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La dialectique " INDIVIDU - SOCIETE " et sa rationalisation dans l'universel concret chez Eric Weil


par Emmanuel Lenge
Université Saint Pierre Canisius - Grade de bachelier en Philosophie 2005
  

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1.3. Le moteur de l'action en l'homme.

Tous les hommes quels que soient leur statut, leur nature et les motivations de leurs agissements, agissent par ce qu'ils ont de méchant en eux. L'individualisme est la motivation principale qui caractérise l'action chez l'homme. Chez l'individu, l'action est déterminée d'abord, et souvent exclusivement, par la recherche de la satisfaction totale et complète des intérêts individuels, même au mépris des causes collectives. Ceci est constitutif de la nature humaine. Les hommes cherchent d'abord et avant tout à satisfaire chacun ses propres désirs et ses passions, même les plus égoïstes. Pour Weil, lorsque l'homme fait le bien, ce bien est indissolublement lié au mal.8(*) Le mal ne peut en effet être séparé de l'homme, ni être extirpé de lui, on peut seulement le transformer.

Sur le plan de la réalité et de la réalisation, le bien n'a pas de force, toute force se trouvant du coté du mal, lequel constitue le moteur de toute action humaine : Un être parfaitement bon n'aurait pas d'intérêts et n'agirait pas ; si donc le bien doit être réalisé, il ne pourra l'être qu'au moyen du mal.9(*) A ce niveau, nous pouvons déjà reconnaître, et nous le développerons plus loin, les germes du conflit presque naturel entre l'individu « individualiste » par nature  et la société «  communautariste » par essence : La société vise une action commune, la réalisation des intérêts communs et communautaires, alors que l'individu cherche son bien propre. Comme cette recherche est contraire à celle des communautés- sociétés hors desquelles il ne saurait vivre, il vit un déchirement intérieur : il est en permanence mis devant l'obligation de choisir entre ses intérêts personnels -pour lesquels il est naturellement poussé à sacrifier tout le reste- et des intérêts plus universels que lui impose la société.

Cette tension, l'individu la vit en permanence, car la société veille, au corps défendant de l'individu, à ce que celui-ci se consacre d'abord aux intérêts de tous, par la contrainte et le châtiment s'il le faut. Comment dénouer cette tension ?

A ce niveau déjà une solution peut être proposée, même si on peut lui reprocher un certain idéalisme. Le penseur moral, et en l'occurrence le philosophe, a un rôle majeur à jouer dans la communauté. Il doit combattre lui-même et amener l'homme à combattre et à vaincre le mal qui le détermine en premier. Cette action doit être moins le fruit d'une contrainte que celui d'une patiente persuasion à travers une longue éducation.

* 8 Ibid. p.44.

* 9 Ibid. p.45.

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"Tu supportes des injustices; Consoles-toi, le vrai malheur est d'en faire"   Démocrite