III- La sauvegarde à l'heure du numérique:
les choix possibles
Le numérique a profondément bouleversé les
habitudes dans tous les domaines d'activité. Il ne se passe aucune
discipline, aucune action qui n'ait reçu dans le contexte technologique
actuel les influences du numérique. Ce choix indispensable et
incontournable s'explique par les avantages qui y sont reliés. En effet
on y gagne en performances, en facteur temps et en
célérité dans l'exécution des tâches
quotidiennes d'archivage. Les capacités de stockage des archives peuvent
être multipliées à l'infini avec les NTIC. En tout cas,
c'est dans l'air du temps et cela paraît relever d'un impératif
que d'un simple choix.
Dans le domaine des industries audiovisuelles en
général et des archives audiovisuelles en particulier,
l'extrême utilité de ce corps de technologie n'est plus sujette
à discussion. Certains supports sont difficilement exploitables car
techniquement obsolètes. D'autres se dégradent chimiquement ou
physiquement avec le temps ou en raison de mauvaises conditions de
conservation. Beaucoup sont uniques et donc particulièrement fragiles.
Leur transfert vers d'autres supports est nécessaire. La
numérisation de l'image et du son, transforme très en profondeur
le statut de l'archive audiovisuelle. C'est un troisième mode dans
l'histoire de la reproduction. Nous avons connu longtemps la reproduction de
main d'homme, puis la reproduction technique analogique, depuis quelques
années s'est ouverte l'ère de la reproduction
numérique34. C'est un facteur réel d'avancement qui
demande de la patience et exige les investissements tous azimuts en vue de
l'atteinte des objectifs escomptés. La numérisation permet une
gestion plus souple, plus efficace du travail d'archivage. Elle ouvre
également la porte aux éventuels actes de piratage susceptibles
de gêner la bonne exploitation des contenus numérisés
dès lors que ceux-ci sont accessibles sur la toile mondiale
créant ainsi le besoin de les protéger par des techniques de
cryptage à la source ou de détection biométrique lors de
leur utilisation35.
L'un des apports de la numérisation est également
de permettre d'éviter les dégradations ou l'altération des
images et des sons et de consulter des oeuvres devenues inaccessibles par la
disparition des moyens de lecture.
Pour être plus accessibles et mieux exploitées,
les oeuvres originales doivent être numérisées sur des
supports vidéo et audio plus récents voire sur des supports
informatiques
1- Les supports possibles à la radio
Le CD ou Disque Compact devait apparaître ici comme le
choix le plus pertinent. Même s'il est appelé à vieillir,
les études et projections techniques permettent d'espérer que la
durée de vie d'un CD est d'au moins 100 ans. De ce point de vue, il
constituerait la réponse adéquate aux nécessités de
sauvegarde des contenus d'archives. La capacité de mémoire d'un
CD de 12 cm est d'environ 650 Mo, soit 74 mn d'écoute. Le temps
d'accès moyen est d'environ 300 ms avec un lecteur à double
vitesse, 250 avec un lecteur quadruple vitesse et 130 avec un lecteur sextuple
vitesse. Le CD-R est le modèle le plus récent et le plus courant
de la famille des disques dits WORM (Write Once, Read Many) qui sont
utilisés en informatique depuis déjà quelques temps. La
bande magnétique n'a pas encore prouvé son obsolescence totale.
Lorsqu'elle est conservée et préservée dans de meilleures
conditions, elle peut bel et bien braver le temps.
En dehors de ces supports physiques, le choix peut aussi
concerner l'usage de l'archivage numérique. Comme nombre d'autres pays,
le Bénin est confronté, au niveau de ses principaux médias
radiophoniques, notamment la Radiodiffusion Nationale, au problème de
l'accroissement du volume de ses
34 Rodes Jean Michel, Le corps de l'archivage
à l'heure du numérique in Médiamorphoses, Novembre
2002, p.45 35 Dubois William, Télévision, La
restauration du patrimoine, Octobre 2003, p.41
archives sonores notamment enregistrées sur bandes
analogiques. Désormais, les jours de la bande magnétiques sont
comptés. Une chaîne de radio comme Yleisradio36
n'en achète plus.
La réflexion doit maintenant prendre la direction d'une
possibilité de numérisation du système d'archivage des
stations de radio au Bénin.37 Plusieurs stations
privées de radio ont déjà créé cet
environnement en disposant d'équipements entièrement
numérisés.
Dans ce type de système, toutes les composantes sont
prises en compte : depuis la collecte de l'information jusqu'à sa
diffusion. Un système de production devra être mis en place
grâce auquel les journalistes saisissent leurs reportages, éditent
leurs interviews et enregistrent leurs propres commentaires directement sur
leur poste de travail. C'est un système qui demande qu'un réseau
local soit institué pour permettre à tous les producteurs
d'accéder aux mêmes informations. Le système enregistre par
exemple, les bulletins d'information, les journaux, les émissions. Dans
ce type de système, il devient quasiment inutile de recourir à
l'enregistrement sur bande du texte et du son des bulletins, ils sont
directement enregistrés sur le disque dur de l'ordinateur.
