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Dynamiques socioculturelles dans la construction de l'intégration régionale en Afrique Centrale CEMAC


par Yvan Nathanaël NOUBISSI
Université Yaoundé 2 Soa - Master 2 en science politique 2019
  

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PARAGRAPHE2 : LES DIMENSIONS DISCURSIVES ET INSTITUTIONNELLES DEVALORISANT LES DYNAMIQUES SOCIOCULTURELLES DANS LA CONSTRUCTION DE L'INTEGRATION DE L'ESPACE CEMAC.

Par là nous voulons dire que les dynamiques socioculturelles sont freinées dans la construction de l'intégration régionale par le poids des discours xénophobes (A) et par l'intérêt mineur porté à la culture au niveau de la communauté (B).

A- LE POIDS DES DISCOURS XENOPHOBES DANS LA DEVALORISATION DES DYNAMIQUES SOCIOCULTURELLES

Par là nous voulons dire que, dans la déconstruction des dynamiques socioculturelles en zone CEMAC, les discours xénophobes jouent un grand rôle. En effet ces discours peuvent être de plusieurs ordres, soit formel (1) entendu comme ceux qui sont prononcés par des officiels tel que les chefs d'Etats. Ils peuvent également être informel (2), entendu comme ceux qui sont prononcés les populations ou par les médias. Les étrangers en général et les camerounais en particuliers sont le plus souvent victimes des discours xénophobes sur les sols Gabonais et Equato guinéens.

1- La contribution des discours formels dans la dévalorisation

Pour ce qui est du discours officiel on se rappel de celui tenu le 17 juillet 2000 par le président Equato Guinéen théodorObiangNguemaMbazoguo lors d'une fête de son parti politique qui disait en ces mots « faites attentions aux étrangers et surtout aux camerounais, car ces derniers ont eu l'argent du pétrole avant, et leur gisement du pétrole déjà épuisés, ils cherchent à nous envahir »118(*). Il tenu encore ce type de propos lors d'une interview ou il dit ceci : «le Cameroun est un grand pays auquel nous devons faire attention. Je ne parle pas du gouvernement de Yaoundé, mais des camerounais en tant que tels : ils sont très nombreux, ils émigrent partout en Afrique centrale, en Centrafrique, au Congo, au Gabon, chez nous. Beaucoup sont sans papiers et nous devons être vigilants119(*).. » Les étrangers en général et les camerounais très spécifiquement sont perçu comme une menace pour la population Equato guinéenne. Ainsi, cette situation favorise une certaine psychose qui est créé dans le subconscients des populations et qui les amène à se comporter très hostilement vis-à-vis des étrangers. Ce langage xénophobe fut également tenu par l'ex-président de la république du Gabon Omar BongoOdimba lorsque celui-ci accédait à la magistrature suprême après le décès de son prédécesseur Léon Mba120(*) en 1967. En effet son prédécesseur était reproché d'entretenir des liens, relations et peut être même d'être parenté aux Camerounais, parce que appartenant à l'ethnie fang géographiquement présente à la fois dans le nord du Gabon plus précisément dans la province du Woleu-Ntem, dans le sud du Cameroun et aussi dans la partie équatoriale de la Guinée. En ce sens que sous son règne, la présence des camerounais était significative et surtout très consistance sur le sol gabonais. En effet, ceux-ci avaient une marge de manoeuvre qui leur permettait de se mouvoir comme ils le souhaitaient dans le sens ou, ils avaient de l'influence dans les domaines du commerce des vivres, dans la restauration et occupaient également certaines fonctions très honorables au sein de la société gabonaise. Cette situation qui a créé un sentiment de frustration chez les populations gabonaises et cela a développé de l'hostilité diffuse vis-à-vis des Camerounais très spécifiquement. Ainsi Omar Bongo Odimba s'inspira de cette réalité lors de son accession au pouvoir pour donner comme slogan : « le Gabon au gabonais d'abord ! » ce qui par la suite va de manière implicite amener les Gabonais à développer un sentiment de supériorité en devenant très hostile vis-à-vis des étrangers.

