2.2.5 L'organisation de la
recherche doit s'adapter au monde des réseaux :
Par exemple dans le milieu Internet, le prototype doit sortir
rapidement et faire l'objet d'un suivi allant jusqu'aux produits, alors que le
milieu de la recherche française vénère plutôt la
seule publication comme résultat de la recherche. En France, on
préfère partir dans une recherche sur des modèles
théoriques bien formalisés, pour lesquels les chercheurs
français sont très forts, plutôt que sur des applications.
On respecte aussi le découpage du Comité national des
universités plutôt que la pluridisciplinarité. On
n'apprécie guère le business, et on a un faible pour les sciences
dures plutôt que pour les sciences de la société. Notre
culture de recherche académique et les organisations qui l'accompagnent
ont encore besoin d'être adaptées afin de mieux répondre
aux besoins créés par les déferlements des réseaux
de communication, car dans la réalité, il ne suffit pas
d'augmenter le financement d'un projet comme celui de l'Internet nouvelle
génération, d'y ajouter du capital-risque et de favoriser la
création d'entreprises par les chercheurs pour s'améliorer.
Philippe Jorand, directeur de recherche au CNRS, et
rattaché au laboratoire Leibniz de l'Institut d'informatique et
mathématiques appliquées de Grenoble (IMAG), écrit :
"On a bien sûr imaginé des remèdes pour
prévenir le risque d'enfermement académique et disciplinaire.
L'un d'eux consiste à rendre plus immédiatement palpables les
retours de la recherche vers la société. C'est ainsi que nos
chercheurs sont invités à s'engager dans des travaux dont la
pertinence est évaluée en termes de débouchés
sociaux et industriels, nécessairement appréciés sur le
court terme. Etant donné l'évolution des ntic et leur
pénétration dans les actes de tous les jours, dans les services,
dans la production et sur le marché, ce point de vue utilitariste sur le
recherche publique n'est pas sans justification, surtout s'il s'agit d'y faire
participer la recherche en informatique. Mais le poids de ce critère ne
doit pas faire oublier sa nécessaire compatibilité avec la
primauté d'une visée scientifique à long terme".
Il souligne également avec raison qu'une sorte d'autisme
est créé, entretenu entre autre par le fait que nos élites
politiques et administratives, celles qui décident de retenir tel type
de recherche plutôt que tel autre, sont généralement
ignorantes des réalités scientifiques. C'est ce qui conduit par
exemple à ballotter périodiquement l'informatique à chaque
changement de gouvernement, entre science et technologie. Premier pas vers le
tautisme des chercheurs obligés de trouver refuge sur des îlots du
savoir.
Lors des rencontres d'Autrans en janvier 2000, a
été lancé le Cyber-Institut, qui a pour but le
développement du savoir sur le fonctionnement et les usages du
cyberespace.
Bien plus qu'une territorialité ou une
a-territorialité, c'est une véritable géographie des
réseaux qui se met en place et dont les plans complexes et précis
devront être maintenus, attestant de la vie du système, où
l'on voit se constituer des réseaux de réseaux et les
interconnexions entre eux.
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