Aspects épidémio-ciniques des accouchements prématuréspar Madirisha Jacques ISETM Virunga - A0 2022 |
0.1. PROBLÉMATIQUESelon l'Organisation Mondiale de la Santé, chaque année, environ 4 millions de nouveau-nés décèdent au cours de leurs premiers mois de vie et que 98% de ces décès se produisent dans les pays en voie de développement, en particulier en Asie et en Afrique. Parmi ces nouveau-nés, 2 millions meurent au cours de la première semaine de vie et particulièrement pendant le premier jour.8(*) Dans le monde entier, 50 millions de naissances surviennent encore dans les maisons et de nombreux bébés meurent sans qu'un acte de naissance ou de décès soit produit. Et plus de 85% sont dus aux naissances prématurées surtout dans les pays en développement.9(*)Le taux de décès périnatal lié à la prématurité est variable d'une région à une autre et d'un continent à l'autre : En Europe 11%, en pacifique du sud 19%, en Asie du Sud 38%, dans la région méditerranéenne 40% et en Afrique 43%.10(*) En Asie, cette incidence est la plus forte dans les Pays d'Asie du Sud-Est, qui représentent 75 % de ces naissances prématurées. L'Inde, à elle seule, en compte environ un million sur les 2,7 millions répertoriées. Le chiffre s'élève à 500.000 en Chine. En Europe, la prématurité est responsable de 75% des décès périnataux. La Suisse n'est pas épargnée de ce problème de santé publique, avec 6,7% des bébés qui naissent trop tôt. La prématurité comprend les naissances avant 37 semaines de gestation, avec comme sous-catégorie les grands prématurés (<32 semaines de gestation). La prise en charge de ces nourrissons requiert une infrastructure lourde et coûteuse. Ce problème découle de plusieurs facteurs prédisposant tels que l'hypertension et le stress de la femme enceinte et de nombreux autres facteurs. Selon cette étude, la prématurité est étroitement liée au niveau socio-économique bas qui conduirait à des comportements à risque, une plus grande exposition au stress et un mode de vie moins favorable pour le futur bébé.Ceci est démontré par le fait qu'en Europe, seulement 4,5% des naissances sont prématurées, contrairement à l'Afrique où la prématurité compte pour 15-18% des naissances. L'arrivée de la pandémie a mis à rude épreuve les déterminants sociaux économiques et a mis en avant des inégalités. Tout compte fait, nous pourrions nous attendre à une augmentation de la prématurité. Cependant, les études notent une diminution de l'exposition aux agents infectieux, de l'effort physique au travail et de la pollution aérienne, ces changements étant protecteurs de la prématurité. En revanche, d'autres études ne démontrent pas de changement significatif. Cette pluralité de paramètres, l'actualité des événements, ainsi que le manque de données helvétiques, sur l'influence des déterminants sociaux-économiques, rendent la compréhension de la prématurité durant le confinement particulièrement compliquée.11(*) En France, la fréquence actuelle de la prématurité est de 7 % environ ; en 2015 le taux de prématurité était de 7,2 % (grossesses uniques : 5,8 % ; grossesses gémellaires : 44 %) ; 1,5 % de toutes les naissances se produisent avant 33 SA (grande prématurité) : le nombre annuel de naissances est voisin de 770 000, et le nombre de grands prématurés est d'environ 11 500. Aux Etats-Unis, environ 12 pour cent de l'ensemble des naissances, soit plus d'une naissance sur neuf est prématurée. Au Pakistan, le taux de mortalité périnatale à 28 jours était de 47 pour 1000 naissances vivantes dont 35 pour 1000 naissances prématurées. Près de 45% de décès sont survenus dans les 48 heures et 73% dans la première semaine qui suit l'accouchement. Les principales causes obstétricales de décès périnatal sont le travail avant terme dont 43% suivis de l'asphyxie intra partum à 21%. De ces deux causes s'est ajouté l'immaturité 26%, l'asphyxie et l'hypoxie pendant l'accouchement 26% et les infections néonatales à 23%.12(*) L'Afrique enregistre le