2- La contribution des discours informels

L'informalité vient du fait de la non officialité ou même de la non officialisation de ces propos. En effet le plus souvent ce sont les médias, c'est-à-dire les chaines de radios, de télévisions et même la presse qui sont instrumentalisées dans l'optique de véhiculer un message qui dans la plus part du temps n'est pas vérifié. Ainsi le pouvoir en place se rassure de s'appuyer sur ces leviers dans l'optique de créer la crainte vis-à-vis des étrangers et amener les populations à comprendre les difficultés face aux quelles elles sont confrontées en utilisant les étrangers pour responsable. Cela s'est très bien illustré dans le media Gabonais « le quotidien union » publie « les nigérians et les ghanéens(...) ont introduit le grand banditisme(...) les camerounais le vol à tire, les béninois et togolais, le trafic et l'exploitation d'enfants, les sénégalais et maliens le charlatanisme maraboutique »

A l'analyse de ces discours tout laisse entrevoir une réalité tout autre. En effet il s'agit par les autorités de construire une image de l'étranger. Celui est alors perçu comme un ennemi qui est mandaté dans l'optique de nous détruire. Ainsi, les discours proférés par le président de la guinée Equatoriale peuvent être compris comme un moyen pour lui de maintenir une influence sur ses populations tout en les mettent sur leur garde. Ainsi la personne de l'étranger est alors construite comme ennemi121(*) de l'intérêt national aux yeux des populations. Cela se confirme également lorsqu'on se rend compte de «  le quotidien l'union »est un média pro gouvernement gabonais, il est évident que qu'il est mobilisé comme levier pour passer un message du gouvernement à sa population du danger qu'elle court de par la présence des étrangers en général et des camerounais en particulier.

Ainsi, ces discours qu'ils soient officiel ou non ont un caractère dévalorisant dans la mesure où ils dénaturent la personne de l'étranger. Ils ne favorisent véritablement pas un mélange et une conjugaison de plusieurs cultures dans l'optique de créer une intégration régionale. En effet, le fait de toujours maintenir les populations sur leur garde au travers de ces discours xénophobes constituent une limite au brassage de peuples et même des cultures.

B- L'INTERET MINEUR POUR LA CULTURE AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE DANS LE PROCESSUS D'INTEGRATION

Par là nous voulons dire que la communauté accorde moins d'intérêt ou alors marginalise l'aspect culturel dans la construction de l'intégration de l'espace CEMAC. En effet cela se matérialise par la sous-estimation des projets d'ordre socioculturel(1) et l'absence de financement de projets à caractère culturel(2).

1- La sous-estimation des projets d'ordre socioculturel au niveau communautaire

Le constat vient tout d'abord du fait qu'à la base, la CEMAC est une communauté économique et cela dit bien qu'elle vise l'intégration de l'espace Afrique central , elle priorise tout d'abord l'aspect économique au détriment du culturel dans la construction de l'intégration régionale de cet espace. Cela dit, bien qu'elle parraine des évènements comme la foire transfrontalière de kyéossi, elle n'est pas porteuse de projets initiés et portés comme figure de proue pour l'intégration par exemple par les peuples. Pour revenir sur le cas de la foire transfrontalière, pour l'édition 2016 la cemac n'a pas pu affecter les fonds comme a eu l'habitude de le faire en tant que parrain de l'évènement121(*). La raison étant la priorisation des projets structurant comme par exemple la construction d'un pont pouvant relier Bata à la ville de Douala. Ainsi, cette marginalisation de projets culturels favorise de ce fait la stagnation que connait l'intégration régionale au sein de la communauté. En ce sens que les éléments anthropologiques et même ethnologiques qui lient les pays de cet espace sont moins pris en considération bien que déterminant pour son effectivité et sa réussite. Cela dit, la marginalisation ou même la sous-estimation des projets à caractère culturel par l'institution communautaire témoigne sa part de responsabilité dans la lenteur ou même la difficile avancée que connais l'intégration sous-région dans cette zone.Cette réalité se justifie encore par l'absence de financement de projets à caractère culturel.