Même si beaucoup d'archivistes audiovisuels estiment
qu'il s'agit d'un système qui souffre d'énormes lacunes en raison
des difficultés liées à la capacité de stockage
limitée, des solutions de contournement existent. En dehors des
opérations de copie sur supports physiques sus
énumérées, on peut choisir d'augmenter la mémoire
du système en achetant des disques durs supplémentaires. Il
faudra pour cela estimer les archives, leur nombre, leur rythme d'augmentation
annuelle. Si nous estimons que les archives d'une chaîne augmentent de
cinq à dix mille heures par an, les dix mille heures de son (en
stéréo) linéaire occupent environ 7 téraoctets de
mémoire38. Ceci revient nettement moins cher que l'archivage
sur bande analogique.
2- Le cas de la télévision
Le DVD (Digital Versatile Disc ou Digital Video Disc) mis sur
le marché en 1997 a le même diamètre que le CD audio (12
cm), mais grâce à l'utilisation d'un laser à longueur
d'onde réduite et à une augmentation de la densité
d'inscription des données, sa capacité de mémoire sur une
couche est
36 Radio Finlande Internationale 37 Un
projet de numérisation des installations de la Radio Nationale du
Bénin est en cours. En dehors de l'antenne, il permettra progressivement
de prendre en compte la chaîne de production et la Rédaction du
Journal Parlé. 38 Gronow (P), Petäjä (M)
Archives sonores numériques YLE, 1998, p.2
multipliée par 7 et portée à 4,7 Go. En
outre, on pourra fabriquer des disques DVD à structure bi-couche, chaque
couche étant lue par un faisceau laser de longueur d'onde
différente, ce qui portera la capacité de mémoire à
9 Go. En principe, en collant ensemble deux de ces disques à double
couche comme on le fait avec le Laser Vision, on atteindrait une
capacité totale de 18 Go. Ce disque est destiné à
l'enregistrement de films vidéos avec compression de données ou
à celui de textes et de données multimédias, comme le
CD-ROM, mais dans ce cas avec des capacités de mémoire nettement
supérieures.
Les organismes de normalisation internationales (SMPTE,
UER........) tendent à faire converger les initiatives des uns et des
autres vers des systèmes de stockage pour la sauvegarde et la
conservation utilisant des standards de fait et des systèmes dits
propriétaires hors course. Les choix opérés par les
principaux détenteurs d'archives audiovisuelles consistent à
transférer les contenus des supports les plus anciens, 2 pouces, 1
pouce, Umatic et Umatic H (BVU) vers un format générique, par
exemple Betacam numérique et DLT. Ce clone numérique est ensuite
mis sous la forme de deux fichiers numériques, l'un équivalent
à la qualité de l'original « diffusable »
compressé en Mpeg2 entre 8 et 12 Mbits et l'autre pour une future
consultation en basse qualité (proche du VHS pour la vidéo)
compressé en Mpeg1. Ce format n'est pas très convivial pour une
bonne consultation d'archives en ligne bien qu'offrant un bon compromis
poids/qualité. La norme Mpeg4 qui compresse la vidéo et le son
permettra de véhiculer sur le réseau mondial des images et des
sons de qualité.
De la même façon que pour la radio nous avons
évoqué la possibilité d'un usage de disques durs et de
cartouches de sauvegarde, la démarche professionnelle au niveau des
supports de télévision intègre également ces
éléments précités.
3- La mise en ligne des archives : un objectif à
atteindre
Dans le contexte mondial des archives, la numérisation
permet de tirer des bénéfices énormes. Entre autres la
conservation en ligne de documents. La pratique moderne de l'archivage prend
sérieusement en compte cet aspect.
Les avantages sont liés à la modernité de
la pratique, le gain d'espace et la rapidité dans l'exécution des
tâches. Dans cette organisation idéale, l'information est au bout
de quelques clics de souris.
Dans nombre des cas, rien ne remplace l'accès au site
même où se trouve le patrimoine documentaire lorsqu'il est
essentiel d'accéder au support, ainsi qu'à son contenu. Cet
accès reste toutefois souvent impossible en raison plus peut être
des distances géographiques que des contraintes liées à la
conservation. La numérisation du contenu s'avère être une
stratégie d'accès efficace à de nombreux égards :
elle est parfois relativement abordable et peut être offerte gratuitement
à l'utilisateur via Internet.
L'évolution des outils documentaires, en particulier la
gestion électronique de documents, et les capacités de stockage
permettent l'accès on-line aux documents primaires. La mise en ligne
d'archives audiovisuelles est une passerelle de sauvegarde et de conservation
de la mémoire. Elle doit pouvoir être saisie par le Bénin
comme une solution parmi tant d'autres dans la dynamique mondiale actuelle.
Tableau 8 : Type de supports de sauvegarde
selon les médias
Médias
|
Supports
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TV
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DVD, CD, CD-WORM, BETA NUM, INTERNET
|
Radio
|
CD, CD-WORM, CD-R, INTERNET
|
|