec
matrice commune de formes organisationnelles dans les processus de production,
de consommation et de distribution.
Par "logiques organisationnelles" est entendu un principe de
légitimation qui s'élabore dans une profusion de pratiques
sociales dérivées. Autrement dit, les logiques organisationnelles
sont les bases de l'idéation pour les relations d'autorité
institutionnalisées.
La thèse de Manuel Castells est que l'essor de
l'économie organisationnelle se caractérise par le
développement d'une nouvelle logique de l'organisation qui est
liée au processus de changement technologique en cours.
Il examine en outre la genèse de cette nouvelle forme
d'organisation ainsi que les conditions de son interaction avec le nouveau
paradigme technologique.
Les trajectoires organisationnelles dans la restructuration du
capitalisme et dans la transition de l'industrialisme vers l'informationnalisme
sont mises en évidence par les analyses qui coïncident sur quatre
points fondamentaux :
1. rupture majeure
2. indépendance
3. répondre à l'incertitude
4. modèle de la production "dégraissée".
Il s'agit d'étudier le développement de
trajectoires organisationnelles différentes, c'est-à-dire les
arrangements spécifiques de systèmes moyens visant à
accroître la productivité et la compétitivité dans
le nouveau paradigme technologique et la nouvelle économie globale.
Plusieurs tendances organisationnelles se sont développées
à partir des processus de la restructuration capitaliste et de la
transition industrielle.
5.6.1 De la production de
masse à la flexibilité de la production :
La transition de la production de masse vers la
flexibilité de la production, ou du "fordisme" vers le "postfordisme",
passe par la réalisation d'économies d'échelle dans un
processus mécanisé, la grande firme structurée selon les
principes de l'intégration verticale et d'une division sociale et
technique institutionnalisée du travail avec une organisation
scientifique du travail, lorsque la demande est devenue imprévisible en
quantité et en qualité ... la production s'adapte au changement
incessant sans prétendre le contrôler à travers la
spécialisation industrielle ou la production sur mesure. Des pratiques
semblables s'observent également dans les services avancés comme
la banque.
Les nouvelles technologies permettent la transformation des
chaînes de montage propres aux grandes firmes en unités de
production faciles à programmer, qui peuvent s'adapter aux variations du
marché (flexibilité du produit) et aux changements d'intrants
technologiques (flexibilité du procédé).
Cette notion d'intrant est nouvelle et particulièrement
importante. Elle permet notamment de donner des représentations de la
mécanique des flux (par exemple d'information) qui s'installe, de
figurer l'économie informationnelle en terme de
représentations.
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