2- L'absence de financements et le manque de pertinence de projets socioculturels au niveau communautaire

Le plus souvent les projets initiés au niveau communautaire nécessitent l'adhésion des partenaires financiers qui décident d'investir des fonds. Ainsi l'investissement est souvent fonction de la pertinence du projet en question122(*). Il arrive souvent des cas ou les partenaires sont présents mais la communauté manque de projets pertinent pouvant amener les potentiels partenaires financiers à investir de leur argent. Ce manque de pertinence dont font parfois preuves les projets initiés peuvent se justifier à niveau. D'abord par le manque d'intérêt et ensuit par le manque d'expertise en la matière. Il n'existe pas un département spécifiquement chargé des questions culturelles au niveau communautaire mais plutôt un département chargé des questions de genre et de gouvernances. Alors que la culture est un levier qui peut être mobilisé dans la construction solide de l'intégration régionale de la communauté parce que l'espace cemac en Afrique centrale est présenté comme un espace socioculturel identique comme le souligne Denis Bienvenu Nizette en ces termes : « les études paléontologiques, historiques, géographiques, linguistiques disponibles concourent pour présenter l'Afrique centrale encore appelée monde Bantou- comme un grand ensemble territorial soudé par l'histoire et la géographie. De ce fait, l'apparente hétérogénéité des paysages naturels et culturels de cet espace masque en réalité une réelle unité fondée sur des grands traits communs, dont le climat, la faune, la flore, les sols, les industries lithiques, la famille linguistique, le langage ou les arts du feu constituent des éléments visibles123(*) ». L'absence d'un département spécifiquement chargé de la culture constitue de ce fait à la dévalorisation des dynamiques socioculturelles au plan institutionnel. En effet la communauté à plutôt en son sein le département chargé de la gouvernance et des questions de genres qui le plus souvent se prononce sur les questions de cultures. Ainsi le manque d'expert en la matière est également une raison qui explique cet état de chose. Pour dire que, le fait qu'il n'existe pas de personnes chargées spécifiquement des questions de cultures ayant de la compétence favorise cette non pertinence dont font preuve les projets qui sont pensés et même initiés au niveau communautaire. Cela s'est confirmé pendant nos enquêtes de terrain, du moins dans la collecte d'information auprès de l'institution communautaire qui nous a orientées vers le département de développement, gouvernance et des questions genres. La personne chargée de nous recevoir nous a fait marcher pendant plus de 30 jours pour par la suite décliner totalement notre offre bien que venant sous la recommandation de son supérieur hiérarchique, qui nous releva lors d'un entretien ceci : « je lui ai fait parvenir votre mail depuis plus de trois semaines ! je ne sais pas pourquoi elle ne réagit pas depuis !pourtant elle est ici à Yaoundé pour l'instant ! Certainement elle n'est pas très apte à répondre à vos questions ! 124(*)» . Cette situation témoigne du manque d'expertise dont font preuve ceux qui sont sensé initier et même penser des projets sur des questions culturelles au sein de l'instance communautaire. Ce qui témoigne une fois de plus l'intérêt qui est accordé aux questions culturelles ou même aux rôles que jouent les similarités et dans certains cas l'homogénéité culturelle dans la consolidation de l'intégration sous régionale de cet espace. Ainsi, le fait de l'absence d'un département chargé spécifiquement des questions socioculturelles contribue dans ce sens la dévalorisation des dynamiques socioculturelles et par ricochet impacte négativement le processus d'intégration sous régionale.

