PREMIERE PARTIE : LE BENIN FACE A LA CONSERVATION ET LA
VALORISATION CULTURELLE DES ARCHIVES DE RADIO ET DE TELEVISION
Il ne fait plus l'ombre d'aucun doute que les archives
audiovisuelles ont une valeur patrimoniale incontestable. Mais le constat
révèle qu'au Bénin elles connaissent un mauvais
traitement. Plusieurs décennies de pratique radiophonique et
télévisuelle n'ont pas permis d'intégrer réellement
dans les habitudes la question de la gestion sérieuse du patrimoine
audiovisuel. Le tableau qui se dégage à l'analyse de la
réalité est quasiment sombre. Des problèmes de
conservation doublés d'une absence criarde de politique de conservation
en cette matière ont eu pour conséquences un délaissement
des archives audiovisuelles. En dépit de cette situation qui confine
bien à une catastrophe culturelle, aucune réflexion
sérieuse n'est engagée pour inverser résolument la
tendance. Ce qui explique l'état de péril continu dans lequel
s'enfonce chaque jour le patrimoine audiovisuel du Bénin qui ne
connaît aucune esquisse de valorisation culturelle. Dans cette
étude, nous montrerons l'état défectueux de conservation
des archives de radio et de télévision en prenant appui sur les
structures qui s'en occupent notamment les médias publics.
CHAPITRE I-LES ARCHIVES DANS LES MEDIAS DE MASSE
En l'absence d'une forte pratique cinématographique
(même si le peu de documents existants doit faire l'objet d'une bonne
conservation), la radio et la télévision constituent les exemples
de média de masse où se posent d'importants problèmes de
gestion d'archives. Après plus de 5 décennies de pratique
radiophonique et plus d'un quart de siècle de télévision,
il y a matière à inquiétude en raison de
l'indifférence totale qui frappent les documents sonores et visuels
produits. Nous ferons dans cette partie le point sur l'histoire et la nature de
ces différents documents selon les supports de médias qui les ont
produits avec un rapide coup d'oeil sur le cinéma.
I- Les archives de radios publiques: 50 ans d'archives
radiophoniques
L'histoire de la radio au Bénin est longue. Elle permet
de mieux cerner celle des archives qui en découlent.
1-Débuts et évolution de la radio
Le Bénin, Dahomey d'alors est l'un des pays africains
où le phénomène radio a pris corps très tôt.
La radio a une longue histoire et a connu des évolutions importantes. Au
début des années 50, le 07 mars 1953 plus
précisément, les premières émissions de radio ont
commencé alors que le pays était encore sous tutelle coloniale.
Radio Cotonou à cette époque, elle émettait à
partir d'un petit local de l'hôtel des Postes à Cotonou. En mai
1957, intègre ses propres locaux, l'annexe I dite « Ancienne Maison
de la radio » grâce à l'appui de la SORAFOM
(Société de Radiodiffusion de la France d'outre-mer). Le
1er octobre 1958, Radio Cotonou devient Radio Dahomey après
le référendum gaulliste de 1958. La révolution du 26
Octobre 1972 va constituer un tournant dans l'évolution de la
radiodiffusion nationale. Elle prendra l'appellation « Voix de la
Révolution » avec une influence réelle du pouvoir politique.
Une nouvelle maison de la radio construite grâce à la
coopération entre la République fédérale
d'Allemagne et le Bénin a été construite sur la route de
l'aéroport. Cette même coopération va donner naissance
à la station régionale de Radiodiffusion de Parakou le
1er avril 19836. A la faveur du Renouveau
démocratique, la « Voix de la Révolution » devient
6 Radio Parakou est la station régionale
publique située à plus de 400 km de Cotonou. Elle présente
les mêmes caractéristiques en matière d'archivage que la
radio nationale localisée à Cotonou. Elle est confrontée
aux mêmes
« Radio Bénin ». Ayant suivi toutes les
modulations du temps, la radio publique a été de ce point de vue
un témoin chaud de la mémoire du peuple à travers ses
différentes productions.
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