CONCLUSION GENERALE
L'intégration régionale en Afrique centrale en
générale et celle de l'espace cemac en particulier, est
caractérisée depuis longtemps par la prédominance du
paradigme interétatique. En ce sens que, ce sont les Etats, du mois le
politique qui initie en instance communautaire et les populations quant
à elles se chargeaient juste d'appliquer. Ainsi, seuls les aspects
politiques et économiques étaient mis en avant comme leviers ou
canaux par lesquels l'intégration pouvait véritablement se
construire. Cette faible reconnaissance de l'importance et même de la
consistance du socioculturel dans la construction de l'intégration
régionale nous ainsi conduit à aborder dans cette étude le
paradigme de l'intégration par le bas. Ainsi, la thématique
portant sur « les dynamiques socioculturelles dans la construction de
l'intégration en Afrique centrale : le cas de l'espace
cemac » a constitué la matrice analytique de notre travail.
Pour élucider cette problématique de
l'intégration par le bas, c'est-à-dire par l'entremise
socioculturelle nous sommes partie de deux hypothèses : la
première qui consistait à aalyser la perspective de la
dévalorisation des dynamiques socioculturelles dans la construction de
l'intégration régionale en mettant en évidence aussi bien
les configurations politico-ethniques et juridico-politiques que les
configurations politico-stratégiques et économico-politiques,
ceci en lien avec une optique institutionnelle et gouvernementale de
l'intégration. La seconde hypothèse qui consistait à
examiner les perspectives de revalorisation des dynamiques socioculturelles
dans la construction de l'intégration régionale ceci en mettant
en exergue les formations politico-ethniques et juridico-politiques que les
formations politico-stratégiques et économico-politiques en
rapport avec une optique relationnelle et sociétale de
l'intégration. Ces deux hypothèses ont témoigné de
leur véracité dans le sens ou les dynamiques socioculturelles
comme levier pour l'intégration régionale subissent un double
mouvement qui est d'une part dévalorisant et d'autre part
revalorisant.
L'analyse de ces dynamiques sous l'angle dévalorisant
ou de sa dévalorisation s'est effectuée sur la base d'un cadre
théorique et méthodologique. Nous avons ainsi opté pour le
choix de la théorie de la configuration et des réseaux
d'interdépendance de Norbert Elias comme cadre théorique parce
que très illustratif pour mettre en évidence les
différentes configurations et les liens qui lient la
société et l'individu tel que perçu par Norbert Elias dans
« société des individus ».le
néo-institutionnalisme nous a dans cette logique servi de méthode
d'analyse. C'est ce cadrage épistémique qui a donc conduit
l'orientation de cette première partie. Dans ce sens, nous avons mis en
évidence sur le plan politico-ethnique l'influence négative
qu'ont joué le tracé des frontières et l'incidence que
cela a sur l'intégration en ce sens que celle-ci ont favorisé la
déstructuration et même l'éclosion de certaines familles
prise au pièges par le tracé imposé de ces
frontières. Tant disque sur le plan juridico-politique nous avons
souligné, l'absence des normes répressives au niveau
communautaire qui permettent aux Etats membres de véritablement
s'arriver au principe de la libre circulation. Cet état de chose qui
sponsorise donc l'adoption par ses Etats des mécanismes souverainistes
et protectionnistes. Ensuit sur le plan politico-stratégique, nous avons
souligné le climat de suspicion, les querelles de leadership au sein de
la communauté qui affecté la pratique de l'intégration
régionale par les populations. Enfin sur le plan
économico-politique, nous avons mis en évidence le poids ou
l'impact négatif des trafics crapuleux et mafieux sur
l'intégration régional en ce sens que ceux-ci affectent non
seulement les relations que les populations frontalières des espaces
concernés mais crée également un climat de crainte.