Pour ce qui est du financement de projet au niveau de la communauté, rappelons que la cemac est financée principalement par des contributions des Etats membres versées par le biais du mécanisme de financement autonome basé sur le TCI/P et alternativement par les autres modes de contribution prévues à l'article 29 de l'additif125(*). A côté des contributions des Etats membres, la cemac peut aussi se financer par des concours financiers versés par tout Etats tiers et toute organisation nationale ou internationale, ainsi que tout don et par des revenus de certaines prestations des organes de la communauté126(*). Le fait que la communauté dépende des cotisations des Etats et des dons crée de ce fait une focalisation sur des projets structurants et par conséquent la plus part des projets qui suscitent l'attrait des membres sont alors ceux taxés de projets structurants au détriment de ceux ayant une visé culturelle127(*). Cette priorisation des projets structurants à savoir la construction des routes ou des ponts témoigne dans une certaine mesure l'intérêt minime accordé à la culture comme canal pouvant faciliter l'intégration sous régionale des peuples de cet espace géographique. Ainsi en matière de fonds, l'institution se contente d'accompagner, parrainer des initiatives allant dans le sens la culture pour être plus explicite des mouvements et des évènements à caractère socioculturel. C'est ce qui s'est bien évidemment confirmé lors de notre entretien avec un des responsables de la représentation de l'institution qui nous dit ceci : «  Monsieur pour être honnête envers vous, j'aimerai vous avouer que la communauté a tout d'abord un objectif économique, cela dit les initiatives à caractères culturelles ne sont pas très pris en compte. C'est pour cette raison qu'elle se limite à accompagner et même à parrainer ! les fonds alloués à l'institution sont le plus souvent centrés sur des questions socioéconomiques et économico-politiques au Cameroun 128(*)» Ce qui par conséquent ne permet pas aux dynamiques socioculturelles de servir de truchement pour la création d'un espace intégré au sein de la communauté Cela témoigne également de la marginalisation et la minimisation de l'aspect socioculturel au niveau communautaire.

* 118 Yves alexendrechouala, « la crise diplomatique de mars 2004 entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale », polis revue camerounaise de science politique, vol 12,numéro spécial 2004-2005

* 119 Interview du président ObiangNguema dans le journal, Action, du 11 aout 2004

* 120 Léon Mba est né le 9 février 1902 à Libreville dans une famille aisée de l'ethnie Fang. Étudiant au séminaire de la ville en 1909, il entre dans l'administration coloniale l'année suivante. Militant de la cause de l'« homme noir », les autorités lui reprochent sa polygamie, sa sévérité, sa partialité en faveur de son ethnie et son goût pour l'argent mais il devient néanmoins le « chef supérieur de l'estuaire ».
Léon Mba fréquente les communistes et est un adepte de la secte Bwiti. Par la suite, il est accusé de meurtre et est contraint de s'exiler en Oubangui-Chari. En 1942, le politicien est amnistié et rentre au Gabon en 1946. Dès son retour, il fonde un « Comité mixte gabonais ». En 1951, il rompt par opportunisme avec le communisme et s'allie avec les colons français. L'activiste est alors nommé vice-président du Conseil du gouvernement en 1957.
Président du Conseil l'année suivante, il est favorable à la départementalisation du Gabon mais le pays devient indépendant en 1960. Candidat unique, le politicien est élu président, titre qu'il cumule avec celui de chef du gouvernement et de ministre des Affaires étrangères. Un coup d'État le renverse le 17 février 1964. Les troupes françaises de Brazzaville et de Dakar se rendent alors à Libreville et le rétablissent. En 1965, il est alors malade et la France cherche à le remplacer par Omar Bongo. Léon Mba est hospitalisé à Paris en août 1966 mais est néanmoins réélu en mars 1967 avec une écrasante majorité. Il meurt d'un cancer le 28 novembre 1967. Source : www.bourse-des-voyages.com/gabon/guide-culture-politique-leon-mba.php. Consulté le 11/03/2019 à 12h

* 121 Entretient avec Mr mountapmbeme joseph louis, chef du de cabinet du commissaire DERS commission cemac, le 18/09/2018 ; 1heure30 à Yaoundé

* 122Entretient avec Mr mountapmbeme joseph louis, chef du de cabinet du commissaire DERS commission cemac, le 18/09/2018 ; 1heure30 à Yaoundé

* 123Nizesette. Bienvenu.D ,op.cit, p.31

* 124 Entretien avec Mr mountapmbeme joseph louis, chef du de cabinet du commissaire DERS commission cemac, le 18/09/2018 ; 1heure30 à Yaoundé

* 125 Marcel Williams Tsopbeing, les mécanismes de gestion budgétaire de la cemac, université de Dschang, mémoire, 2004,p.

* 126 Marcel Williams Tsopbeing,op.cit

* 127 Entretient avec Mr twicky responsable à la représentioncemac au Cameroun le24/09/2018 ; 1heure

* 128 Entretien avec Mr twicky

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand