4.2.2 L'illusion
cryptographique :
Cet exemple montre combien il reste délicat de faire
appliquer des technologies en matière de sécurisation de
l'information et des systèmes, et combien la perfection de ces
techniques ne s'est avérée jusqu'ici que très relative.
Malgré les grands espoirs qu'avait fait naître la
cryptographie, au fil des années est apparu que :
- Une politique de sécurité trop stricte sera
contournée par ses utilisateurs ;
- Les spécialistes de la sécurité d'une
banque préfèreront se taire plutôt que d'attirer
l'attention sur les conséquences néfastes d'une décision
prise très haut dans leur échelle hiérarchique ;
- Il est facile de manipuler au téléphone un
employé bancaire pour obtenir la communication d'informations sensibles
disponibles dans le système sécurisé de la banque.
Le facteur humain devient alors central dans la mise en place de
systèmes sécurisés, dans leur cycle de vie et leur
utilisation.
Les recherches ont conduits à énoncer le principe
de Whitten, qui stipule que l'on ne peut pas augmenter la
sécurité d'un système sans diminuer sa facilité
d'utilisation, soit encore, qu'un système facile à utiliser ne
peut pas être sûr et un système sûr est difficile
à utiliser. La sécurité d'un système
installé peut être anéantie par une seule décision
de gestion inepte ; le facteur humain garantit une instabilité
importante ; les systèmes sûrs sont quasi inutilisables par le
grand public.
Et pourtant chacun d'entre nous utilise chaque jour des
systèmes numériques prétendus sécurisés :
cartes bancaires, téléphones portables, distributeurs de billets,
etc.
Pour les citoyens il est impossible sauf à une
minorité d'avoir un avis objectif sur le niveau de
sécurité d'un système. Tout se joue sur l'image
perçue et sur la confiance placée, souvent aveuglément
dans le système.
Les enjeux financiers autour de ces systèmes sont
énormes et conduisent souvent les industriels à employer tous les
moyens à leur disposition pour contrôler l'image perçue par
le public et par là- même préserver leurs
bénéfices, parfois au détriment de quelques individus, de
plus en plus aux dépens de la société toute
entière. Nulle part ceci n'est plus visible actuellement que dans le
domaine de la propriété intellectuelle.
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