L'analyse des dynamiques socioculturelles sous le prisme de sa
revalorisation s'est également faite sur la base d'un cadre
théorique et méthodologique. Nous avons ainsi opté pour le
choix du transnationalisme et de l'interdépendance complexe comme cadre
théorique. Ce choix s'est avéré judicieux dans la mesure
où la variable culturelle élément qui lie les populations
fang des trois espaces Cameroun-Gabon-Guinée équatoriale sert de
catalyseur et même d'élément favorisant
l'intégration régionale dans le sens ou à travers ce
dénominateur commun qu'ils ont , les peuples fang réussissent
à se jouer des frontières établies et par
conséquent influence à leur manière la dynamique
d'intégration. Le néo-institutionnalisme nous a également
permis dans ce sens comme méthode d'analyse. Ce cadrage
épistémique nous a donc permis en second ressort ou mieux en
seconde partie de montrer comment les dynamiques socioculturelles sont
revalorisées en servant de leviers pour l'intégration
régionale en générale et celui de la zone de l'espace
cemac en particulier. Dans ce sens, nous avons présenté sur le
plan politico-ethnique le rôle que la culture à travers la langue,
les cérémonies traditionnelles ou évènement
culturel jouent dans la construction de l'intégration régionale
de la zone des trois frontières, Cameroun-Gabon-Guinée
équatoriale. Sur le plan politico-juridique nous avons mis l'accent
à deux niveaux, d'abord au niveau communautaire ceci en
présentant le traité de l'acte constitutif de la cemac comme
support de revalorisation des dynamiques socioculturelles dans le processus
d'intégration. Ensuit au niveau des Etats nous nous sommes
spécifiquement attardés sur les accords signés et portant
exclusivement sur la culture et l'éducation. Au niveau
politico-stratégique nous avons mis en évidence dans la
localité de kyé-ossi les acteurs qui influencent positivement la
dynamique d'intégration régionale, leurs rationalités et
les stratégies dont ils font usage. Enfin sur le plan
économico-politique, les échanges commerciaux entre les trois
espaces frontaliers ont été mobilisés comme truchement de
revalorisation. Au terme de ces cette présentation hypothétique
nous pouvons affirmer que ces hypothèses se confirmes dans le sens ou
mettant suffisamment en exergue le double mouvement, mieux encore la double
influence que subissent ces dynamiques socioculturelles dans le processus de
construction de l'intégration régionale en ce sens que celles si
sont freinées par des logiques dévalorisantes d'une part mais
cependant tendent à s'affirmer à travers des logiques de
revalorisations.
Au demeurant il est donc clair que les dynamiques
socioculturelles constituent des leviers essentiels et même vitaux pour
la construction de l'intégration régionale en
générale et celui de l'espace cemac en particulier. Cela dit,
bien qu'influencée par des logiques parfois égocentriques ou
égoïstes des politiques ceci à travers leurs comportements
vis-à-vis des ressortissants des pays frères ou même la
xénophobie dont font preuves certaines populations des pays membres de
la communauté, on note tout de même que les dynamiques
socioculturelles sont cruciales pour la consolidation du lien entre les pays et
les peuples de l'espace cemac.
Cette analyse sur les dynamiques socioculturelles dans la
construction de l'intégration régionale de l'espace cemac nous a
permis d'effectuer un dépassement analytique de la conception
stato-centrée ou classique que l'on a de l'intégration qui est
régulièrement pensée sous l'angle économique et
politique c'est-à-dire par le haut, reléguant ainsi l'aspect
socioculturel en dernier ressort. Ainsi, en inscrivant les dynamiques
socioculturelles comme essentiel dans la consolidation des liens culturels que
partagent les pays de l'espace cemac favoriserait une nette progression de
l'intégration. Il est donc important pour la communauté (cemac)
de désormais inscrire la culture au centre de ses stratégies
question de viabiliser l'intégration ceci en commençant par
créer un département chargé des questions de cultures qui
aura pour principal mission la vulgarisation de
l'homogénéité culturelle de cet espace. Ceci à
travers des salons et tables rondes. Il ne sera donc plus seulement question de
parrainer des initiatives mais également les penser soit même et
ensuit les implémenter. Il sera également nécessaire que
ce département soit équipé d'un personnel qualifié,
ayant la capacité de montrer des projets sérieux et
révolutionnaires dans l'optique que les membres de la haute instance
dirigeante donnent leur approbation.
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