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Revenu des cordonniers de la ville de Goma et satisfaction des besoins primaires de leurs menages


par Selemani kighoma
Université libre des pays des grands lacs - Graduat 2017
  

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I.2.1. Définition

Le bien-être se définit donc en référence à des biens humains, s'étendant à l'ensemble de la vie et dont la vocation est de réaliser des potentialités humaines. Il consiste en un niveau de satisfaction des désirs et de réalisation d'une large gamme de potentialités humaines. Alors qu'Aristote propose une liste des potentialités que l'individu doit réaliser pour s'épanouir pleinement (Aristote, Éthique à Nicomaque, VI, 13, 1144 à 7-37), cette dimension est négligée par la conception utilitariste du bien-être. Seul Mill fait de l'épanouissement de soi l'une des « conditions essentielles du bien-être humain » (Mill, 1988,). Ainsi les éléments déterminants du bien-être ne sont pas tant le plaisir ou la satisfaction, le revenu ou les ressources personnelles que la capacité individuelle de réaliser et d'exploiter des biens premiers, de convertir ces ressources en libertés réelles, de développer des modes de fonctionnement humains fondamentaux, permettant de vivre une vie humaine, digne et sensée. L'accent porté par A. Sen sur les capabilités (capabilities) permet de rectifier la liste rawlsienne des biens premiers, en tenant compte du fait que la diversité sociale et humaine détermine fortement pour des raisons de classe, de genre, d'éducation, de conditions écologiques ou de déficiences physiques ce que les individus sont capables de faire de leurs biens premiers (Sen, 1996)18(*).

Le bien-être repose donc, fondamentalement, sur cet épanouissement de la plénitude des potentialités humaines, en référence à des paramètres psychologiques et physiologiques, sociaux et environnementaux notamment, comme le suggéraient déjà les philosophies de l'Antiquité. Ainsi une vie à laquelle ferait totalement défaut l'une ou l'autre de ces dimensions verrait ses potentialités de bien-être considérablement réduites.

Comme l'indique l'OCDE, le bien-être fait intervenir les concepts de prospérité, de sante et de bonheur et A. Sen ajoute d'autres comme son niveau d'éducation qui est ainsi des éléments complémentaires, et si le PIB est un indicateur du bien-être il ne serait pas évidant car elle provient de la production alors que le bien-être dépend davantage du revenu et de la consommation19(*).

I.2.2 Quelques indicateurs et mesure du bien-être

Le PIB étant fortement corrélé à des indicateurs sociaux, il permettrait de donner une bonne image du progrès. Au niveau individuel, le revenu est supposé rendre compte et résumer de la situation de chacun. Mais, depuis quelques années, de nombreuses limites à ces indicateurs ont été mises en lumière, dont voici les principales :

Le PIB ne prend pas en compte les répercussions dans le futur de la production actuelle, et la « soutenabilité » de la production : il est possible d'atteindre un PIB élevé sans se préoccuper des ressources, du patrimoine du pays (ressources naturelles, capital « humain », etc.) et de ce qui sera légué aux générations futures. Par exemple, le PIB ne tient pas compte de l'usure des équipements utilisés pour la production et des investissements réalisés. Il n'intègre pas non plus les effets de la pollution. Le PIB et le revenu n'intègrent pas les productions non marchandes qui ont pourtant une valeur pour la société et contribuent au bien-être social : le travail domestique ou de soin aux enfants, le temps passé avec ses amis, l'investissement associatif ou tout simplement le temps libre sont ainsi passés sous silence. Ou plus exactement, ces services rendus à la société ne sont intégrés que lorsqu'ils deviennent marchands (par exemple, lorsque le ménage effectué dans une maison n'est plus réalisé par les membres de la famille mais est payé à un(e) aide-ménager(e)). Le transfert d'activités réalisées « gratuitement » par les individus à des entreprises de services peut ainsi donner facticement l'impression d'une augmentation du niveau de vie. L'apport des services publics est également sous-estimé (éducation, santé, transports, infrastructures). Ceux-ci sont valorisés en fonction des dépenses pour les produire20(*).

I.2.3. Le bien-être et la satisfaction subjective

Le bien-être comme satisfaction des préférences dans les théories utilitaristes plus complexes, l'utilité et le bien-être sont définis en termes de satisfaction des désirs, dont la forme accomplie coïncide avec la satisfaction de préférences, qui ne doivent être ni inconscientes ni irrationnelles ni contraires à notre intérêt objectif mais informées et prudentielles. Les utilités individuelles consistent alors dans la satisfaction de n'importe quel désir rationnel, c'est-à-dire ne reposant pas sur une erreur. Ce faisant, la question du bien-être se trouve reformulée en des termes nouveaux puisque, d'une part, l'utilitarisme préférentiel introduit l'exigence d'une comparaison des préférences entre les personnes, alors que certains utilitaristes comme Beccaria et Hume, d'autre part, dissocient la notion d'utilité de la satisfaction individuelle.21(*)

Bien que les nombreuses critiques qui ont assailli l'Ancienne Ecole de bien-être de Marshall et Pigou, la Nouvelle Ecole de Pareto, Hicks, Kaldor et Scitovski et plus récemment l'Ecole de la fonction de bienêtre nous fassent conclure à l'agonie de la théorie du bien-être, plusieurs applications récentes nous montrent au contraire une renaissance de la théorie dans son rôle de théorie de la politique économique22(*).