taux de naissance prématurée le plus élevé au monde, elle s'évalue de 13 à 15% suivi de l'Asie du sud-est avec 11%, le taux de mortalité néonatale le plus élevé estimé à 45 décès par 1.000 naissances vivantes comparé à 34 en Asie, 17 en Amérique Latine et 5 dans les pays développés. Bien que la mortalité infantile ait chuté pendant les trente dernières années, la mortalité néonatale est restée relativement stable et représente actuellement 40 à 70% du total des décès des enfants âgés de 0 à 1 an. Il est évident que dans nos pays, cette mortalité néonatale est liée en grande partie aux conditions dans lesquelles se déroulent la grossesse, l'accouchement et le post-partum.13(*) Au Cameroun, à 42%, la prématurité est la cause de la mortalité néonatale. L'incidence de la prématurité sur la mortalité infantile est palpable. On énumère entre autres le paludisme, les infections, l'utérus fibromé comme les causes des naissances prématurées. On conseille par ailleurs aux femmes enceintes de se rendre dès le premier trimestre de leur grossesse dans les bons cadres hospitaliers pour un meilleur suivi. «Dès le premier mois de la grossesse la femme doit voir un gynécologue obstétricien pour suivre de façon régulière sa grossesse afin de limiter les risques qui pourraient survenir, notamment la prématurité», déclare les responsables de l'OMS. A titre de bilan, Au Cameroun, au cours du premier trimestre de l'année 2017, 547 enfants dont environs 265 (48%) étaient prématurés. Sur 57 bébés décédés à l'hôpital de la mère et de l'enfant de Yaoundé, 40 sont prématurés, dont 14 de moins de 28 semaines, 18 situés entre 28 et 30 semaines et 8 seulement au-delà de 30 semaines.14(*) Au Mali à l'hôpital national du Point « G » en 1994, Garba T après une étude sur la prématurité a trouvé 5% comme fréquence et Diawara M en 1999 à l'hôpital Gabriel Touré a eu une fréquence de 22,2%. Au Mali, le taux de mortalité périnatale reste comme dans les autres pays en voie de développement toujours élevé. Le rapport de l'enquête EDS-M faisait mention d'un taux de mortalité néonatale de 60,4%o en 1993 et en 2001 le taux de mortalité périnatale était de 49,1%o.15(*) La RDC compte parmi les dix pays au monde qui présentent un taux élevé de naissance prématurée avec 16,7% sur le plan national en moyenne, inégalement répartie sur l'étendue de la nation : 5% à Kinshasa, au Maniema 3%, au Sud Kivu 3%, au Nord Kivu 5,7%.16(*) Dans la Zone de Santé de KARISIMBI, l'accouchement prématuré demeure encore une préoccupation constante. Sur 17649 accouchements réalisésdans cette Zone de Santé en période du 01 Juillet 2021 au 30 Juin 2022, 189 étaient nés prématurément et 80soit 42% sontdécédés avant 42 jours de vie.17(*) Au niveau de l'HGR VIRUNGA sur 2987 accouchements réalisés on a enregistré 100 casd'accouchementsprématurés qui représentent 3% de cas pendant la période du 1e Juillet 2021 au 30 Juin 2022.18(*) * 8Lynda MIAFFO SOKENG, Facteurs de risque et pronostic des cas de faibles poids de naissance colliges à l'hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé (Cameroun), Diplôme de docteur en médecine 2008 * 9OMS, Rapport des efforts mondiaux portant sur les naissances prématurées mars 2012 cfr www.oms.com * 10 Idem * 11 OFS-Statistique du mouvement naturel de la population (BEVNAT) * 12 O.M.S, la mortalité périnatale au Pakistan * 13 O.M.S, idem * 14Nicole MVONDO,Facteurs de risque et devenir hospitalier des nouveaux- nés prématurés à l'hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé au Cameroun - Thèse du doctorat en médecine 2011, * 15Montue S.CEtude sur la mortalité périnatale au centre de santé de référence de lacommune II.Thèse Med, Bamako, 1997. * 16 AKILIMALI Pierre, département d'épidémiologie et bio statistique école de Santé Publique faculté de Médecine UNIKIN, mortalité périnatale en KINSHASA * 17 Rapport SINIS BCZS KARISIMBI, 2022 * 18 Rapport annuel HGR-Virunga 2021-2022 |
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