II. Contenus et communication via
les Médias à base de Réseau(x) :
1
Quels contenus pour Internet ?
1.1 Communication,
Récit(s) et Information :
1.1.1 La mise en intrigue
:
Il faut comprendre la production communicationnelle comme une
production de récits visant à structurer et à configurer
un groupe et une action collective. La notion de récit permet de
comprendre les productions symboliques et langagières visant
l'unification, la structuration et le fonctionnement de groupes
constitués autour d'un objectif de production de biens et de
services.
L'essor des communications d'entreprises participe du
déplacement de l'entreprise qui s'inscrit dans l'espace public
considéré comme espace d'apparition et de visibilité,
opérant un soigneux travail de construction de soi auprès de
l'opinion, de présentation et d'exposition de soi orchestré, afin
d'asseoir sa présence auprès des médias, auprès de
l'opinion publique et de tous les publics essentiels (pouvoirs publics,
consommateurs, milieux financiers, élus etc.). Ici, la côte de
l'expérience a baissé au profit du règne de l'information,
règne du plausible, du vérifiable et de son cortège de
connexions logiques.
La construction de récits par les organisations
économiques engage un rapport au temps et un rapport au groupe social,
configure une expérience individuelle et collective, et propose un
sens.
Ricoeur parle de la "mise en intrigue" se rapportant
à l'univers de l'intrigue et la relation créée entre
émetteur et récepteur.
Il se produit une imbrication étroite et nécessaire
du dire et du faire. Il faut comprendre le soubassement de l'activité
économique.
"Le temps devient temps humain dans la mesure où il est
articulé sur un mode narratif".
La reconstruction du passé a une dimension politique,
économique et sociale.
Parmi les formes de mémoire, l'approche muséale se
développe depuis quelques années et conjugue l'approche
patrimoniale et l'approche communicationnelle, la perspective de conservation
et de notoriété. Les entreprises des économies
occidentales s'ouvrent au public.
L'appel au passé s'inscrit dans une stratégie de
communication. L'Art, lui, s'inscrit dans une perspective de recherche et de
construction du futur ou plutôt des futurs comme le suggérait
déjà l'usage de la notion de vies.
Les récits interviennent toujours après coup, ils
s'inscrivent dans une perspective de continuité, de reconstitution, de
mémoire, alors que l'action et les choix opérés sont
toujours nouveaux, surprenants et
discontinus. Ils sont un artefact visant à retrouver et
à construire un continuum dans la nécessaire
discontinuité. L'entreprendre comme action sur le présent, comme
création permanente et comme initiative toujours surprenante est
fondamentalement en tension avec l'activité narrative qui
reconstruit la continuité des choix et l'inscrit dans la
durée. Le temps long de la mémoire et la reconstitution
historique fait de constance s'oppose au temps court de la décision
présente toujours surprenante.
Consignation et transmission des connaissances constituent
désormais l'enjeu essentiel de cette discipline nommée "knowledge
management". La notion de projet fait rebondir la problématique du temps
sur trois points : elle engage une même logique de l'actualisation, le
présent du futur correspondant à un travail de formalisation.
Elle suppose une démarche volontariste visant à maîtriser
le destin au lieu de le subir.
L'enjeu : elle repose enfin sur une même valeur
supposée de l'information qui est le ressort de l'imbrication du futur
et du présent. La disparition de grands projets politiques et sociaux
dans les
sociétés occidentales, postmodernes selon les
termes de JF Lyotard, s'accompagne de l'émergence et de la
prolifération de projets de nature économique.
Ricoeur : "l'utopie désespère l'action, elle
est incapable de formuler un chemin praticable".
Les pratiques de veille reposent implicitement sur une
théorie de la valeur de l'information qui conçoit l'information
et la capacité à repérer les grandes lignes du
présent et les contours d'un avenir proche sont devenues une fonction
vitale pour la survie et le développement des entreprises.
L'information peut être vue comme un élément
essentiel de la stratégie économique, comme facteur de
prévision et de maîtrise des marchés.
Cette théorie de l'information repose en partie sur une
approche mathématique et probabiliste de l'information, il est donc
essentiel de réduire le degré d'incertitude, de collecter ou de
construire un système d'informations mis au service de la prise de
décision.
Trop d'information est aussi nuisible que peu
d'informations.
La sophistication des systèmes fait souvent perdre de vue
leur finalité et finit par occulter la valeur d'usage des
informations.
La valeur de l'information est aussi un problème dont il
faut tenir compte. L'information ne s'oppose pas à la communication
comme l'objectif au subjectif, comme l'individuel au collectif, comme la
connaissance à
l'action.
Le "Dictionnaire des termes officiels" : définit
l'information comme "élément connaissance, susceptible
d'être représenté à l'aide de conventions, pour
être conservé, traité, communiqué".
L'information n'est une ressource que dans la mesure où
elle est l'objet d'une gestion et d'une interprétation
appropriées. Il faut de l'intelligence, c'est essentiel.
Dans l'approche de Shannon et Weaver, l'information est
corrélée aux notions d'entropie et de désordre :
l'information annule ou réduit l'entropie et constitue la mesure de la
réduction de l'incertitude ou du désordre. Un message
créé de l'ordre dans le désordre. Adhésion donc ici
au point de vue de Philippe Breton.
La formule que donne Shannon pour calculer la quantité
d'informations est fondée sur le rapport entre les possibles avant
l'information et ce même nombre après l'information.
La surprise, l'effet de surprise est l'un des constituants de la
valeur d'une information; une information surprenante est une information qui a
une valeur élevée.
L'information s'inscrit ici encore dans une perspective
probabiliste, elle renvoie au différentiel de gain
généré par une décision sans information
préalable et une décision prise après information, elle
est une valeur ajoutée. Ceci rejoint la théorie de la
rationalité limitée.
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