1.2.4 L'économie du bien-être

Bien que l'utilitariste n'offre pas, comme nous l'avons vu, une détermination suffisante du bien-être, plusieurs de ses concepts sont au principe de ce que l'on nomme, depuis le début du XXe siècle, l'économie du bien-être (welfareeconomics). Celle-ci se donne pour objet l'évaluation des situations économiques et, principalement, des modalités de la répartition. La question du bien-être se voit alors formulée dans un cadre socio-économique et dans la perspective de l'identification d'un optimum. Dès lors, l'utilité n'est plus subordonnée ni rattachée à une expérience psychologique originaire, comme c'était le cas au XIXe siècle. On ne parle plus d'utilité mais de « fonction d'utilité23(*) ».

I.2.5 L'utilité et la fonction de bien-être social

Les auteurs anglo-saxons appellent welfarismla thèse suivant laquelle la satisfaction subjective ou le bien-être - que l'on mesure à l'aide de la relation de préférence individuelle ou de la fonction d'utilité correspondante - représente la donnée principale, voire exclusive, de toute appréciation normative des règles collectives. L'économie du bien-être, et l'interprétation économique du théorème d'Arrow, reposent sur certaines notions caractéristiques telles que l'optimalité, la préférence, les comparaisons interpersonnelles, l'utilité. L'optimum de Pareto désigne un état de l'économie x tel que, pour tout autre état y, s'il se trouve un agent qui préfère strictement y à x, il doit s'en trouver un autre qui préfère strictement x à y. Cette notion donne alors lieu à un classement partiel des options. La question centrale devient celle de la comparabilité interpersonnelle du bien-être. Pourtant

Vilfredo Pareto et ses disciples ont montré que la satisfaction ne peut se comparer d'un individu à un autre. Ainsi l'optimum de Pareto permet de définir le bien-être social sans passer par la problématique comparaison des utilités24(*)

I.2.6. Besoins, désirs, préférences :

Les constituants subjectifs du bien-être d'un point de vue psychologique, le désir est fondamental. En revanche, d'un point de vue moral, le besoin constitue la détermination la plus fondamentale du concept de bien-être.

En effet, ce dont les individus ont littéralement besoin, c'est ce dont l'absence nuirait profondément à leurs intérêts. Le besoin n'a cependant pas ici un sens exclusivement ni principalement subjectiviste, c'est-à-dire psychologique et individuel. Une appréhension objective des besoins permet d'envisager le bien-être en fonction de facteurs extérieurs aux agents, considérés dans leur particularité. Rawls utilise ainsi la notion de biens premiers et définit en partie les besoins des personnes, en considérant leur situation physique plutôt que leur situation psychologique. Ces biens premiers comprennent des droits et des libertés, des pouvoirs et des opportunités, le revenu et la richesse, c'est-à-dire que « ce que l'on désire, quoi que l'on désire d'autre » figure sur une liste de « biens premiers » or Amartya Sen et Brian Barry considèrent que ces éléments objectifs, qui fondent le bien-être, se limitent à ce qui est nécessaire pour établir une comparaison intersubjective des préférences. En ce sens, les besoins sont des désirs, qui résistent à la frustration ou au changement de croyance. A cette liste de besoins objectifs, A. Sen suggère d'ajouter des déterminations subjectives des besoins et du bien-être, dans la mesure où l'avantage qui est extrait d'un bien, par un agent, n'est pas principalement du plaisir mais plutôt l'opportunité de réaliser ses potentialités25(*).

* 18C.LAFAYE, Bien-être, Dictionnaire du corps, PUF, pp.4-6,2007 ou sur https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00373339

* 19OCDE,comment va la vie ? Mesurer le bien-être, 2011 P.3

* 20R.BIGOT, L'évolution du bien-être en France depuis 30 ans, Paris, 2012, p.21.

* 21E.BINICOURT, économie «  économie du bien-être » disponible sur www.universalis.fr/encyclopedie/microeconomie-economie-du-bien-etre/2-du-bien-etre-individuel-au-bien-etre-collectif/.

* 22 G.R. PELLETIER, théorie du bien-être et politique économique « l'actualité économique » Montréal, 1978, disponible sur https://www.erudit.org/fr/revues/ae/1978-v54-n1-ae3141/800758ar/

* 23C.LAFAYE, op.cit.p.8

* 24Idem.p.8

* 25C.LAFAYE,op.cit.p.7.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote